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    La distribution du nouveau Michael Moore bloquée aux USA

    La Walt Disney Company refuse que sa filiale Miramax distribue le nouveau film de Michael Moore, "Fahrenheit 911", centré sur le 11 septembre et les relations entre les familles Bush et ben Laden.

    Où l'on reparle de Michael Moore. Le cinéaste, auteur en 2002 du très remarqué Bowling for Columbine, voit la distribution de son nouveau film Fahrenheit 911 (en compétition au prochain Festival de Cannes) bloquée par la Walt Disney Company sur le sol américain : le studio aux grandes oreilles refuse ainsi que le long métrage, produit par sa filiale Miramax et centré sur le 11 septembre et les relations entre les familles Bush et Ben Laden, soit distribué outre-Atlantique par la société des frères Harvey et Bob Weinstein.

    Lettre ouverte de Michael Moore

    "Mes amis, (...) j'ai appris hier que Disney, le studio à qui appartient Miramax, a officiellement décidé d'empêcher notre producteur Miramax de distribuer mon nouveau film Fahrenheit 911", explique Michael Moore dans une lettre ouverte publiée sur son site officiel. "La raison ? Selon le New York Times, cela mettrait en danger les millions de dollars d'allègements fiscaux que Disney reçoit de l'état de Floride car le film pourrait 'déplaire' au Gouverneur de Floride Jeb Bush (frère du président Bush, NDRL). (...) Depuis presque un an, cette bataille aura constitué une leçon sur la difficulté qu'il y a dans ce pays à créer une oeuvre qui dérange ceux qui sont aux affaires. Tout ce que je peux dire, c'est que je remercie Harvey Weinstein et Miramax de m'avoir soutenu durant toute la production de ce film".

    "Michael Eisner m'a demandé de ne pas vendre ce film à Harvey Weinstein", confirme l'agent de Michael Moore au New York Times. "Cela ne veut pas dire que je l'ai écouté. Il m'a clairement expliqué que Disney était bénéficiaire de certains abattements fiscaux et que c'est pour cela qu'il ne voulait pas que Miramax soit impliqué dans le projet. Il ne voulait qu'aucune filiale de Disney ne soit impliquée".

    Forcément très attendu depuis Bowling for Columbine, Michael Moore s'attaque avec Fahrenheit 911 aux conséquences du 11 septembre 2001 et à la politique de George Bush Jr. avant et après l'attentat. Le film revient notamment sur les relations entre la famille Bush et ses proches et de grandes familles saoudiennes (dont la famille d'Oussama ben Laden), ainsi que sur le rôle joué par l'administration américaine dans l'évacuation de membres de la famille ben Laden après le 11 septembre. Le film dévoile également les commentaires plein de désillusion de soldats américains présents sur le sol irakien. En compétition pour la Palme d'or lors du prochain Festival de Cannes, Fahrenheit 911 sera distribué dans le monde par des sociétés 'étrangères' à Disney. Distribué par Mars Distribution, le documentaire est attendu en France en octobre 2004.

    Disney sur ses positions

    "Nous avons averti l'agent de Moore et Miramax en mai 2003 que le film ne serait pas distribué par Miramax", déclare le porte-parole de Disney Zenia Mucha. "Nous restons sur notre décision". Une entente contractuelle liant Disney et Miramax permet à la compagnie de d'empêcher la distribution de films sous certaines circonstances relevant notamment d'un budget excessif, d'un classement NC-17 (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés) ou allant tout simplement contre les intérêts de la maison-mère.

    Les dirigeants de Disney, Michael Eisner en tête, avaient ainsi toujours critiqué l'attachement de Miramax au projet Fahrenheit 911, après que Icon Productions, la société de Mel Gibson, ait quitté l'aventure (pour des raisons non-politiques). L'implication de Miramax -et donc de Disney- au film de Michael Moore avait d'ailleurs provoqué de vives réactions de la part de de la frange politique conservatrice outre-Atlantique. Si la direction de Disney dément l'accusation de "censure économique", elle confirme toutefois au New York Times qu'il n'est pas dans l'intérêt de la société de se retrouver au centre d'une bataille politique.

    Le mot de la fin ?

    "Nous essayons de trouver un accord avec Disney", déclare le porte-parole de Miramax Matthew Hiltzik. "Nous sommes penchés sur toutes les solutions pour résoudre ce problème à l'amiable". En cas d'échec des négociations, Miramax peut démarcher un autre distributeur pour l'exploitation américaine du film, cette solution limitant toutefois les profits de Miramax.

    "A ce point, on doit répondre à cette question. Cela doit-il arriver dans une société libre et ouverte où les intérêts financiers décident essentiellement de ce que le public est autorisé à regarder ?", conclut Michael Moore. "Je vais vous dire quelque chose : peut-être des gens sont-ils effrayés par mon film et ce qu'il dévoile. Mais ils ne peuvent rien y faire à présent, car le film est terminé, il est énorme, et si j'ai quelque chose à en dire, c'est que vous le verrez cet été... Car après tout, c'est un pays libre".

    Yoann Sardet avec AFP et The New York Times

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