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    C'est la pépite cinéma de la semaine : Virginie Efira est une mère qui n'a plus "rien à perdre"
    Laetitia Ratane
    Laetitia Ratane
    -Responsable éditoriale des rubriques Télé, Infotainment et Streaming
    De Resnais à Ozon, en passant par Maïwenn, Serreau, Donzelli, Klapisch et Sautet, Laetitia se passionne pour le cinéma français lorsqu’il met en scène les choses de la vie, avec fantaisie et acuité. Ce qui arrive bien plus souvent qu’on ne le croit !

    Tout premier film d'une cinéaste très douée, Rien à perdre suit l'histoire d'une mère prête à tout pour récupérer son fils placé en foyer. Une claque qui bouleverse et enrage. A ne pas rater dans vos salles de cinéma.

    C'est à Cannes que nous l'avons rencontrée (voir notre interview vidéo-ci dessus), aux côtés de Félix Lefebvre, jeune acteur remarquable que s'arrache également le cinéma français. Virginie Efira, toujours aussi subtile, enjouée et investie, est de retour au cinéma dans un rôle qui, encore une fois, ne laissera personne indifférent.

    Celui d'une mère privée de son fils par les services sociaux suite à un malheureux accident domestique pendant lequel elle était absente, et qui se heurte aux procédures administratives et judiciaires. Un système qui, aussi parce qu'il manque de temps et de moyens, fait d'un cas particulier une généralité et se trompe parfois, de peur de passer à côté d'un drame.

    Rien à Perdre
    Rien à Perdre
    Sortie : 22 novembre 2023 | 1h 52min
    De Delphine Deloget
    Avec Virginie Efira, Félix Lefebvre, Arieh Worthalter
    Presse
    3,5
    Spectateurs
    3,8
    louer ou acheter

    Après avoir profondément enragé et libéré les spectateurs cannois qui lui ont offert la plus longue standing ovation du Festival en mai dernier, Rien à perdre débarque dans vos salles et il ne faut surtout pas le rater. Inquiétude puis colère contenue, sursauts de libération, irrépressibles réactions : ce film réveillera en vous un sentiment d'impuissance toute contemporaine mais aussi et surtout une furieuse empathie.

    A Cannes, Virginie Efira et Félix Lefebvre ont commenté pour nous les applaudissements du public lors de la projection du film :

    Maternité ni parfaite ni coupable

    Empathie pour cette héroïne trop vite mise dans une case, caricaturée, méprisée par un système rigide. Mère courage, débordée et borderline mais qui porte à ses enfants un amour sans limite justement, un amour indéniable qui sait ce qu'être "là" veut dire, même si les services sociaux ont la terrible preuve du contraire.

    "J'ai reçu ce scénario il y a très longtemps quand même", nous a confié ce jour-là Virginie Efira. "Il y a plus de quatre ans même, car parfois pour qu'un premier film puisse se faire, les chemins sont biscornus. Ce personnage n'était pas manichéen, il y avait un vrai sens de l'observation venu du travail précédent de la réalisatrice, issue du documentaire. Il n'y avait pas de "voilà où est le bien, le mal", comme on peut le voir chez certains personnages de mères, la culpabilité etc. Ce regard intime, politique et non manichéen me plaisait."

    Sous la direction de la très douée Delphine Deloget, dont Rien à perdre est en effet le premier film de fiction, la célèbre comédienne nous promène, nous embarque même une nouvelle fois, offrant une partition de femme complexe, pleine de nuances, de douceur et d'aspérité, qui participe à dépoussiérer la figure maternelle, déjà de plus en plus modernisée à l'écran. Mère ni parfaite, ni coupable, à la force et à la détermination contagieuses.

    2023 Curiosa Films

    Séparation naturelle ou illégitime

    Face à elle, ses deux fils incarnés par le jeune et fiévreux Alexis Tonetti et le plus posé et métamorphosé Félix Lefebvre, tout d'anxiété contenue :

    "J'ai été bouleversé par la sensibilité de ce rôle magnifique, son regard, sa façon d'interagir. Il est dans un besoin d'aider et ne pose jamais ses problèmes sur la table mais à l'intérieur de lui, ça travaille. C'est pour toutes ces raisons que j'ai voulu m'investir physiquement (l'acteur a pris 20 kg pour le rôle n.d.l.r) pour mieux l'interpréter", nous a confié ce dernier lors de notre rencontre.

    Qui élève qui?, se demande-t-on lorsque l'on observe le trajet maternel et filial de cet adolescent presque jeune adulte et sa mère qui, alors qu'elle ne lâche rien pour récupérer son plus jeune fils, doit en parallèle accepter de se séparer du plus grand. Quelle séparation est légitime ou ne l'est pas? Entendable, naturelle?

    "Il y a quelque chose d'un couple dans leur relation mère-fils, dans leur fonctionnement. Elle lui demande beaucoup de responsabilité. C'est une famille monoparentale, elle travaille la nuit, elle a besoin de lui et lui l'admire. La preuve d'amour n'est pas dans le fait de rester ensemble mais dans ce cas là de laisser l'autre être sans elle", répond Virginie Efira.

    Défaillances ou précautions d'un système

    Si face au combat de cette mère, vous éprouverez sans doute colère et impuissance, entendons-nous bien : le propos de Delphine Deloget n'est pas de juger, de critiquer un système malveillant mais juste d'en souligner les possibles défaillances :

    "Mon personnage se retrouve face à quelqu'un qui ne veut pas entendre. On lui dit il sera formidablement bien sans vous, il aura de la verdure. Se pose alors une question plus large : qu'est-ce que c'est qu'une bonne famille, un bon parent ? La maison n'est pas insalubre mais tout n'est pas nickel, les horaires ne sont pas respectés mais il y a de l'amour qui circule. Et eux lui disent que ce n'est pas suffisant....

    Ont-ils totalement tort? Alors oui l'amour c'est la règle de base mais s'il n'y a que cela et qu'on ne sait pas où sont les parents, ça peut être compliqué. C'est difficile donc à définir et il y a beaucoup d'injonctions et surtout dans ces périodes-ci", explique longuement Virginie Efira, fière de la finesse du propos du film.

    Et Félix Lefebvre de renchérir :

    "Rien à perdre est un film singulier dans son écriture et qui raconte une histoire authentique, ne cherche pas à raconter une réalité globale d'un système, d'une mère. On se reconnaît tous dans des moments où on ne s'en sort plus et ça transcende tout, en n'étant pas une leçon et une reprise de morale de quelque chose. Il n'y a pas de manichéisme ici".

    En effet, il n'y a ni de vrais méchants ni de vrais gentils dans cette première œuvre pépite, où chacun fait comme il peut et va jusqu'au bout, jusqu'à une fin extraordinaire que l'on vous laisse découvrir.

    Foncez, vous n'avez rien à perdre. Vous avez même tout à gagner.

    Découvrez le bouleversant Rien à perdre :

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