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    Pascal Légitimus : rencontre avec un "Tricheur"

    L'ex-Inconnus tient la vedette d'une nouvelle série de M6. Dans "Les Tricheurs", il interprète Alex Toussaint, un arnaqueur de haut vol qui passe un marché : il est libéré de prison à condition d'aider la justice. Pascal Légitimus nous en dit plus...

    Comment a démarré le projet des "Tricheurs" ?

    Pascal Légitimus : Les producteurs Patrick Benedek et Thomas Bourguignon m'ont contacté il y a deux ans car ils envisageaient de monter une série. Quand ils m'ont expliqué que je devais jouer le rôle d'un grand-père, je n'étais pas convaincu. Ils m'ont ensuite précisé que mon personnage serait un voleur qui travaillerait pour le gouvernement. Du coup, je me suis montré plus intéressé. Les Tricheurs changeait du flic classique qui fait des enquêtes avec son petit carnet, qui va voir la concierge et interroge le quartier. J'avoue cependant que j'ai avancé avec prudence. Ma série précédente, Crimes en série sur France 2 – j'ai fait 11 épisodes – avait très bien marché et je ne voulais pas enchaîner avec n'importe quel projet. J'ai d'ailleurs refusé pas mal de choses. Mais Les Tricheurs est arrivé et j'ai accepté de m'engager pour tourner un pilote.

    Alex Toussaint est un personnage à multiples facettes. Comment le décririez-vous ?

    Alex est un type assez spécial. Il est toujours en train de mentir, en train de louvoyer, il est jamais sincère, il joue toujours la comédie. Il a un rapport avec sa fille qui est dans la carence affective ; avec sa petite-fille, il essaie de rattraper ce qu'il n'a pas pu assumer avec sa fille. Il est en porte-à-faux avec le gouvernement. Il vole non pas pour l'argent mais pour le fun. Le personnage est assez complexe. Il m'a demandé beaucoup de travail mine de rien, parce qu'il a plusieurs sentiments à gérer. En fait, en fonction de la personne à laquelle il s'adresse, il n'adopte pas le même comportement. Avec ma fille je suis dans le conflit, avec ma petite-fille je suis dans le rattrapage de la carence affective, avec le gouvernement, en tout cas avec la juge d'instruction, je suis plutôt dans le rapport de force, en même temps rapport de séduction. Avec les anciennes personnes que j'ai grugé lors de mes anciens vols, il y a un rapport de mensonge et de fuite. Ensuite, je mène une enquête au sein d'un commissariat, là je suis dans le mensonge total et la comédie. Dans certaines situations, je suis en danger. C'est un personnage à rebondissements. C'est pour ça qu'on va en faire une série. M6 en a d'ailleurs commandé 6 épisodes avant la diffusion. On va lui confié à chaque fois des enquêtes un peu spéciales.

    On sent à l'écran s'installer une complicité entre Sara Martins, Leïla Bekhti et vous-même. La rencontre s'est-elle bien passée ?

    J'ai eu la chance de rencontrer Sara Martins, qui joue ma fille Sophie, avant. Nous avons joué ensemble dans Les Amateurs, un film de Martin Valente avec Lorant Deutsch, Jalil Lespert et François Berléand. Nous nous connaissions donc déjà. Par contre, Leïla Bekhti est une grande et belle découverte. C'est une bosseuse. Elle a la faculté de passer d'un sentiment à un autre rapidement, ce qui est rare chez une comédienne. J'avoue qu'elle a beaucoup de talent. Elle a joué notamment dans Sheitan. Il y a une relation amicale qui s'est installée assez rapidement et qui s'est ressentie pendant le tournage.

    Pour vous glisser dans le rôle d'Alex, vous avez suivi les conseils de spécialistes ?

    Sur le tournage, nous avions un conseiller en magie, et non pas un arnaqueur, on n'a pas fait sortir un type de la Santé (ndlr : une prison de Paris) pour m'apprendre à voler. Il y avait un type qui faisait du close up avec ses mains (ndlr : appelée aussi magie de proximité), de la manipulation de cartes. Il m'a un peu appris à mettre des choses dans les manches, piquer des stylos, etc. Je pense que j'aurais des choses plus sophistiquées à faire dans les prochains épisodes. Ce qui est intéressant dans ce métier est qu'on apprend à chaque fois. On fait de l'escrime, on apprend à voler, on part avec un billet de 50 € et il faut revenir avec 100 €.

    Depuis "Crimes en série" vous multipliez les projets télé. Qu'est-ce qui est déterminant dans vos choix ?

    J'accorde de l'importante non seulement à la forme, mais aussi au fond. Je cherche des sujets un peu forts, avec une critique un peu sociale. Le 12 avril dernier a été diffusé le téléfilm Du goût et des couleurs que j'avais co-écrit avec Vincent Solignac – avec Sophie Broustal et dirigé par Michaela Watteaux – qui traitait de la mixité du couple. Il y avait un message sur la famille, sur l'intégration. L'année prochaine, je vais certainement travailler sur un projet consacré à Alexandre Dumas père. Ce sont des sujets à la fois sociaux et ludiques Pour moi, il est important de divertir, tout en faisant que les gens s'y retrouvent dans les histoires.

