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    "Narco" : rencontre avec Benoît Poelvoorde

    Dans "Narco", il est un "karatéka approximatif", fan de Jean-Claude Van Damme devant l'éternel et meilleur ami du narcoleptique Guillaume Canet. Rencontre avec Benoît Poelvoorde, aussi survolté qu'attachant !

    Benoît Poelvoorde ne s'arrête jamais. Mieux, il double cette suractivité de prestations hautes en couleurs. Cycliste dans Le Vélo de Ghislain Lambert, sosie de Clo-Clo dans Podium, imprésario véreux dans Atomik Circus, le voici "karatéka approximatif", comme il aime à le définir, dans le déjanté Narco, aujourd'hui en salles. Nous avons rencontré l'acteur, enthousiaste comme jamais.

    AlloCiné : Qu'est-ce qui t'a poussé à accepter d'être le karatéka complètement déjanté de "Narco" ?

    Benoît Poelvoorde : L'histoire me faisait rire. Et j'ai eu bien raison parce que le film me fait rire comme un pendu. C'était jubilatoire de faire ce film. C'était pas compliqué à faire : une tête de con qui fait du karaté ! J'adore ce genre de personnage et j'avais tellement envie de le voir à l'écran... J'étais comme un gamin qui se filme la première fois avec un super 8 et qui veux se voir marcher à l'envers ! C'était vraiment pas compliqué, mon personnage est super marrant à jouer, c'est n'importe quoi, c'est de la poésie karatéka ! Le rôle de Guillaume était bien plus difficile. Cela dit, j'ai eu tout de même une scène très difficile en compagnie de Zabou...

    Justement, cette scène est magnifique, elle a un rôle-pivot dans le film. Elle se rapproche, au niveau de l'intensité, de la scène où tu étais au chevet de ton fils dans "Les Convoyeurs attendent"...

    J'étais très content de ce que j'avais fait. Je n'ai pas l'habitude de tourner des scènes avec des actrices et, plus globalement, des scènes d'émotion. Pour moi, c'était dur mais je me suis surpris moi-même. J'avais vraiment peur de cette séquence, dans laquelle Zabou m'avoue qu'elle ne sera jamais une princesse, une séquence où elle prend conscience que sa vie est peut-être un échec et où elle m'inclut dans cet échec en me disant que je ne serai jamais un grand karatéka. C'est le moment où je lui dis que ce n'est pas vrai, qu'elle est ma princesse à moi. C'est une scène qui me touche beaucoup, mais j'avais vraiment peur. Je leur ai dit : "Vraiment, j'ai peur. Si je n'y arrive pas, ne m'en voulez pas, je ne pourrai pas faire plus." Et à ma grande surprise, ça a été très facile, la scène s'est faite en deux prises. Et je sais pourquoi : c'est parce que j'étais moi-même ému.

    Est-ce que cela te donne envie de jouer dans des films dramatiques ?

    Oui, c'est ce que je vais faire (ndlr : il jouera dans Les Kangourous, le prochain film d'Anne Fontaine). J'ai eu quarante ans, j'ai traversé une période durant laquelle j'ai beaucoup réflechi sur moi-même, et j'ai accepté de faire un film dramatique. J'aime beaucoup la réalisatrice. Bon, ce sera peut-être le film le plus drôle de ma carrière si c'est une casserole (rires), mais je m'en fous, ça fait partie de ma vie. je ne crois pas aux contre-emplois, je pense simplement que, parfois, on est plus disposés à laisser sortir les choses.

    Comment définirais-tu ton personnage dans "Narco" ?

    Karatéka approximatif, j'aime bien. Karatéka de salon. J'adore ce personnage. Mais il est seul, c'est vraiment un homme seul, il vit dans une roulotte... Il est tout seul ce mec... Mais j'aime bien, je crois qu'on est toujours tout seul dans la vie. Après, on essaie de s'entourer de gens qui vont nous porter de l'amour et de l'amitié. Tout ça c'est fondamental, mais on est seuls, seuls, et c'est tellement difficile de l'admettre... Je suis en train de te plomber tes internautes, là ! (rires) Mais bon, pour le définir, je dirais un karatéka de salon seul. (sourire)

    Le karatéka que tu joues est très spécial. Tu t'es entraîné ?

    T'es fou, toi ! Je sortais de Podium, j'en avais plein le cul des entraînements ! Ils m'on demandé si je ne voulais pas m'entraîner avec un karatéka, faire du nunchaku, ils m'ont envoyé des cassettes, je leur ai dit : "Ecoutez, j'accepte de le faire, mais ne m'obligez à aucun exercice ! Je vais faire n'importe quoi, ce sera nawak, mais ce sera de la poésie !" De toutes façons, c'est un baltringue, alors si j'avais fait les cours, j'avais quinze jours seulement devant moi, j'aurais, je pense, beaucoup plus insulté le karaté et les arts martiaux. Là, j'ai fait de la poésie karatéka. Et les gens de Karaté Magazine, qui ont vu le film, m'ont remis le diplôme de "Professeur de Karaté de cinéma" ! (sourire) Ca les a fait rire. Ils ont trouvé beaucoup plus respecteux que tu dises d'emblée : "C'est trop dur d'imiter, autant faire n'importe quoi." Quand j'ai fait Le Vélo de Ghislain Lambert, je ne pouvais pas imiter un cycliste, il fallait y croire, on voit ton corps et je devais tenir longtemps sur le vélo. Pour Podium, pareil, il fallait croire que j'y croyais et que je pouvais danser. Mais ici, c'est un baltringue, il bat un enfant et discute dans les bars une canette à la main ! (rires)

    Pour terminer, un petit mot sur Jean-Claude Van Damme, que ton personnage vénère par-dessus tout dans le film...

    Je suis aussi fan dans la vie. Je n'ai pas vu tous ses films mais j'aime beaucoup le mec. C'est quelqu'un que je trouve bénéfique, bienveillant pour les gens. Jamais tu ne verras Jean-Claude Van Damme dire quelque chose de méchant, de déplacé. Je ne comprends pas pourquoi on met tant d'énergie à se foutre de sa gueule. Ah oui, on sort des bouquins, on sort des phrases hors de leur contexte... Moi, je prends n'importe quel acteur, je sors une phrase de son contexte, c'est trop facile. On dit une connerie à la seconde ! Et même au niveau métaphysique et philosophique, Van Damme dit des choses parfois bien plus intelligentes que pas mal de philosophes qui ont pignon sur rue.

    Propos recueillis par Clément Cuyer

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