A l'heure où la 3D s'invite peu à peu dans toutes les salles de France (et bientôt dans les foyers), il est temps de faire un point sur les différentes technologies utilisées. Quel est l'impact sur les films ? Pourquoi paye-t-on un supplément pour une séance 3D ? Reportage dans plusieurs salles de France et sondage pour mieux connaître vos habitudes... Alors... niveau 3D : vous êtes plutôt "actif" ou "passif" ? Dossier et interviews réalisés par Thomas Jullienne
Le cinéma Publicis Cinémas, sur les Champs-Elysées à Paris, est équipé d’un système de projection 3D basé sur les lunettes actives de marque XPand. Rencontre avec son directeur, Lawrence Faudot.
Lawrence Faudot, directeur du Publiciscinémas.
Depuis quand le cinéma est équipé en Numérique ?
Au publiciscinémas, en 2005, nous avons voulu profiter de la sortie d’un film attendu, Star Wars : épisode III pour s’équiper de notre premier projecteur 2K (1) qui était le Barco DP100 (2). Nous utilisons à présent le Barco DP 3000 qui nous fait profiter d’un meilleur rendement en termes de luminosité.
Sous quelle forme les films vous parviennent-ils ?
Les films numériques sont des fichiers que nous recevons sur d’un disque dur externe que nous chargeons dans notre serveur Dorémi (3). Depuis peu nous sommes équipés d’un serveur Smartjog (4) qui nous permet de recevoir des contenus via le réseau internet.
Les films sont chargés sur les disques durs du cinéma.
Les films chargés dans les disques durs sont programmés dans l’ordre voulu : constitution de la "playlist" sur le serveur du cinéma, ici un modèle de marque Doremi.
A quel moment le choix de passer à la 3D a-t-il été fait ?
Le publiciscinémas a participé a beaucoup de tests avec les professionnels lors de l’arrivée de la technologie 3D en France, nous étions donc les premiers en nous lançant dans l’aventure avec le film de Tim Burton L' Etrange Noël de M. Jack 3D suivi du concert U2 3D.
Quel est le principe général de la 3D avec lunettes actives ?
La projection 3D est rendue possible grâce à l’emploi d’un boîtier en cabine de projection qui synchronise l’obturation des panneaux LCD insérés dans les verres des lunettes avec les images du projecteur : la séparation des informations destinées à l’œil gauche et l’œil droit se fait directement au niveau des lunettes. On masque ainsi successivement et à grande vitesse ce que voit chaque œil, et le cerveau reconstitue l’effet 3D ! Il est a noter que les lunettes de nos salles ne fonctionnent pas avec le système actif des téléviseurs 3D sur le marché.
Le projecteur a-t-il du être modifié ?
Non, nous n’avons eu qu’a relier un boitier électronique au projecteur, ce boitier est aussi relié à des émetteurs à infrarouge qui pilote en salle les lunettes actives.
Boitier de synchronisation infra rouge, entre les lunettes et le projecteur.
Pourquoi avoir choisi la technologie active ?
Tout d’abord parce que c’était la seule solution disponible en France. Depuis la société Real D (5) propose ses services d’installations en utilisant le système dit "Passif" (6) demandant donc aux exploitants d’échanger leurs écrans blanc par un écran métallisé, les lunettes quand à elles sont sans système de cristaux liquides, elles n’utilisent qu’un filtre polarisant sur des lunettes peu chères que le spectateur peut conserver ou jeter. Des tests sérieux ont été réalisés par la CST, l’inconvénient est que nous ne pouvons plus projeter un film en 2D sur un écran métallisé et qu’en termes de luminosité la puissance n’est pas assez bonne pour une projection cinémascope correcte en 3D.
Comment les lunettes sont-elles remises au spectateur ?
Après le passage en caisse, de main à la main, nous fournissons aussi une lingette antiseptique pour nettoyer la monture avant de chausser la paire.
Quel est le surcout sur le prix de l’entrée ?
Au publiciscinémas le surcout pour la location de la paire de lunette active est de 1 €.
Comment le justifiez-vous ?
Nous avons décidé au publiciscinémas de ne pas faire de bénéfice avec les lunettes, nous pratiquons à ce jour une majoration d’un euro pour la location de la paire de lunette au spectateur. Nous conserverons ce prix tant que nous trouverons l’équilibre entre l’achat de la paire (40€) et la casse ou le vol. Le bénéfice de la 3D se réalise par un nombre d’entrées supérieurs à la 2D pour le même titre.
Au niveau logistique, comment gérez-vous les lunettes ? Jugez-vous cela complexe ?
C’est un point délicat, c’est le seul problème majeur de la 3D en exploitation, nous devons nous organiser en terme de personnel pour la remise et la récupération des lunettes en salle. C’est pour cela que le choix de certains exploitants c’est fait sur la technologie dite passive, laissant le spectateur sortir de la salle avec sa paire de lunette.
Comment votre clientèle perçoit la 3D ? Positivement ?
En ce qui nous concerne, cela reste positif, mais nous veillons à changer notre lampe toutes les 500 heures (7) faute de quoi le rendu se dégrade rapidement.
La grande salle du Publiciscinémas
Comment voyez-vous la 3D dans 5 ans ?
Certains annoncent la fin de la 2D, je n’y crois pas une minute, même si la télévision aujourd’hui monte au créneau, je crois que cela va se calmer, et que les majors proposeront quelques gros titres en 3D, mais je pense sincèrement que la qualité d’un film, sa réalisation et son histoire ne dépendent pas d’un relief présent. Ne transformons pas nos salles d’exploitation cinématographique en parc d’attraction.
- Voir les horaires du Publiciscinémas.
- Voir le site officiel.
1 : 2K : pour « 2048 » soit le nombre de pixel en largeur que se doit d’avoir une image numérique pour respecter la norme « cinéma numérique » (2048*1080, soit plus de 2 millions de pixels). Certains exploitants vont plus loin et projettent certains films en « 4K », comme le Cinespace, à Beauvais.
2 : Fabricant de projecteurs vidéo professionnels et grand public haut de gamme. Site officiel.
3 : Un serveur pour projecteur numérique est un système permettant de stocker et gérer les contenus numériques reçus par le cinéma. Doremi est l’un des fabricants de serveurs. Site officiel.
4 : Les cinémas peuvent recevoir les films et autres contenus de façon dématérialisée, en utilisant le réseau internet. Parmi les acteurs de ce marché, Smartjog est la société leader. Site officiel.
5-6 : Voir la partie de ce dossier consacré aux lunettes passives.
7 : en projection classique en pellicule 35mm, la durée de vie d’une lampe est d’environ 1500 heures. La projection numérique en général, et 3D en particulier, demande plus de luminosité.
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