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    Conférence de presse : "She hate me"

    A l'occasion de la présentation de son nouveau film "She hate me", dans les salles le 17 novembre prochain, AlloCiné a assisté à la conférence de presse de Spike Lee. Morceaux choisis...

    Octobre 2004, Hôtel Crillon. Spike Lee est de passage dans la capitale pour présenter son dernier film à la presse : She hate me. Une comédie de moeurs sur fond d'homosexualité et scandale financier au casting impressionnant : Ellen Barkin, Woody Harrelson, Bai Ling et John Turturro y côtoient les frenchies Monica Bellucci et Jamel Debbouze. Rencontre avec un réalisateur engagé.

    Le plaisir avant tout

    Spike Lee : Je réalise des films que j'aimerais moi-même voir en salles. C'est comme pour la musique, je n'aime pas les musiques monocordes, j'aime les musiques qui vous entraînent quelque part, qui changent de tons et de rythmes. Ce film, je voulais dès le départ qu'il raconte plusieurs histoires, plusieurs destins qui se croisent.

    La famille recomposée, l'homoparentalité, l'adoption gay

    Mon film est certainement une réflexion sur l'élargissement du concept de famille traditionnelle. Selon moi, que l'on soit deux voire trois parents à la maison, cela ne peut être que bon ! Il n'y a pas de preuve scientifique que les homosexuels feraient de meilleurs ou de pires parents, donc personnellement je suis pour l'adoption, le mariage gay... et pour le divorce également.

    Un film engagé ?

    Je pense en tant qu'artiste et être humain, que la prochaine élection présidentielle est essentielle pour l'Amérique et pour le reste du monde. Mais je ne pense pas que mon film participe à une forme de révolte. En tout cas, je ne l'ai pas fait dans le but d'inciter les gens à ne pas voter Bush. Chaque film n'a pas pour but de changer le monde. Bien sûr, certains films ont ce but précis, comme Fahrenheit 9/11 de Michael Moore, qui veut clairement empêcher la réélection de Bush à la Maison Blanche.

    La politique, les droits des afro-américains...

    Depuis l'arrivée du gouvernement Bush, les droits des Afro-américains ne sont pas une priorité. La situation s'est davantage aggravée depuis son arrivée que pendant les 8 ans de la présidence de Clinton. J'espère que le jour des élections les gens vont se mobiliser et se présenter aux urnes pour voter.

    Les racines, l'Afrique

    Mes racines, l'Afrique sont très importantes pour moi. Depuis peu, grâce à la science, je sais d'où je viens et qui sont mes ancêtres. Ma femme et moi avons fait des tests ADN pour découvrir nos racines. Du côté maternel, mes ancêtres venaient de Sierra Leone et du côté paternel du Cameroun. Il y a quelques années j'avais tourné la fin de Malcolm X en Afrique et j'espère y retourner très bientôt un film.

    Hors-ghetto

    Plus je fais de films, plus j'ai l'opportunité de présenter les différents aspects de la communauté noire. J'ai pu explorer différentes facettes et m'éloigner des schémas hollywoodiens classiques où les noirs sont soit rappeur, soit dealeur etc.

    La musique de père en fils

    Je dois vraiment rendre hommage à Terence Blanchard qui, depuis Jungle Fever, compose les musiques de tous mes films. Entre Terence et moi, c'est une longue histoire. Dans le passé, il a joué avec mon père, et j'ai beaucoup de respect pour lui. Comparé à d'autres artistes, comme les chanteurs ou les acteurs, les musiciens sont pour moi au-dessus de tout.

    Le cinéma français, le voyage

    Je connais mieux les classiques du cinéma français que le cinéma contemporain. Cela dit lorsque j'ai été juré au Festival de Venise, j'ai eu l'opportunité de découvrir de nombreux films européens. Paris est une des premières villes que j'ai visitées lors de mes tournées promotionnelles. Mon métier a l'avantage de nous donner l'occasion de voyager, moi et ma famille, de découvrir et de comprendre différentes cultures. Contrairement à la majorité des Américains (seulement 25% d'entre eux détiennent des passeports), je réalise que j'ai beaucoup de chance de pouvoir voyager.

    Jamel Debbouze

    Jamel Debbouze est un comédien très talentueux, il a de vrais dons comiques. Je l'ai rencontré au cours de mes nombreux voyages en France, et à plusieurs reprises nous avions parlé de travailler ensemble. Le seul souci pour mon film était son niveau d'anglais. Bien que son anglais soit meilleur que mon français, il fallait que ses dialogues en anglais soient dits de façon naturelle.

    Propos recueillis par Hélène Baud

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