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    "Une Famille chinoise" : rencontre avec Wang Xiaoshuai

    Au dernier festival de Berlin, où le film était présenté en Compétition, AlloCiné a rencontré Wang Xiaoshuai, le réalisateur d'"Une famille chinoise", en salles cette semaine.

    AlloCiné : Pensez-vous que la population chinoise va mieux aujourd'hui, comparé à il y a 20 ans ?

    Wang Xiaoshuai : En ce qui concerne la vie matérielle, oui. Mais en courant derrière le matériel, les gens mettent de côté le bien-être mental. Ils ont sacrifié le moral pour le matériel.

    Les spectateurs doivent-ils considérer les protagonistes d'"Une famille chinoise" comme des modèles ?

    Le thème que j'ai choisi est un problème insoluble.

    Les spectateurs doivent se dire que s'ils étaient dans une situation pareille, ils sauveraient aussi l'enfant. Mais ca veut dire en même temps que cette décision mène à un chaos total et à des ennuis importants. On entre dans une spirale infernale, mais à laquelle on ne peut pas échapper. II faut alors trouver des solutions d'une manière raisonnable et rationnelle. Mais c'est juste ma façon de voir que je propose aux spectateurs. C'est pour qu'ils sachent qu'on peut faire aussi comme ca. Dans la vie réelle, on réagirait probablement avec beaucoup plus d'émotions.

    Pensez-vous que selon les cultures, on gère une telle situation de façon différente ?

    Peut-être. Mais même au sein d'un seul peuple, différentes solutions sont possibles. Cela dépend de notre formation, de notre éducation. Dans le cinéma, cela dépend du réalisateur. Mon film est comme je le voulais. Un autre réalisateur l'aurait peut-être fait complètement différemment et aurait pris une autre direction. Ce que je voulais montrer dans l'ensemble, c'est la faiblesse de l'homme face à son destin impitoyable. Il n'a pas de choix quand il avance face à son destin.

    Xia Lu est très franche avec Dong Fan, sa nouvelle femme. Est-ce que c'est une vertu en Chine, d'être franc avec sa femme ?

    Non, ça n'a rien à voir avec de la vertu. D'ailleurs,

    dans la société chinoise contemporaine, on ment beaucoup. Xia Lu sait que s'il trompe sa femme actuelle avec son ex-femme, elle va divorcer. S'il le fait, il y aura tellement d'ennuis : son mariage sera brisé car de toutes façons, il ne fonctionnera plus. C'est pourquoi il peut aussi dire la vérité car cela ne change rien.

    Le film se passe presque totalement de musique...

    Le film est tellement chargé en émotions qu'on n'a pas besoin de musique pour faire ressentir ces émotions. La musique ne doit pas avoir une fonction, elle ne doit pas souligner les émotions mais être seulement un bruit. Dans ce sens, le film n'aurait besoin d'aucune musique.

    Vous avez tourné plusieurs fins pour votre film. Est-ce qu'il y en a une qui montre ce qui va arriver à la petite fille ?

    Non. Dès le début, j'avais prévu de faire une fin ouverte. La conception du film a toujours été prévue comme ca : je voulais montrer des personnes dans une situation qui les oblige à réfléchir : "Que puis-je faire ? Que dois-je faire ?" L'histoire se termine avec la décision que la femme doit tromper son mari. On montre que la vraie catastrophe ne commence qu'après la fin du film.

    Propos recueillis à Berlin par Barbara Fuchs en février 2008

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