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    C'est l'une des plus fameuses répliques du cinéma, et elle a été inspirée par un vrai criminel
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Sous les traits du trader Gordon Gekko dans "Wall Street", Michael Douglas livrait une géniale composition oscarisée. L'une de ses répliques, très fameuse et même passée à la postérité, a été inspirée par un vrai criminel de Wall Street...

    Bud Fox est un petit financier mais il a de grandes ambitions. Guidé par son intuition, il découvre des informations confidentielles grâce au grand Gordon Gekko, roi de la spéculation, maître d’un gigantesque empire financier. Bud croit s’en être fait un ami, surtout quand Gekko décide de lui enseigner son art…

    Vingt-six ans avant Martin Scorsese et son Loup de Wall Street, Oliver Stone frappait déjà très fort en passant à la sulfateuse le coeur de la finance mondiale avec Wall Street. Un portrait implacable de ces Wonder Boys, requins financiers de l'ère Reagan, sans éthique ni morale, si ce n'est celle de l'argent, empêtrés avec les banques dans les scandales des Junks Bonds.

    Wall Street
    Wall Street
    Sortie : 10 février 1988 | 2h 02min
    De Oliver Stone
    Avec Michael Douglas, Martin Sheen, Charlie Sheen
    Spectateurs
    3,7
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    Epaulé par Martin Sheen et Daryl Hannah, Michael Douglas, absolument impérial et génial sous les traits de Gordon Gekko, livre ici un des meilleurs rôles de sa riche carrière, salué d'ailleurs à juste titre par l'Oscar du Meilleur acteur en 1988. Chacune de ses répliques est presque une punchline en puissance.

    Et parmi elles justement, une est largement passée à la postérité : "Greed is Good" - "La cupidité, c'est bien". Une version légèrement tronquée en réalité; la version entière étant "Greed, for a lack of better word, is good". Une réplique prononcée par Gekko face à une assemblée d'actionnaires. Symbole absolu de réussite agressive, qui s'est propagée bien au-delà des murs du monde de la Finance dans la culture populaire. Une réplique cousue main pour Douglas, que l'American Film Institute a même retenu dans son top 100 des plus grandes répliques de tous les temps.

    Twentieth Century Fox

    Non seulement le personnage de Gekko a incarné un véritable modèle pour les traders de l'époque, mais il se trouve que sa réplique provient de propos authentiques prononcés par un vrai criminel de Wall Street.

    "La cupidité est saine. Je veux que vous le sachiez"

    En décembre 1986, le -fameux- quotidien Chicago Tribune évoquait ces paroles prononcées par un trader du nom d'Ivan Boesky, qui fit un discours à la Business School de l'Université de Berkeley, en Californie. Le titre de l'article ? "A $100 Million Idea: Use Greed for Good".

    Ce même mois, Boesky avait fait la couverture du Time Magazine, qui mettait en lumière ses arnaques. "Faire des millions avec VOTRE argent" écrivait le magazine, surnommant Boesky "Ivan le terrible". Ce financier véreux fut condamné en 1986 à payer 100 millions $ de pénalités au gouvernement. Un an auparavant à peine, il était justement l'invité d'honneur de l'université de Berlekey...

    Son discours prononcé là-bas fut accueilli par des rires et des applaudissements, tout comme dans la fameuse scène de Gordon Gekko. Ses propos exacts furent "Greed is all right, by the way. I want you to know that. I think greed is healthy. You can be greedy and still feel good about yourself”. Soit : "La cupidité, c'est bien, d'ailleurs. Je veux que vous le sachiez. Je pense que la cupidité est saine. Vous pouvez être gourmand et vous sentir bien dans votre peau".

    Des considérations légèrement remaniées par Oliver Stone dans son film, sorti deux ans à peine après ce discours fracassant. C'est dire si le cinéaste, alors en pleine possession de ses moyens, a su capter l'air (vicié) de son temps. 36 ans après la sortie de son film, le constat semble hélas pire que jamais...

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