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    Viggo Mortensen revient derrière la caméra : pourquoi faut-il voir le western Jusqu'au bout du monde au cinéma ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Trois ans après "Falling", Viggo Mortensen repasse derrière la caméra. Au drame familial succède le western "Jusqu'au bout du monde", porté par Vicky Krieps et dédié à sa mère, à voir à partir du 1er mai au cinéma.

    Ça parle de quoi ?

    L’Ouest américain, dans les années 1860. Après avoir fait la rencontre de Holger Olsen, immigré d’origine danoise, Vivienne Le Coudy, jeune femme résolument indépendante, accepte de le suivre dans le Nevada, pour vivre avec lui. Mais lorsque la guerre de Sécession éclate, Olsen décide de s’engager et Vivienne se retrouve seule. Elle doit désormais affronter Rudolph Schiller, le maire corrompu de la ville, et Alfred Jeffries, important propriétaire terrien.

    Il lui faut surtout résister aux avances plus qu’insistantes de Weston, le fils brutal et imprévisible d’Alfred. Quand Olsen rentre du front, Vivienne et lui ne sont plus les mêmes. Ils doivent réapprendre à se connaître pour s’accepter tels qu’ils sont devenus…

    Jusqu'au bout du monde
    Jusqu'au bout du monde
    Sortie : 1 mai 2024 | 2h 09min
    De Viggo Mortensen
    Avec Vicky Krieps, Viggo Mortensen, Solly McLeod
    Presse
    3,5
    Spectateurs
    3,7
    Séances (692)

    3 bonnes raisons de voir Jusqu'au bout du monde

    Si vous êtes un complétiste de l'oeuvre de Viggo Mortensen, vous avez peut-être déjà votre billet. Si vous comptez profiter de sa sortie un jour férié pour enchaîner le maximum de séances aussi. Sinon, voici d'autres arguments.

    1 - Viggo Mortensen réalisateur : deuxième !

    Acteur, photographe, peintre, poète... et donc réalisateur ! Viggo Mortensen a bien mérité d'être considéré comme l'un des artistes protéiformes les plus passionnants du moment, et il aime nous le rappeler. Trois ans après Falling, sa première réalisation, le revoici donc devant et derrière la caméra, avec Jusqu'au bout du monde (ou The Dead Don't Hurt en version originale). Après un drame familial sur fond de relation père-fils, étalé sur un demi-siècle, il remonte le temps, direction l'Ouest Américain des années 1860. Pour un western donc.

    S'il citait le réalisateur japonais Yasujiro Ozu comme principale source d'inspiration visuelle de son film sorti en mai 2021, on pense pas mal à John Ford et Howard Hawks, maîtres du western classique. Ou à Clint Eastwood, car Jusqu'au bout du monde fait parfois penser à une version plus humaniste d'Impitoyable. Avec une chronologie plus morcelée (on ne commence pas par la fin, mais presque), des élans poético-oniriques et un très beau premier rôle féminin.

    2 - Vicky Krieps lumineuse

    S'il tenait le rôle principal de Falling, face à un impressionnant Lance Henriksen, Viggo Mortensen est un peu plus en retrait ici. Car le personnage central n'est autre que celui de Vicky Krieps : Vivienne Le Coudy, jeune femme farouchement indépendante qui se retrouve seule lorsque l'homme qu'elle a accepté de suivre au Nevada, part sur le front lors de la Guerre de Sécession.

    Devant la caméra de l'ex-Aragorn du Seigneur des Anneaux, l'Ouest sauvage n'en devient pas moins brutal pour les femmes et cette absence aura de profondes répercussions sur les deux personnages principaux. Et l'on pense parfois à Serre-moi fort de Mathieu Amalric, autre histoire d'absence dans laquelle on ne voit que Vicky Krieps.

    Révélée par Phantom Thread de Paul Thomas Anderson, elle n'en finit plus d'impressionner avec une justesse de tous les instants, qu'il s'agisse de faire preuve de poigne face aux hommes qui veulent la brusquer, de douceur auprès de son mari et de résilience pendant que celui-ci est au front. Et le regard que Viggo Mortensen porte sur elle est d'autant plus doux qu'il est personnel.

    3 - Viggo Mortensen rend hommage à sa mère

    Jusqu'au bout du monde est dédié à une certaine Grace Gamble Atkinson. Qui n'est autre que la mère de Viggo Mortensen. Ce dernier comptait déjà lui rendre hommage dans Falling, dont l'idée lui était venue alors qu'il revenait de son enterrement, mais c'est finalement l'ombre de son père qui a repris le dessus, comme dans sa vie. L'acteur et réalisateur rectifie donc le tir avec ce western.

    "Tout ce que je fais en tant qu'artiste - qu'il s'agisse d'écrire, de jouer ou de peindre - part d'un besoin de communiquer, de partager mes expériences", nous dit Viggo Mortensen, au moment de son passage à Paris. "Pour n'importe quel spectateur, moi y compris, c'est parfois un effort que de me souvenir de ce qu'il se passe dans la vie, à un moment ou à un autre."

    "Entre Falling et Jusqu'au bout du monde, il y a une évolution de mes pensées, des sentiments envers les expériences de mon enfance. Mon point de vue sur mon père, sur ma mère. La première image que j'avais en tête quand j'ai commencé à écrire Falling, c'était aussi ma mère. Comme pour Jusqu'au bout du monde. J'imaginais sa vie, j'avais l'image de cette petite fille qui joue et rêve dans une forêt de chênes proche de celle qu'elle a connue étant enfant."

    Entre Falling et Jusqu'au bout du monde, il y a une évolution de mes pensées, des sentiments envers les expériences de mon enfance. Mon point de vue sur mon père, sur ma mère

    Est-ce pour ne pas risquer de tomber dans la biographie que Viggo Mortensen a choisi de faire de son film un western ? "Au début, je ne savais pas que ça allait en être un. Puis, peu à peu, j'ai placé cette fille et cette femme dans l'Ouest des États-Unis, au XIXè siècle, et ça l'est devenu. Comme beaucoup de garçons de ma génération, j'ai grandi avec le western, au cinéma et à la télévision. Il y en avait plus que pour les enfants d'aujourd'hui. Voir des westerns au cinéma n'est plus considéré comme normal de nos jours."

    "Et puis j'ai appris très jeune à monter à cheval. À la même époque que celle à laquelle je commençais à aller au cinéma avec ma mère. Donc j'ai toujours aimé le western classique, même si la plupart ne sont pas des bons films. Ils sont presque tous maladroits et naïfs, pas très originaux. Mais j'aime le genre. Mais je pensais que cela conviendrait à l'histoire d'une femme libre, indépendante et têtue. D'une femme qui repousse les frontières."

    Une femme dont vous pourrez découvrir la vie et les combats dans le beau film, très personnel, de Viggo Mortensen, au cinéma le 1er mai.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 10 avril 2024

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