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    "Munich" : la parole aux comédiens

    A l'occasion de la sortie de "Munich", le nouveau Spielberg, rencontre avec l'Australien Eric Bana, la Québécoise Marie-Josée Croze, la Palestinienne Hiam Abbass et le Français Yvan Attal.

    AlloCiné : Que saviez-vous de ces événements avant de tourner le film ?

    Eric Bana : Peu de choses. Je n'avais que 4 ans l'époque. Mais j'avais en mémoire de vagues images des années qui ont suivi, car on a beaucoup parlé de cette tragédie. Evidemment, quand j'ai su que je jouerais le rôle, j'ai lu tout ce que j'ai pu sur la question, par exemple le livre Vengeance, un ouvrage formidable. En le lisant, je me disais : "Je n'arrive pas à croire que tout ça soit vrai !" Mais le scénario en est très librement inspiré, c'est en fait assez différent.

    Steven Spielberg vous a choisi après vous avoir vu dans "Hulk". Savez-vous ce qui, dans "Hulk", a pu faire penser à Spielberg que vous seriez un parfait Avner?

    Non. Je n'ai pas osé lui demander parce que j'avais trop peur qu'il revienne sur sa décision ! Je pense que c'est mieux de ne pas trop savoir ce genre de choses. Evidemment, j'étais ravi, je me disais qu'il avait fait le bon choix (sourire) et je ne voulais surtout pas qu'il change d'avis.

    De "Troie" à "Hulk", vous avez souvent joué des rôles très physiques. Dans "Munich", tout ou presque doit passer sur votre visage : n'est-ce pas la cascade la plus difficile ?

    (rires) D'une certaine manière, oui. Mais faire des choses physiques est aussi très difficile, surtout dans le cadre du tournage d'un film. Pouvoir mélanger les deux, comme dans Munich, est vraiment un défi passionnant.

    Vous sentez-vous une responsabilité particulière en tant qu'acteur sur ce film ?

    Je me suis senti une énorme reponsabilité parce que je jouais le rôle principal. Si le personnage central ne fonctionne pas, le film ne fonctionne pas. Ca, c'est assez intimidant. En revanche, ce n'est pas comparable avec la responsabilité que portent Steven [Spielberg] ou Tony [Kushner, le scénariste].

    Votre point de vue sur le personnage a-t-il évolué au fil du temps ?

    En général, je n'aime pas juger les personnages que j'interprète. Mais cette fois, il m'a semblé que ce serait pertinent, et que ça m'aiderait. Parce qu'en tant qu'être humain, nous passons notre temps à nous juger nous-mêmes. Et c'est vraiment le cas du personnage dans cette histoire. Il doit sans cesse analyser ce qu'il a fait, ce qu'il va faire. Il m'a semblé important que, par moments, il soit dégoûté ou affecté par ce qu'il fait, et donc il fallait que j'éprouve ces sentiments moi aussi, en tant que personne. Mon point de vue sur Avner changeait constamment : à certains moments, je trouvais que ce qu'il faisait était juste, à d'autres je pensais le contraire.

    Diriez-vous que "Munich" est un film sur la perte de l'innocence ?

    C'est incontestablement l'un des thèmes du film, c'était évident dès le départ. Mon personnage est assez naïf, il est jeune, nationaliste. Il est très fier, il a le sens du devoir. D'ailleurs, il dit dans le film : " Je ne pourrais pas continuer à vivre si je refusais cette mission ". C'est ce que j'ai compris du personnage. A la fin, son innocence est presque totalement perdue.

    Vous avez rencontré Yuval Aviv, l'homme dont le personnage d'Avner est inspiré. Que vous a-t-il dit de précieux, d'utile pour votre travail ?

    Tout ce que vous pouvez obtenir dans ces cas-là est un bonus. Parfois, cela vous aide de manière très spécifique, et parfois, même les informations dont vous ne vous servez pas directement se révèlent utiles, car elles sont dans un coin de votre tête. Yuval Aviv a été très généreux avec moi, cela m'a été très utile.

    Vous vous êtes fait connaître comme humoriste. Cette expérience nourrit-elle, aujourd'hui encore, votre travail de comédien ?

    Par bien des aspects, ça a été une bonne préparation, car lorsque vous devez faire rire un public, vous êtes confronté à des situations très difficiles, autant voire plus que lorsque vous jouez dans un film. Je pense que ça vous rend courageux, et qu'ensuite, il n'y a plus grand-chose qui puisse vous faire peur sur un plateau de cinéma. Donc, oui, ça m'a sûrement aidé.

    En France, les acteurs comiques ne sont vraiment pris au sérieux que lorsqu'ils commencent à jouer des rôles dramatiques. Qu'en pensez-vous ?

    C'est sans doute vrai à peu près partout. Je l'ai remarqué par exemple en retournant en Australie : les journaux m'ont davantage pris au sérieux quand je me suis mis à tourné des drames. Je ne comprends pas pourquoi, parce que jouer un rôle comique demande beaucoup de créativité et d'intelligence. D'ailleurs, le plus souvent, les humoristes jouent des textes qu'ils ont eux-mêmes écrits, contrairement aux acteurs dramatiques. J'ai un grand respect pour les acteurs comiques, peut-être parce que c'est de là que je viens.

    Propos recueillis le 11 janvier 2006 par Julien Dokhan

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