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    Rencontre à Cold Mountain...

    AlloCiné a rencontré Anthony Minghella, Jude Law et Philip Seymour Hoffman, de passage à Paris pour présenter leur "Retour à Cold Mountain", en salles ce 18 février. Rencontre...

    La presse française était réunie le 10 février dans un grand hôtel parisien pour accueillir Anthony Minghella, Philip Seymour Hoffman et Jude Law, venus présenter l'épopée Retour à Cold Mountain. Si le réalisateur et ses deux acteurs sont arrivés avec 45 minutes de retard, le train de Jude Law était seul en cause. Entre deux rires, la conférence de presse s'est surtout déroulée sous le signe de L'Odyssée. Morceaux choisis.

    La référence à "L'Odyssée" de Homère semble évidente. L'oeuvre vous a-t-elle réellement influencés ?

    Jude Law : L'odyssée que vit mon personnage nous rappelle le voyage que nous faisons tous : c'est pour cela que ce film est universel, même si effectivement la période historique est particulière. Mais lorsqu'on parle de pélerinage, de voyage, d'absolution, comme moi-même je l'ai fait pour mes propres doutes et mes propres tumultes intérieurs, je crois que ce que mon personnage vit, ressemble à ce que nous tous nous pouvons ressentir et vivre. Je ne sais pas si ma quête est aussi simple, aussi pure que celle d'Inman, parce que lui est en fait poussé par l'amour, un symbole de la vie elle-même. Je crois que comme tout un chacun, on a un voyage initiatique à faire, des épreuves à surmonter, et un chemin humain à parcourir.

    Anthony Minghella : Je pensais bien davantage à L'Odyssée qu'au roman Cold Mountain... Je pensais également aux textes médiévaux ou au Pilgrim's Progress. Les critiques aux Etats-Unis ont d'ailleurs été un peu perplexes devant ma façon d'aborder Cold Mountain : c'est à dire d'une façon beaucoup plus universelle, et non spécifique à 1861 ou 1865. Ce qui m'intéressait infiniment, c'étaient les notions de pèlerinage, d'obstacles à surmonter. Ainsi, Cold Mountain est une région spécifique où Inman revient, mais c'est aussi une notion spirituelle, c'est la région où il tend à aller. Avec Jude Law, Philip Seymour Hoffman, Nicole, Renée, nous parlions bien davantage de pélerinage ou d'expiation que des thèmes précis de la Guerre de Sécession.L'absolution est un thème qui m'intéresse fortement. Jude Law et Philip Seymour ont tourné avec moi Le Talentueux M. Ripley, qui parle également d'absolution, et de purgatoire. Avec Retour à Cold Mountain, j'ai voulu aller vers quelque chose de plus drôle, de moins claustrophobe, où je n'étais plus en train d'étudier les pires aspects de mon être, mais peut-être les meilleurs. En tous cas, c'est ainsi que j'ai vécu mon Odyssée personnelle. Quand on regarde la guerre, quand on examine ses effets, on veut montrer d'autres solutions plus humaines.

    La guerre que vous représentez ressemble plutôt à la Première Guerre mondiale : est-ce volontaire ?

    Anthony Minghella : J'avoue que lorsque j'ai pensé à la façon de filmer la séquence, j'avais moins la Guerre de Sécession en tête que la Première Guerre mondiale. Je pensais notamment à la bataille de la Somme : j'ai lu énormément de livres sur cette bataille, et j'ai été frappé par la description de soldats, qui sous le choc de l'explosion, ont leurs vêtements arrachés. C'est vraiment cette vision là que j'ai remis dans ma bataille. Ce n'était donc pas un film vu d'une perspective guerrière. Il ne s'agit pas ici d'une caméra objective, au contraire, je voulais utiliser une caméra subjective, une caméra viscérale en quelque sorte, où tout était vu et vécu du point de vue d'un homme ordinaire, pris dans des conflits dont il ignore les stratégies fondamentales et politiques. Je voulais faire un film qui soit la résonance de toutes ces guerres, où les hommes sont envoyés au combat, sans avoir une vue générale de celui-ci. Comme le dit le personnage d'Inman dans le film, ce sont des hommes que l'on envoie sous un drapeau et derrière un mensonge.

    Pourquoi avoir choisi Jack White, du groupe White Stripes, pour interpréter Georgia ?

    Anthony Minghella : Quand j'ai rencontré Jack, les White Stripes n'étaient pas connus. Elephant a évidemment changé tout cela. Je voulais un vrai musicien, car la musique est primordiale. De tous les jeunes musiciens que j'ai rencontrés, il était le plus respectueux de la musique américaine primitive. Ce qui est remarquable, c'est à quel point Jack est humble et se comporte comme un acteur, très à l'aise avec les caméras. Non seulement il est un musicien extraordinaire, mais il sait également se mettre en scène. Il est presque plus acteur que musicien. J'ai vraiment regretté de ne pas lui avoir écrit dix ou douze scènes de plus tellement il était génial.

    Avez-vous pensé à des films tels que "Sommersby" et "Autant en emporte le vent"?

    Philip Seymour Hoffman et Jude Law, en choeur : Je n'ai pas vu Autant en emporte le vent !

    Anthony Minghella : Le seul film qui m'a inspiré est L' Arbre aux sabots. Je l'ai d'ailleurs projeté à toute l'équipe durant le tournage. J'ai vu ce film sans doute une centaine de fois. C'est un film qui évoque la vie d'une communauté, la symbiose de cette communauté avec la nature. Lorsque j'ai croisé Ermanno Olmi, à Berlin, je lui ai avoué que j'avais essayé de faire un film moitié aussi bon que le sien.

    Y'a-t-il des points communs entre le sniper de "Stalingrad" et Inman dans "Retour à Cold Mountain" ?

    Jude Law : S'il y a un point commun, c'est le mensonge que l'on dit pour conduire les hommes à la guerre. Au départ, il y a le rêve et après la réalité, le carnage. Ces deux films parlent d'un voyage solitaire que tout homme doit faire pour se libérer. Mais pour être plus positif, dans tous les films qui parlent de guerre, comme ici, il y a toujours un amour qui fleurit. A travers la guerre, le coeur découvre le besoin d'amour.

    Propos recueillis par Peggy Zejgman

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