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    Gillian Anderson voulait arrêter d'être actrice après ce film, alors que c'est un pur chef-d'oeuvre !
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    En 2001, Gillian Anderson était à l'affiche d'un extraordinaire film en costumes, "Chez les heureux du monde". L'échec fut si dévastateur et profondément injuste que la comédienne a songé à arrêter son métier d'actrice...

    Cela fait désormais plus de trente ans que Gillian Anderson promène sa silhouette sur petit comme grand écran. S'il y a bien un rôle ô combien mémorable, qui a largement contribué à mettre sa carrière sur orbite, c'est bien celui de l'agente du FBI Dana Scully dans la série culte X-Files.

    "J'ai eu l'occasion de jouer des personnages très emblématiques. C’est ce qui donne du sens au mot icône. Sans ces personnages, je n’aurais probablement pas cette étiquette" confiait l'intéressée au micro des journalistes en 2022, alors qu'elle était invitée à CANNESERIES.

    Ajoutant : "Avec Scully, il y a certainement eu des moments pendant les années 90 où j'avais l'impression d’avoir une responsabilité en tant que modèle d'inspiration pour les femmes et que c’était presque comme un fardeau parce que je ne pensais pas être à la hauteur de ce regard posé sur moi. Je devenais paranoïaque à l’idée d’être prise dans des moments de faiblesse par les paparazzi".

    Un échec dévastateur profondément injuste

    Entre deux saisons X-Files justement (la 8e et la 9e), Gillian Anderson a tourné Chez les heureux du monde; adaptation d'un fameux roman publié en 1905 écrit par la romancière Edith Wharton, à qui l'on doit aussi Le Temps de l'innocence qui sera adapté par Martin Scorsese.

    L'histoire ? Au début du XXe siècle, au sein de la haute société new-yorkaise où règnent superficialité et hypocrisie, Lily Bart, ravissante jeune femme au sommet de sa gloire mondaine, découvre subitement la précarité de sa position, quand son charme et sa beauté suscitent convoitise et jalousie. En quête d'un riche mari et désireuse de se conformer aux usages de son milieu, Lily passe à côté de l'amour véritable incarné par l'infortuné Lawrence Selden...

    Disons-le sans trembler : dans ce film réalisé par le regretté Terence Davies, dont l'élégance et le raffinement n'ont rien à envier au Temps de l'innocence de Scorsese, la comédienne y livre une performance absolument extraordinaire.

    Elle est épaulée par un exceptionnel casting, au milieu duquel se trouve un Dan Aykroyd comme vous ne l'avez jamais vu, un sensationnel Anthony LaPaglia, une merveilleuse Jodhi May, et un non moins formidable Eric Stoltz, qui incarne Lawrence Selden, l'amour contrarié de Lili Bart.

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    Sous les dorures et le luxe ostentatoire d'un petit monde aigre et corseté, le récit est vraiment celui d'une authentique mise à mort sociale, porteuse d'une charge émotive à fendre les pierres en deux.

    Mais le film a été un désastre financier absolu, et n'a rapporté qu'un peu plus de 5 millions de dollars au box office international. Lors de son premier week-end d'exploitation aux Etats-Unis, Chez les heureux du monde n'a récolté que 48770 $. Vous avez bien lu. C'est dire la violence de la gifle, qui a surtout eu la vigueur d'un uppercut. Les nombreuses citations du film pour divers prix n'ont absolument rien changé à ce désastre.

    "Un réveil brutal sur l’inconstance de cette industrie"

    En fait, l'échec du film fut si douloureusement ressenti par la comédienne qu'elle a songé à arrêter son métier d'actrice dans la foulée.

    "J'y ai repensé récemment, en allant aux Baftas et aux Golden Globes. Tous ces artistes qui ont tout mis dans l’œuvre : du sang, de la sueur, des larmes, de l’argent. Mettant leurs familles au second plan derrière cette vision singulière et puis… elle n’est pas nominée. J'aurais aimé qu'il y ait une récompense pour l'effort [sur ce film]" a-t-elle confié au Guardian.

    Anderson elle-même a été victime d'une critique assez cinglante à propos de sa performance dans le film; et même si l'on ne sait pas exactement à quelle critique elle fait référence, elle explique comment cela l'a presque poussée à arrêter sa carrière.

    "Une critique particulièrement épouvantable sur ma performance m'a presque fait arrêter de jouer. Le mélange de cela et de l’accueil fade a été pour moi une véritable révélation, un réveil brutal sur l’inconstance de l’industrie" commente-t-elle.

    A en juger par la faiblesse du nombre de notes spectateurs sur ce film bien trop méconnu (à peine 61 !), il reste encore un sacré travail pour évangéliser les spectateurs. Chez les heureux du monde n'a été édité qu'en DVD, il y a déjà fort longtemps, et n'est jamais sorti en Blu-ray chez nous. Si vous n'avez jamais vu cette pépite, vous savez ce qu'il vous reste à faire.

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