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    "La Vague": Rencontre avec Dennis Gansel

    Après un énorme succès en Allemagne l'année dernière, "La Vague" sort dans nos salles cette semaine. Allociné a rencontré le réalisateur Dennis Gansel qui nous a parlé du phénomène d'appartenance à un groupe et de l'immigration.

    Est-ce que vous apparteniez vous aussi à un groupe (scouts, église, sport,...) quand vous étiez jeune ?

    Dennis Gansel : Je faisais partie d'un groupe de skate quand j'étais ado. Il était dirigé par deux garçons plus âgés, qui étaient couvreurs et avaient des sympathies pour les skinheads. Leurs propos politiques étaient insupportables.

    Mais j'ai quand même préféré ne rien dire pendant six semaines car je ne voulais pas perdre ma place dans le groupe. J'avais envie de faire du skate, rien d'autre. Le fait d'avoir dû rester silencieux pour éviter un conflit fut une expérience décisive pour moi et a beaucoup influencé mon travail.

    Pourquoi avez-vous choisi d'effectuer un service civil plutôt que le service militaire ?

    Mon grand-père était un soldat acharné, chose qui m'a influencé d'une certaine manière. J'ai ressenti intimement la faute collective commise lors la deuxième guerre mondiale, et j'ai pensé qu'il ne fallait pas perpétuer la tradition militaire en Allemagne.

    Quelle(s) limite(s) se doit fixer un professeur, et jusqu'à quel point peut-il influer sur le développement personnel de ses élèves, selon vous ?

    C'est difficile à dire. Un bon prof devrait toujours encourager ses élèves et entretenir de bons rapports avec eux. Il devrait aussi contribuer à leur " humanisation " ; ce faisant il peut faire des erreurs fatales mais aussi susciter des choses formidables. Je ne pense rien de bien des cours magistraux, ex cathedra, sans émotion. En cas de doute, le prof devrait interroger son bon sens, qui peut également lui permettre de voir où il faut établir des limites.

    A travers l'Europe, le rejet de l'immigration semble croître. Les sujets qu'abordent " La Vague " sont-ils plus actuels que jamais ?

    Certainement, et avec la crise économique le climat social de l'Europe va devenir encore plus rude. La tolérance s'exerce plus facilement dans la prospérité que dans la crise. C'est pourquoi le sujet est extrêmement actuel, en regard aussi de ces nombreux mouvements politiques qui utilisent la crise pour attirer l'attention, avec des solutions apparemment faciles. Il faut garder la tête froide, c'est le seul moyen de s'opposer efficacement aux escrocs.

    Est-ce que l'Union Européenne peut contrebalancer cette évolution inquiétante, au sein des Etats membres ?

    C'est sûrement déjà le cas, mais de manière restreinte. L'Union Européenne a gagné beaucoup de respect ces dernières années, elle est perçue de manière radicalement différente.

    Mais l'idée de l'Europe n'est toujours pas suffisamment ancrée dans la tête des gens, pour être un vrai contrepoids. Ça va prendre du temps, en partie aussi à cause de l'élargissement de l'Union, mais ça va venir.

    Avez-vous vu le film " Entre les murs " ? Pensez-vous qu'une approche semi-documentaire (même si fictionnelle), avec un casting d'élèves, aurait été possible pour " La Vague " ?

    Je n'ai malheureusement pas encore vu le film mais je suis très impatient de le faire. Personnellement, travailler de manière documentaire, ce n'est pas mon truc, et je pense que cela aurait été dangereux pour traiter ce thème.

    Propos recueillis en février 2009 par Barbara Fuchs

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