Un documentaire animalier, politique et philosophique
Depuis sa minuscule cabane, accrochée à une falaise où il vit en ermite, Jean-Michel Bertrand observe la nature. Regard patient, jumelles et caméras déguisées, tous les moyens sont bons pour examiner, à distance, la plus fascinante des créatures sauvages : le loup.
Mais depuis quelques années, l’animal est revenu sur le territoire français et n’est pas le bienvenu. Les éleveurs, notamment, sont désemparés face à ses attaques meurtrières, qui ravagent leurs troupeaux. Alors, qui du loup ou de l’Homme est le plus légitime à se dire chez lui ?
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Au cœur du débat public, le retour du loup dans les montagnes françaises provoque autant d’émerveillement que de rage. D’un côté, les défenseurs de la cause animale se réjouissent de la réapparition de ce spécimen, qu’ils croyaient un temps disparu du territoire. De l’autre, les éleveurs pleurent la perte de leurs bêtes.
Agressions, menaces, traque et abattage du prédateur jugé dangereux… Autant de tensions cristallisées par ce sujet d’actualité, dont la solution paraît loin d’être évidente.
Le loup n’est pas présent uniquement dans les montagnes… Il est aussi en plaine et même en Bretagne !
Le regard humble, passionné et passionnant d’un homme-loup, d’un homme qui respecte les loups
La solution, Jean-Michel Bertrand ne prétend pas l’avoir, et là n’est pas l’enjeu de son nouveau documentaire, Vivre avec les loups, déjà en salle. Avec humilité et passion, il se place seulement en médiateur et observateur de la situation, dont il cherche à filmer les deux versants.
Après deux longs métrages dédiés à l’animal, La Vallée des loups et Marche avec les loups, le réalisateur est si proche de la bête qu’il semble lui-même à mi-chemin entre sa nature d’homme et le sujet qu’il filme.
Isolé en pleine nature, Jean-Michel Blanc Bertrand mène une existence simple et recluse, en parfaite osmose avec le riche écosystème qui l’entoure. “J’ai passé de longues périodes, seul, en pleine montagne à filmer les loups et la nature”, raconte-t-il.
L’occasion d’offrir au spectateur émerveillé quelques panoramas sublimes, mais aussi une proximité inégalée avec l’animal si fugace.
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Cueillette, recherche d’eau potable et observation de son principal sujet d’étude constituent donc son quotidien inspirant, construit sur un principe fondateur et moral de respect. Pas question, bien sûr, d’approcher le loup ou d’essayer de l’apprivoiser, seulement de comprendre son fonctionnement pour s’en faire l’avocat commis d’office.
Ce respect ressenti pour l’animal n’a pourtant comme seul égal que celui éprouvé par le cinéaste et narrateur pour les éleveurs dont les troupeaux sont, parfois, massacrés.
Avec toute l’humilité qui caractérise son mode opératoire, Jean-Michel Bertrand part donc, sans jugement aucun, à la rencontre de ces hommes et de ces femmes dont l’existence est mise à mal par celle du carnivore. Les témoignages, parfois durs et imagés, crient toute l’urgence de leur situation.
Plus que le loup, sa réinsertion en France ou son mode de vie, c’est donc la nécessité d’apprendre à cohabiter avec lui que Jean-Michel Bertrand cherche à capturer. Face au refus et à l’impossibilité d’éradiquer cette espèce protégée et essentielle à l’osmose de l’écosystème, l’Homme moderne se doit désormais de l’accepter dans son quotidien, d’apprendre à tolérer sa présence et à s’en maintenir à bonne distance.
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“Les loups sont d’excellents guides, explique le cinéaste, puisqu’ils sont un indicateur de la santé biologique des milieux naturels. Ils sont aussi un indicateur de nos capacités à nous, humains, d’accepter la nature.”
Après Marche avec les loups et La Vallée des loups, Vivre avec les loups de Jean-Michel Blanc est à découvrir dès maintenant au cinéma.
