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    Décès du réalisateur Ingmar Bergman

    Le réalisateur suédois Ingmar Bergman, auteur des "Fraises sauvages", "Cris et chuchotements" et "Fanny et Alexandre" est décédé à l'âge de 89 ans, a-t-on appris ce lundi 30 juillet.

    (Re)découvrez la carrière d'Ingmar Bergman en images sur Ina.fr

    Quelques heures après l'annonce du décès de l'un des plus célèbres comédiens français, Michel Serrault, l'AFP nous apprend la disparition d'un des plus grands cinéastes européens, le maître Ingmar Bergman. La vie conjugale, la mort, l'enfance : tels sont quelques-uns des thèmes récurrents d'une oeuvre souvent autobiographique, qui a marqué des générations de spectateurs, et influencé nombre de réalisateurs, de Woody Allen à Jacques Doillon. Son ultime film, Saraband, tourné au départ pour la télévision,

    fit l'événement à sa sortie en France en décembre 2004.

    Une éducation rigoureuse

    Fils d'un pasteur luthérien qui lui prodigue une éducation rigoureuse, fondée sur les notions de péché et de culpabilité, Ingmar Bergman éprouve très tôt une fascination pour le monde du spectacle, créant dès son plus jeune âge des numéros de marionnettes avec sa soeur. Chaque dimanche après le sermon, il se rend dans les salles de cinéma de Stockholm, où il découvre les films muets de son compatriote Victor Sjöstrom, mais aussi les longs-métrages de Julien Duvivier et Marcel Carné.

    Sa première passion, le théâtre

    Ingmar Bergman étudie l'histoire et la littérature à l'université, mais se consacre dès 1938 à sa première passion, le théâtre. Metteur en scène remarqué de Strindberg, Ibsen ou encore Shakespeare, il rejoint en 1942 l'équipe de scénaristes de la Svensk Filmindustri. Bergman voit son premier script porté à l'écran en 1944 par Alf Sjoberg (Tourments)

    avant de passer à la réalisation l'année suivante en adaptant une pièce danoise (Crise) -le monde du spectacle sera pour lui une source d'inspiration constante (La Nuit des forains).

    Sensualité et cruauté

    Dès La Soif en 1949, il sonde les mystères du couple, une thématique qu'il ne cessera d'explorer tout au long de son oeuvre avec cruauté mais aussi sensualité, comme en témoigne en 1953 Monika, avec Harriet Andersson et son fameux regard-caméra qui troublera les cinéastes de la Nouvelle vague. Ingmar Bergman accède à la reconnaissance internationale au milieu des années 50 avec le marivaudage Sourires d'une nuit d'été (1955) puis Le Septième Sceau (1957, photo ci-dessus), conte médiéval et réflexion sur la mort, deux films primés à Cannes et qui témoignent de la diversité de l'inspiration du cinéaste suédois.

    Liv, Bibi, Ingrid...

    Avec des films mêlant réalisme et onirisme (Les Fraises sauvages, Ours d'or à Berlin en 1958), et dans lesquels il règle ses comptes avec la religion (Les Communiants), Bergman s'impose, aux côtés d'Antonioni en Italie ou de Resnais en France, comme l'une des figures majeures du cinéma moderne. A cet égard, Persona (1966), oeuvre déroutante sur le thème du double, est l'un de ses longs-métrages les plus commentés.

    C'est aussi le film de la rencontre avec Liv Ullmann (photo), une des nombreuses égéries -aux côtés de Bibi Andersson ou Ingrid Thulin- d'un cinéaste à la vie sentimentale mouvementée.

    La télévision, l'opéra...

    Devenue sa compagne, Liv Ullmann apparaît dans quelques-uns des films les plus fameux de Bergman, comme Cris et chuchotements (photo) ou Scènes de la vie conjugale en 1974, destiné initialement à la télévision, et qui s'est révélé l'un des plus grands succès publics du cinéaste. Refusant de se cantonner au subtil cinéma psychologique qui a fait sa réputation (Sonate d'automne),

    il continue d'emprunter des chemins de traverse, filmant par exemple en 1974 l'opéra de Mozart La Flûte enchantée. Le maître suédois fait ses adieux au cinéma en 1982 avec Fanny et Alexandre, film-fleuve qui le voit se replonger dans ses souvenirs d'enfance.

    Une "Palme des Palmes" en 1997

    Loin de mettre un terme à ses activités, il continuera de tourner pour le petit écran (Apres la répétition en 1983, Saraband en 2003), et d'écrire des scénarios (Les Meilleures Intentions de Bille August, Infidèle de Liv Ullmann). En 1997, le Festival de Cannes lui décerne, à l'occasion des 50 ans de la manifestation, la "Palme des Palmes", une récompense que le secret Bergman n'est pas venu chercher, lui qui déclara à la revue Positif en 2001 : "Tout ce qui m'a jamais intéressé, c'est d'accomplir un vrai bon travail d'artisan."

    Julien Dokhan

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