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    Aurélie Bargème : une experte prend la parole !

    L'interprète de Nathalie Giesbert dans "R.I.S. Police Scientifique" lève le voile sur le tournage de la série policière de TF1. L'arrivée de Philippe Caroit, des saisons plus longues et la difficulté de concilier ses nombreux projets...

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    AlloCiné : Après le départ de Jean-Pierre Michael, quel a été l'accueil réservé à Philippe Caroit ?

    Aurélie Bargème : Les retours que nous avons de la part du public sont assez positifs. Philippe apporte quelque chose de plus qui équilibre, qui fédère bien l'équipe. Je crois qu'au niveau de l'image ça fonctionne. Puis Philippe Caroit est un excellent comédien, là-dessus il n'y a pas de souci. Après, il est évident que c'était plutôt compliqué. Nous avions commencé avec Jean-Pierre Michael, qui est un très bon ami. Et c'est toujours difficile de perdre quelqu'un en route quand on a tout fait depuis le début ensemble et qu'on a vraiment construit le projet de A à Z. En ce sens, ça a été dur pour tout le monde, c'est clair. Pour lui encore plus que pour nous ! Maintenant, Philippe s'est intégré merveilleusement bien, parce qu'il a je ne sais combien d'années de carrière derrière lui, qu'il a l'habitude, et que c'est un type super. Il a fait en sorte à la fois de se couler dans le moule tout en apportant sa part personnelle. Il n'est pas du tout comme Jean-Pierre, il ne dégage pas du tout la même chose. Il est arrivé assez humblement dans une production en cours de route. Et il a réussi à prendre ses marques et trouver sa place. Aujourd'hui, c'est le chef de l'équipe et ça se passe très très bien.

    Les saisons comptaient auparavant entre 8 et 12 épisodes, et la 4ème s'avère être beaucoup plus longue.

    Nous nous sommes aperçus que les gens étaient très frustrés parce que la saison passe très vite. A raison de deux épisodes hebdomadaires, en six semaines la diffusion est terminée. Et c'est vrai que ça fait juste pour se plonger dans le bain. Pas trop le temps d'en profiter, et c'est un peu dommage. L'idée était effectivement de produire plus, vraiment à l'américaine, pour pouvoir faire des saisons qui durent plus longtemps. Il y a toute une nouvelle organisation qui a été mise en place par rapport à ça. Avant on tournait plusieurs épisodes en même temps, aujourd'hui c'est un épisode l'un après l'autre avec les équipes qui restent les mêmes et juste le réalisateur et l'asssistant-réalisateur qui changent tous les onze jours. D'une part, c'est très sympa car on est en famille et que tout le monde se connaît et ça fait des mois et des mois qu'on bosse ensemble ; et d'autre part changer de réalisateur et d'asssistant-réalisateur tous les onze jours sans pause, c'est assez spécial quand même. Nous avons de la chance d'avoir des réalisateurs qui sont formidables, avec lesquels nous avons déjà tourné des épisodes. Donc eux trouvent leurs marques et nous aussi ! Il y a 5-6 réalisateurs qui reviennent régulièrement. Là où c'est un peu difficile, c'est en terme de rythme. Nous tournons non-stop toute l'année avec seulement un mois d'interruption durant le mois d'août. Après chacun a fait part de ses désirs en précisant dans quelle mesure il voulait être impliqué. Par exemple, moi j'ai pris un mois et demi de vacances parce que je voulais jouer au théâtre, sans avoir à cumuler les deux. Nous essayons tous de nous organiser en fonction de nos envies et nos besoins. Et heureusement à la production Alma, ils font le nécessaire pour tout arranger au mieux et nous aider à jongler entre tout ça. Ils ont alors ajouté 3 nouveaux personnages récurrents cette année. Ce qui permet de créer un turn-over et varier un peu les scènes et les situations pour justement qu'on puisse plus s'adapter au planning.

    Il semblerait que les scénaristes tendent à introduire peu à peu des arcs narratifs ?

