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    Les "Vérités" de Michèle Bernier

    AlloCiné a rencontré Michèle Bernier, Arnaud Selignac et Pascale Breugnot, la fine équipe des "Vérités Assassines" de France 2.

    AlloCiné Séries : Qui a pensé à Michèle Bernier pour le rôle de Gisèle ?

    Michèle Bernier : C'est Arnaud Selignac, le réalisateur.

    Arnaud Selignac : On avait déjà fait un film ensemble et à la lecture du scénario je n'ai vraiment pensé à personne d'autre, ça a été un vrai clash : "C'est pour elle". Michèle est une grande comédienne et me fournit la possibilité d'être libre, de l'imaginer dans des rôles dans lesquels on ne l'imaginerait pas d'emblée.

    Michèle Bernier, quand on vous a proposé le rôle, avez-vous reçu la proposition de ce rôle et avez-vous hésité ?

    Michèle Bernier : Alors pas du tout, Pascale (ndlr : Pascale Breugnot, la productrice) et Arnaud Selignac m'ont appelé pour me proposer le rôle et j'ai dit oui avant d'avoir lu quoi que ce soit. Puis à la lecture du scénario, j'étais à la fois émue par l'histoire et d'autant plus convaincue, connaissant le talent d'Arnaud Selignac et sachant que Pascale aime partir dans des histoires originales : je me suis dit que c'était une aventure qui ne ressemble à aucune autre. C'est un film à part, une histoire à laquelle on n'a pas l'habitude d'être confrontée, cette exposition là est tellement rare que l'on a envie d'être de l'aventure.

    Vous aviez le trac ?

    Michèle Bernier : euh... oui ça s'appelle du trac parce qu'on n'a pas les codes pour jouer ça, il a fallu beaucoup se parler et réfléchir à comment aborder ce personnage. En même temps je travaille beaucoup à l'instinct, je sais que je peux compter sur le metteur en scène.

    Et puis j'ai recontré Zabou : la bienveillance, le talent, sa générosité... Je me suis sentie en confiance avec elle. Il y avait un truc entre nous, on a senti Gisèle et Véra tout de suite. Le matin avant de tourner, devant la machine à café on y était déjà, une vraie complicité s'est créée, c'était même au-delà de ça.

    Quand avez-vous su que vous "teniez" Gisèle ?

    Michèle Bernier : Le premier jour de tournage, quand on m'a maquillée pendant une heure et demie, on me mettait des prothèses... Lorsque je suis arrivée sur le plateau, les gens me découvraient et faisaient de ces têtes ! Sur le tournage, tout le monde ressentait ce malaise. Le mal de Gisèle était communicatif.

    Arnaud Selignac : Ce personnage est noir, Gisèle dépeint l'horreur de sa vie, elle la porte en elle et en même temps, il y a une couche d'humanité perturbante. On voudrait s'empêcher de l'aimer et plus on avance avec elle et plus elle vous touche, elle vous emmène vers sa détresse, c'est une victime.

    Pascale Breugnot : C'est un rôle qui met l'actrice en danger. C'est aussi formidablement excitant pour ça. Comment revenir en arrière après ? Prise après prise, je voyais comment ça progressait dans l'intériorité du personnage, on sentait que ça basculait dans une espèce de vérité émotionnelle qui venait de loin et on se disait : où elle est ? Le travail entre Michèle et Arnaud Selignac était très impressionnant : ils sont allés chercher loin l'héroïne.

    Arnaud Selignac : C'est pour cela que je considère Michèle comme une "grande comédienne". On a cherché à s'approcher de Gisèle, avec une vraie osmose, une vraie complicité et une vraie confiance. Nous nous sommes approchés d'une forme de vérité car ce personnage n'est qu'un prototype, nous ne nous sommes jamais retrouvés dans une telle situation...

    Michèle Bernier : Il ne faut pas faire de caricature, cela détruirait l'histoire. Zabou a fait un gros travail personnel sur son rôle de psychiatre, c'était aussi intense. Elle n'avait pas non plus les codes, elle a dû apprendre à réagir différemment de ce qu'elle aurait pu faire dans la vie par rapport à la violence de Gisèle.

    Arnaud Selignac : Elle essaie de rester maîtresse de la situation mais c'est toujours sur le fil...

    Michèle Bernier : Véra est dans la retenue, à l'écoute. C'était très impressionnant d'ailleurs : alors que Gisèle parle mal, qu'elle est dans l'agressivité, Véra prend sur elle. Même après le "coupé" d'Arnaud Selignac, on y était encore.

    Arnaud Selignac : C'était très impressionnant sur le plateau aussi, l'émotion continuait, ça ne pouvait pas s'arrêter au clap de fin.

    Quelle a été la scène la plus éprouvante à jouer ?

    Michèle Bernier : C'est évidemment la scène avec le bébé. Pour Zabou et moi, qui sommes mères, c'était intense. Je n'arrêtais pas d'aller parler aux bébés pour qu'il ne pense pas que j'étais Gisèle (ndlr : son personnage). Je ressentais une espèce de culpabilité. Ces bébés étaient incroyables...

    Arnaud Selignac : Oui c'était étonnant, le bébé regardait Michèle et pleurait. Mais il s'arrêtait aussitôt que la prise était terminée ! Mais, même si on savait qu'il n'y avait aucun danger, on était tous dans le même état... Et les parents derrière aussi étaient stressés (rires) !

    Michèle Bernier : Et puis il y a une ambiance qui fait que même si on sait que c'est pour de faux, on est dedans ! Lorsqu'on voit débarquer l'équipe du RAID, ça fait bizarre... (rires)

    Quelles sont vos séries préférées ?

    Arnaud Selignac : Une série d'une grande intelligence dans l'écriture et dans la durée : À la Maison blanche.

    Pascale Breugnot : Pour ma part, je trouve TF1 intelligente de diffuser Dr [H]ouse en prime-time. C'est un personnage méchant, cynique, vilain. Il a toutes les caractéristiques que n'ont pas habituellement les héros de cette chaîne. Je me demande d'ailleurs quelle incidence cela aura sur les séries en cours de production parce qu'elle marche très bien. Si la philosophie des scénarios ne change pas un peu suite à l'intrusion et au succès de cette série en prime time... Il faut aussi que l'on arrive à écrire nous aussi des personnages corrosifs, décapants, insolents, méchants. La vie est comme ça et c'est bien plus drôle à écrire.

    Michèle Bernier : Il est complètement décalé dans un milieu qui normalement doit être protecteur.

    Pascale Breugnot : C'est un excellent médecin mais son rapport aux malades apporte une violence extrême. La série marche dans les audiences donc je ne vois pas pourquoi la frilosité pourrait être encore de mise.

    Arnaud Selignac : Il est vrai qu'à la télévision les personnages sont souvent trop monochromes.

    Pascale Breugnot : Alors qu'on est tous plus ou moins fous !(rires)

    Propos recueillis par Anaïs Bret

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