    En quoi le tournage sur une série est-il différent de celui d'une film ?

    Bien évidemment un long métrage est différent d'une série TV. Economiquement déjà, ce n'est pas la même chose. Au moins deux mois de tournage sont nécessaires pour un film. Et on tourne une minute utile par jour. Les budgets sont plus importants, il y a plusieurs intermédiaires au niveau de la créativité. Côté télé, c'est plus restreint, ça va plus vite. Minimum sont tournées 3 à 6 minutes par jour utiles. L'écriture n'est pas la même. Il y a plus de plans séquences, c'est plus bavard. Les rapports humains sont privilégiés, il y a plus de consensualité. La télévision a un rôle plus social que le cinéma.

    Vous avez retrouvé votre compère des Inconnus Didier Bourdon pour le film "Madame Irma"...

    Les retrouvailles avec Didier Bourdon sont bien évidemment des retrouvailles artistiques parce que dans la vie on se voit assez souvent. Nous n'avions jamais eu l'occasion de nous trouver tous les deux en duo. Nous avons fait des combinaisons différentes : Bernard (ndlr : Campan)/Didier, à trois, mais dans le sens Didier/Pascal ça s'était jamais fait. On l'a occasionné avec le film de Madame Irma qui sortira le 6 décembre. J'interprète son meilleur ami, un personnage un peu psycho-rigide, un peu catho, ce que je n'avais jamais fait auparavant. L'histoire met en scène deux types qui ont tout et qui perdent tout, font tout pour essayer de retrouver ce qu'ils avaient avant. Ils passent par le mensonge, par des situations incroyables. En parallèle, on entre dans le milieu de la voyance, de l'ésotérisme, voire du charlatanisme. Il y a deux sujets qui s'entrecroisent. C'est drôle et émouvant à la fois !

    A quand le retour des Inconnus ?

    C'est une bonne question que j'entend 10 000 fois par jour. Il n'y a pas de retour puisqu'on n'est pas parti. On s'est séparé de corps mais pas d'esprit. Nous nous voyons souvent, nous prenons des notes. Je dois avouer que nous ne savons pas par quel bout prendre le retour. Nous avons très envie de faire de la scène : soit une pièce de théâtre ou un spectacle avec de nouveaux sketches, ou éventuellement d'anciens sketches remaniés à la sauce moderne. On ne sait pas encore ce qu'on va faire. En tout cas, on se voit, on observe, on dissèque la société, la télévision, le cinéma, les arts, les gens. On y pense. C'est vrai que ça prend du temps. Les gens sont impatients. Notre problème c'est que nous sommes condamnés au succès. Nous avons fait tellement de choses qui ont marché. Nous essayons aujourd'hui de trouver quelque chose qui pourrait rendre hommage à cette qualité qui nous honore. On ne voudrait pas faire n'importe quoi donc on prend notre temps. Il faut aussi que nous soyons tous disponibles au même moment et c'est pas évident. Bernard a fait son film, Didier a le sien, et moi je suis également occupé de mon côté. C'est pas facile !

    La réalisation, vous y pensez encore ?

    J'adorerais réaliser mais pas pour une question d'ego, seulement parce que j'ai des choses à dire, à ma manière. Pour l'heure, j'ai écrit un long métrage qui s'intitule Protection très rapprochée, qui serait le tandem entre une juge d'instruction menacée de mort et un garde du corps qu'on lui aurait assigné, qui n'est connu d'aucun service. J'ai fait appel à Muriel Robin pour l'instant pour le rôle. J'en ai parlé aussi à Clémentine Célarié. C'est en projet ! J'aimerais faire ça l'année prochaine. Dernièrement, j'ai fait un film avec Sandrine Bonnaire qui s'intitule Demandez la permission aux enfants !, un film de Eric Civanyan, qui a fait l'année Il ne faut jurer de rien ! avec Jean Dujardin et Gérard Jugnot. Ce film sortira en avril 2007. C'est une comédie sur le thème des enfants tyrans et des parents martyres. Dans la première partie du film, les enfants nous rendent dingues, dans la deuxième partie les parents se vengent. Tous les fantasmes des parents seront assumés à l'écran. Je me suis bien amusé à faire ce film, on y retrouve des situations qu'on a tous vécu un jour.

    Quelles sont vos séries préférées ?

    J'aime bien les vieilles séries françaises comme Rocambole, Rouletabille, Les Compagnons d'Éleusis, L'homme de Picardie, les vieilles séries en noir et blanc. Il y avait quand même des scénars assez poussés à l'époque, c'était pas mal joué. On sentait une atmosphère là-dedans. Ce sont des séries qui font partie du patrimoine français. Dans les séries plus récentes, il y a évidemment Les Soprano, 24 heures chrono, Rome, Prison Break. Toutes ces séries qui n'ont de cesse de nous surprendre.

    Propos recueillis par Frédéric Heusse et Pascal Muscarnera le 26 septembre

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