Quiz Les Affranchis : 7 questions pour tester si vous êtes un caïd ou une balance
samedi 14 novembre 2009 - 05h00
Et si, de tous les procédés cinématographiques, la voix off était l'une des plus riches inventions qui soient ? Petit tour d'horizon au coeur du cinéma et de quelques exemples mémorables... - Dossier réalisé par Edouard Brane et Sébastien Cléro
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Quand l'un des personnages principaux entend nous décrire son point de vue par rapport à une expérience passée, sa voix surgit d'un instant déjà bien loin des événements racontés...
La biographie par une vision personnelle
Le film: Amadeus de Milos Forman - 1976
La voix-off : Salieri - F. Murray Abraham
En choisissant de nous faire entendre l'histoire de Salieri plutôt que de suivre le personnage principal (on pense à Little Big Man), Milos Forman et Peter Shaffer ont surtout souhaité garder le mystère qui plane autour du compositeur prodige. Tel un être hors du commun que tout le monde envie, la description de Mozart par la voix-off de Salieri s'adressant au prêtre permet de remettre les oeuvres du compositeur dans leur contexte tout en créant une fiction passionnante, et de faire planer le suspense.
Les femmes-enfants de Terrence Malick
Les films: La Balade sauvage et Les Moissons du ciel de Terrence Malick - 1973 / 1978
Les voix-off : Holly - Sissy Spacek / Linda - Linda Manz
Dans ces deux premiers long-métrages, ce sont des femmes-enfants qui nous entraînent dans l'univers contemplatif de Terrence Malick. Contrairement aux narrations habituelles, elles ne sont pas seulement là pour raconter leurs péripéties, mais pour porter un regard poétique, souvent réflexif, parfois même philosophique, sur ce qu'elles ont vécu. C'est le style Malick qui s'impose ici, et qu'on retrouvera bien sûr dans ses deux films suivants.
Le personnage-narrateur au pluriel
Le film : Virgin suicides de Sofia Coppola - 2000
La voix-off : Giovanni Ribisi
L'histoire est ici racontée par l'un des jeunes garçons amoureux des soeurs Libsons vingt ans après les faits qu'il relate. Ici, la narration n'est pas le point de vue d'un unique personnage mais d'un groupe de jeune collégiens des années 70. En choisissant la voix de l'acteur Giovanni Ribisi, Sofia Coppola a eu recours à une voix cassée, déchirée par les évènements et qui ne s'en est jamais vraiment remise. Son intonation et l'utilisation du pronom "nous" ("we") permet ainsi d'emplifier le sentiment de malaise, de nostalgie et de tristesse qui résident dans le film.
La nostalgie du narrateur
Le film : Les Fraises sauvages de Ingmar Bergman - 1957
La voix-off : Isak Borg - Victor Sjöstrom
Un homme rêve et raconte au spectateur les souvenirs les plus profonds de son enfance qui lui reviennent en mémoire. Par la narration, passant du présent au passé, le doute s'installe rapidement chez le spectateur qui cherche à connaître exactement quand se déroule l'histoire. Le narrateur est-il déjà mort ou, au contraire, exprime-t-il au spectateur ses dernières pensées ? Il en reste un film magnifique, ancré dans la nostalgie qui nous est dessinée par le son de la voix fatiguée, affaiblie, de ce vieux professeur.
Une histoire qui reste un mystère
Le film : Le Ruban blanc de Michael Haneke - 2009
La voix-off : L'instituteur - Christian Friedel
Dès l'ouverture, le narrateur nous informe qu'il a lui-même été témoin des événements qu'il s'apprête à raconter (on pense au film de Jean-Jacques Annaud Le Nom de la Rose), mais il insiste sur le fait qu'il s'agit seulement de souvenirs, parfois même de rumeurs... Il ne dira pas plus que ce qu'il sait, et jamais nous n'aurons accès à un autre point de vue que le sien. Autrement dit celui de l'instituteur, qui au moment de la narration a évidemment pris de la bouteille et a vécu la guerre. On mesure alors l'ampleur et le rôle crucial de ce témoignage en voix off par rapport à l'interprétation possible de cette histoire au coeur de l'"Histoire", celle avec un grand H ...
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