Mon compte
    "Batman begins" : rencontre avec Christian Bale

    Durant l'automne 2004, nous nous sommes rendus sur le tournage de "Batman begins" à Londres. L'occasion de revenir avec son héros, Christian Bale, sur le retour très attendu de l'homme chauve-souris...

    AlloCiné : Quelle vision aviez-vous de Batman avant de rejoindre l'aventure "Batman begins" ?

    Christian Bale : Vous savez, je ne suis pas un grand fan de comic-books et je n'y connais pas grand-chose. Donc la première chose qui m'est venue à l'esprit concernant Batman n'était pas de l'accepter tel qu'il est, mais de comprendre pourquoi il fait ça, pourquoi il se déguise comme ça... Quand on y réfléchit, c'est tout de même assez "ridicule", ce justicier qui s'habille en chauve-souris... Pour moi, cette histoire devait donc être traitée soit comme une parodie -ce qu'a fait la série télé- soit tendre vers autre chose, quelque chose d'inédit.

    C'est cette vision inédite qui vous a séduit sur "Batman begins" ?

    En fait, je ne m'intéressais pas vraiment au projet au départ dans la mesure où je le voyais comme un film dans l'espit des précédents. Puis un ami à moi, qui est un grand fan de comic-books, m'a fait découvrir Arkham Asylum. Je ne m'attendais vraiment pas à une oeuvre de ce genre... Par la suite, j'ai lu Batman : year one et The Long Halloween de Frank Miller. En fait, je ne m'étais jamais rendu compte à quel point le personnage était intéressant, car dans les quatre autres films ce sont les méchants les personnages fascinants. Et là, j'ai réalisé que c'était Bruce Wayne/Batman le plus complexe... Par ailleurs, j'avais entendu dire que le prochain Batman serait un film au budget plus réduit, un film plus intimiste, plus sombre... J'étais intéressé jusqu'à ce que j'apprenne que le projet aurait un budget plus conséquent que prévu : mon intérêt est aussitôt retombé... Puis j'ai appris que Christopher Nolan avait été choisi pour réaliser le film : je ne pensais pas que les studios se lanceraient dans cette direction ! J'ai rencontré Christopher et j'ai réalisé que c'était ce film qu'il fallait que je fasse.

    Vous parliez du personnage : en quoi vous fascinait-il ?

    Batman begins revient sur la jeunesse de Batman. On découvre donc Bruce Wayne petit garçon, puis on le revoit à une vingtaine d'années, puis à trente ans. Mais ce n'était pas tant cette jeunesse qui m'intéressait que cette soif de vengeance qui l'anime, une soif qu'il pense pouvoir étancher à court terme mais qui va le ronger... Au départ, il souhaite simplement retrouver les assassins de ses parents et pense pouvoir rapidement tenir la promesse qu'il a faite de retrouver leur assassin. Il ne voit pas plus loin. Mais il ne comprend pas que ce besoin de vengeance va le consumer.

    C'est pour cela que vous donnez au personnage une autre voix, une fois qu'il devient Batman ?

    Je trouvais pratique que le personnage change de voix quand il endosse le costume, simplement pour masquer son identité. Je souhaitais également montrer comment il peut changer sa façon de penser et retrouver l'état d'esprit qu'il avait étant petit garçon, quand il promet à ses parents de les venger. C'est difficile de garder ce sentiment vivace, car ça ne devient vite qu'un souvenir et ça demande beaucoup d'énergie de faire remonter ces émotions à la surface. Tout devait donc être différent : sa voix, sa silhouette, sa personnalité. Ce personnage doit pour moi avoir une vie propre en tant que Batman : si c'est simplement Bruce Wayne qui se déguise, c'est un peu ridicule... Autant que si vous alliez dans la rue chasser les criminels habillé en chauve-souris. Il faut donc aller au plus profond du personnage, et ça passait pour moi par cette voix presque bestiale.

    Vous avez enchaîné "The Machinist", pour lequel vous avez perdu près de trente kilos, et "Batman begins" ! Comment avez-vous fait ?

    J'ai terminé de tourner The Machinist en juillet 2003, et nous avons commencé à tourner Batman begins en février 2004. J'avais donc beaucoup de boulot pour remodeler mon corps car Batman begins est un film pour lequel vous devez être en forme : non seulement visuellement, mais également pour supporter le tournage sur la longueur. J'ai donc mangé comme quatre pour regagner le maximum de poids... Au final c'était même trop ! Quand je suis arrivé à Londres en février, je ressemblais à un grizzli, d'autant que je n'avais pas rasé ma barbe et que j'avais laissé pousser mes cheveux... En gros, j'avais repris plus de 50 kilos entre juillet et janvier ! De plus, ce n'était pas de bons kilos : je pouvais soulever beaucoup de fonte, mais je n'étais pas assez en forme pour tenir un 100 mètres... Dès mon arrivée sur Londres, j'ai donc suivi un entraînement adapté au rôle.

    Comment se sent-on quand on endosse le costume de Batman ?

    Nous avions bien sûr fait des tests caméra en amont, mais au début du tournage je me sentais vraiment comme une panthère ou un animal sauvage une fois dans le costume... Je ne sais pas si je donnais cette impression aux membres de l'équipe, mais ça aide vraiment à devenir cette sorte de bête avide de vengeance, prête à sauter sur les gens pour les massacrer. Vous vous sentez vraiment intimidant avec cette silhouette qui tend vers l'avant, très agressive, qui vous transforme presque prédateur. Dès que j'ai endossé le costume pour la première fois, je ne me sentais plus humain, mais vraiment comme une créature, une bête... C'était le sentiment idéal pour emmener Batman vers ce que nous souhaitions.

    Même si le Batcostume est assez inconfortable ?

    Après, c'est vrai que j'ai pu laisser entendre que le costume était assez inconfortable, qu'il faisait transpirer et qu'il donnait mal à la tête... Ce qui est vrai ! (Rires) Mais bon, on en a marre des acteurs qui se plaignent de leur boulot : je joue Batman, c'est fantastique ! Après, si je dois transpirer pour le rôle, ce n'est pas si grave... Et puis, j'ai cru comprendre que les précédents costumes étaient encore plus inconfortables...

    Inévitable question : vous avez pu conduire la Batmobile ?

    Pas assez à mon goût... (Rires) J'aimerais me dire que c'est moi qui conduis la Batmobile dans le film, mais même si vous me voyez en sortir, ce sont des pilotes qui ont conduit la voiture dans les scènes où elle est utilisée. Il y avait d'ailleurs plusieurs voitures, chacune avec sa spécialité. Je n'ai jamais été un grand amateur de voitures vous savez, et le fait de monter dans la Batmobile m'a fait comprendre pourquoi ! Dans les voitures normales, tout est caché, alors que dans la Batmobile -qui a été construite spécialement pour le film-, vous pouvez voir comment les pièces s'imbriquent et fonctionnent ensemble. C'est fascinant... Et puis le bruit de la voiture est incroyable, on dirait qu'Ozzy Osbourne vous hurle dans l'oreille : je n'arrivais parfois pas à m'entendre, même en criant !

    Et que fait un super-héros une fois le tournage terminé ?

    Je sors et je vais botter le cul aux criminels... (Rires)

    Propos recueillis par Yoann Sardet

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top