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    Testament : Denys Arcand de retour avec une comédie sur le choc des générations
    Laëtitia Forhan
    Laëtitia Forhan
    -Chef de rubrique cinéma
    Fan de cinéma fantastique, de thrillers, et d’animation, elle rejoint la rédaction d’AlloCiné en 2007. Elle navigue depuis entre écriture d'articles, rencontres passionnantes et couvertures de festivals.

    Le réalisateur canadien Denys Arcand revient avec son nouveau film "Testament", à voir au cinéma dès ce mercredi.

    Quatre ans après La Chute de l’Empire américain, le réalisateur canadien Denys Arcand, récompensé en 2004 par un Oscar et 3 César pour Les Invasions Barbares revient avec Testament. Ce dernier retrouve son acteur fétiche Rémy Girard, déjà au casting de Jesus de Montreal, Le Déclin de l'empire américain,  Les Invasions barbares et La Chute de l’Empire américain. Sophie Lorain, Marie-Mai et Guylaine Tremblay sont également au casting.

    Rémy Girard incarne ici Jean-Michel, un célibataire de 70 ans, ayant perdu tous ses repères dans cette société et semble n’avoir plus grand chose à attendre de la vie. Mais voici que dans la maison de retraite où il réside, Suzanne, la directrice, est prise à partie par de jeunes manifestants qui réclament la destruction d’une fresque offensante à leurs yeux. Alors qu’il observe avec ironie cette époque post pandémique où tout lui semble partir à la dérive, Jean-Michel reprend en main sa vie... et celle des autres.

    Testament
    Testament
    Sortie : 22 novembre 2023 | 1h 55min
    De Denys Arcand
    Avec Rémy Girard, Sophie Lorain, Marie-Mai
    Presse
    2,9
    Spectateurs
    3,9
    louer ou acheter

    Cette comédie sur le choc des générations est née dans l'esprit du réalisateur à la suite d'une visite dans un musée de New York. Sur une grande fresque murale se trouvait la rencontre d’Indiens de l’île de Manhattan avec un explorateur hollandais. Le metteur en scène explique dans le dossier de presse : "Elle ne gênait personne depuis des années. Un jour, un groupe a exigé sa destruction en prétextant que cette toile constituait une insulte aux autochtones, aux premiers arrivants. Les responsables du musée ont extrêmement bien réagi : ils ont placé une vitre devant l’immense tableau et, par quelques notes écrites, ont corrigé erreurs et imprécisions.

    On pouvait lire : « Il est impossible que cette réunion ait eu lieu en pareilles circonstances » et « Les Indiens que vous voyez ne sont pas exactement habillés comme ils le devraient ». Ça a satisfait tout le monde et cette vitrine – explicative, en quelque sorte - est encore là aujourd'hui. Cet événement a excité mon imagination. Pourquoi ne pas concevoir, me suis-je dit, dans la Chapelle Sixtine, de petites notes qui préciseraient : « Dieu le Père est ici représenté comme un homme blanc, vieux et probablement hétéro- sexuel, mais libre à vous d’imaginer, à sa place, une femme noire, jeune et enceinte » …

    Jour 2 fête

    Dans mon film, j’ai évidemment renoncé à reconstituer la Chapelle Sixtine et me suis contenté d’un « mural » dans une petite maison de retraite et d’une directrice submergée, face à un groupe de jeunes gens qui exigent d’elle qu’elle réécrive l’Histoire."

    Le Déclin de notre civilisation ?

    Comme pour ses précédents longs métrages, Denys Arcand s'attache ici à mettre en lumière les dérives de la société et la désintégration de notre civilisation. Il déclare : "Nous entrons maintenant dans un monde radicalement nouveau qui s’appellera la civilisation numérique, ou informatique, ou je ne sais quoi. L’arrivée de l’intelligence artificielle va maintenant pulvériser nos dernières certitudes. Le monde de demain n’aura à peu près rien en commun avec celui que nous avons connu. Un peu comme le Moyen Âge n’avait presque rien en commun avec les civilisations romaines et grecques."

    Pour autant, le cinéaste, âgé de 82 ans, ne se moque pas des manifestants du film qui  exigent du respect pour les « first nations ». Selon lui, ces derniers ont même raison. Il développe : "Leur combat est juste. Mais ce sont des « citoyens concernés », comme le fait observer, dans mon film, avec une légère ironie, une dame indienne qui, elle, fait partie des premières nations. Ils militent avec générosité et enthousiasme pour des causes qu’ils ne maîtrisent pas complètement, parfois. Oui, bien sûr, s’indigner contre une peinture est une noble cause, mais les descendants des premières nations ont, actuellement, des problèmes bien plus importants à résoudre qu’une peinture soi-disant offensante dans une maison de retraite ou dans un musée. La drogue, le logement, l’accès à l’eau potable, que sais-je ?"

    "J’admets que les combats menés un peu partout dans le monde sont justifiés. Mais, pour mieux se faire entendre, ceux qui les mènent adoptent, souvent, des postures extravagantes. Et c’est cette extravagance qui prête le flanc à la satire."

    Testament est à voir au cinéma dès ce mercredi.

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