    C'est toujours un peu délicat. On est toujours sur TF1 un peu partagé entre l'idée de faire du feuilletonant qui va fidéliser le public et au contraire développer des histoires indépendantes pour qu'on puisse rediffuser un peu tout et n'importe quand les épisodes. L'année dernière on n'était pas en feuilletonant. J'ai l'impression qu'on est en train de repartir vers du feuilletonant. En tout cas au niveau des personnages, pas au niveau des histoires ! C'est-à-dire qu'il y a toujours deux histoires par épisodes qui n'ont rien à voir les unes avec les autres. Mais au niveau des personnages, il y a quand même des choses qui se développent. Le public a besoin de s'attacher aux personnages, et pour cela, il faut que les personnages évoluent, qu'il leur arrive des choses. En ce qui concerne mon personnage, il lui arrive quelque chose d'assez important lors de la saison 4, durant cette fameuse période où je suis absente. Et évidemment, cela va avoir des conséquences sur la suite. Il y a des relations qui commencent à se créer, par exemple entre Malik et Claire, entre Valmer et moi peut-être. Il y a des choses qui vont commencer à se créer et qui vont pouvoir évoluer pendant la saison.

    Peut-être dites-vous ?

    Dans l'écriture, les scénaristes s'adaptent à ce qui se passe sur les plateaux de tournage. Quand ils décident de rapprocher deux personnages pour qu'ils aient une aventure, ils commencent à les faire jouer ensemble pour voir ce que ça donne. Et éventuellement, à la suite de ça, ils vont créer une relation, ou pas. Typiquement, l'année dernière sur la saison 3, il était question quand Caroit est arrivé que peut-être nous ayons une aventure ensemble.

    Nous avons commencé à jouer quelque chose dans ce sens, puis finalement on s'est aperçu que ce n'était pas très judicieux que deux personnages principaux aient une aventure. En plus ça avait déjà était fait. Du coup, ça n'a pas été développé. Il y a aussi des choses qui se font ad hoc ; c'est-à-dire qu'on commence à lancer, et on s'aperçoit finalement que ça ne fonctionne pas. L'écriture s'adapte énormément.

    Y a-t-il eu des épisodes qui vous ont plus particulièrement marqué ?

    En ce qui me concerne, il y a effectivement un épisode qui m'a plus touché qui était l'épisode 7 de la saison 1 je crois, où j'avais une aventure avec mon ex-amant qui revenait. Je pensais que c'était un suspect dans une affaire de crime. Cet épisode m'a pas mal concerné car nous étions moins dans l'affaire et beaucoup plus sur mon histoire personnelle. Pour moi, évidemment c'était plus intéressant. Maintenant, il y a des épisodes qui ont été géniaux. Par exemple, l'épisode des égouts était démentiel. On est parti tourner dans les égouts de Prague, parce qu'à Paris c'est interdit pour des raisons d'hygiène, à cause des rats et des cafards. Alors qu'à Prague il y a un égout d'eau fluviale qui était impeccable. Il a même fallu ajouter de la saleté pour qu'il ait l'air sale. On aurait pu se baigner dedans tellement il était propre. Toute l'équipe est partie à Prague pendant quelques jours à tourner non-stop 14 heures par jour dans les égouts. Il faisait terriblement froid. Nous étions obligés de nous réchauffer dans les combinaisons avec de l'eau chaude. C'était très dur mais alors quelle aventure ! C'était vraiment chouette.

    Quelle vision portez-vous sur la fiction française ?

    Déjà je ne vais pas cracher dans la soupe ! Evidemment que je suis très heureuse de faire de la série française, c'est une série de très bonne qualité par rapport à des séries plus traditionnelles. Je suis très contente d'être dans celle-ci et pas dans une autre. J'aime beaucoup ma série mais je ne la regarde pas tous les soirs. Et je ne regarde pas Les Experts tous les soirs. Je regardais au début quand il a fallu que je me documente, mais plus aujourd'hui. Je regarde sur TF1 pas mal de séries américaines telles que Grey's Anatomy, mais pas tellement les séries françaises. En revanche, j'ai une grande admiration pour les fictions françaises dites de prestige proposées par France Télévision. Il y a un travail admirable qui est fait à ce niveau-là. Il y a de formidables réalisateurs, des accessoiristes, des décorateurs, des costumiers, ainsi que de bons scénaristes. Ce sont des téléfilms merveilleux. Sur les 4 dernières années, j'ai tourné 3 téléfilms pour France 3. Et chaque fois, c'était un pur bonheur. En tant que comédienne, et humainement ! Ce sont vraiment de belles oeuvres. Je ne dis pas que la bonne fiction est sur France 3 et la mauvaise sur TF1. Je pense qu'il y a la possibilité de faire de la très bonne fiction. Aujourd'hui, il y a des réalisateurs qui se tournent vers la télévision parce qu'ils n'arrivent pas à faire au cinéma ce qu'ils voudraient, et que finalement la télévision leur donne les moyens. Donc je pense qu'il y a énormément de potentiel. Maintenant, les enjeux sont compliqués. Il faut faire de l'audience.

    Vous parliez de "Grey's Anatomy" ; quelles sont vos séries préférées ?

    Grey's Anatomy et Nip/Tuck ! Et c'est l'horreur parce qu'elles étaient diffusées le même soir. Et chaque semaine, j'étais partagée entre les deux. Nip/Tuck, c'est tellement politiquement incorrect, tellement bien filmé ! Les lumières sont magnifiques, le jeu d'acteurs est incroyable. C'est du haut niveau pour moi en séries. Si on me demande un jour de faire une apparition dans Nip/Tuck, je paie pour y aller (rires). Grey's Anatomy est davantage une série de "nana", une série romantique, mais j'aime bien.

    Vos obligations dans "R.I.S." ne vous empêchent pas de vous consacrer à d'autres projets ? Vous voyez-vous longtemps poursuivre l'aventure "R.I.S." ?

    Il est évident qu'il est difficile de tout concilier. R.I.S. prend du temps. Le tournage nous fait lever à 6h du matin, il faut apprendre les textes et ainsi de suite. Les plannings nous sont communiqués un peu tard, ce qui fait qu'on ne peut répondre positivement pour se consacrer à d'autres projets, R.I.S. ayant la priorité en terme de contrat. Nous manquons pour le coup des occasions. Pour ma part, ce n'est pas tellement des projets filmés mais du théâtre. Maintenant voilà, on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre. C'est hallucinant d'être une série comme ça. C'est une série qui plaît au public, avec des gens avec lesquels on s'entend bien, avec une équipe technique qui est démente. Nous gagnons très bien notre vie. Je vois tellement de personnes autour de moi qui rament ou qui ne font pas ce qu'elles veulent. Je me trouve incroyablement chanceuse ! Il est vrai que parallèlement, j'arrive à faire autre chose. Je suis au théâtre comme je le disais, j'ai tourné des téléfilms, je fais de l'animation TV, une émission sur les jardins, je fais des Rimaquoi sur France 5 en format court. Je fais quand même beaucoup de choses à côté. Après il faut s'organiser. On n'a plus de vie (rires). On travaille les week-ends, les soirs. C'est un désir que j'ai exprimé à la production d'être un peu moins présente sur certains épisodes parce que je m'aperçois qu'en terme de rythme je suis plus heureuse si je ne travaille pas 24h/24 sur le même projet. J'ai besoin de variété. Après ils font ce qu'ils peuvent, c'est quand même difficile de gérer les plannings de chacun, c'est compliqué. Et pour répondre à votre 2ème question, je ne me vois pas faire 25 ans R.I.S. Pour l'instant, je suis très contente dans R.I.S. et je ne projette pas de partir. Ça se passe très bien !

    Propos recueillis par Thomas Destouches lors du 48ème Festival de Monte-Carlo

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