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    Un réalisateur qui nous dit "Merde" !

    "La Merditude des choses", c'est le nouveau phénomène belge, en salles ce mercredi 30 décembre. Rencontre avec le réalisateur Felix Van Groeningen, en attendant de savoir si le film sera sélectionné aux prochains Oscars.

    AlloCiné : "La Merditude des choses" est à la fois une comédie et un drame. C'est à la fois drôle et très émouvant.

    Felix Van Groeningen : C'est le sentiment que j'ai eu en lisant le livre dont le film est inspiré. De l'humour et de l'émotion. J'ai trouvé le livre génial mais étrangement, au début, je ne pensais pas en faire un film. Au milieu de ma lecture, je n'avais pas l'impression qu'il y avait matière pour le cinéma. J'ai abandonné l'idée assez vite car j'avais l'impression que ça ne menait nulle part. Mais j'ai continué à le lire, parce qu'il est superbe ce livre, et c'est devenu très émouvant, très mélancolique, très cynique... Il y avait un peu de tout, et la fin était sublime. Là, je me suis dit qu'il y avait tout pour faire un film. Des scènes marrantes, ok, mais surtout une âme, une histoire qui parle des choses essentielles de la vie.

    AlloCiné : le film s'intéresse à une famille pas comme les autres qui se bat, comme elle le peut, pour son quotidien...

    Le film parle de cette famille, et l'action se déroule d'abord concrètement au sein de cette famille. Et puis, on s'en éloigne et on suit le regard du fils, qui est devenu écrivain, quinze ans plus tard. Il y a beaucoup d'amour pour cette famille au début, et plus l'écrivain s'éloigne, plus le regard sur cette famille est dur. Mais il y a de l'amour dans ces personnages, toujours.

    AlloCiné : Vous réussissez à les faire aimer en quelques plans, alors que certains pourraient paraître détestables par moments...

    L'amour des personnages me motive pour faire un film, mais je n'ai jamais pointé ça spécifiquement. Je ne savais pas que ça allait être aussi émouvant. Les situations crééent cela. J'ai voulu rendre des situations incroyables crédibles et ça fonctionne, ces personnages sont incroyablement humains, avec leurs défauts et leurs qualités. On les comprends, et immédiatement, cela vous rapproche d'eux.

    AlloCiné : un mot sur les acteurs, tous incroyables...

    J'ai pris mon temps pour les choisir. Le premier que j'ai choisi, c'est le père, qui avait déjà joué dans mon film précédent. Ensuite, les frères. Ca s'est fait un an avant le tournage. Je n'ai vu qu'une dizaine d'acteurs pour les autres rôles. J'ai pensé longtemps, j'ai fait des petites listes, des combinaisons. Ce qui est marrant, c'est que la bonne combinaison, qui est celle du film, est franchement flagrante, mais j'ai mis du temps à la voir ! C'était devant mon nez et je ne la voyais pas. Maintenant, c'est clair. J'ai eu de la chance. Ces acteurs, ce sont tous des bêtes de jeu. Cela a été un plaisir incroyable, j'adore quand les comédiens aiment vivre dans leurs personnages. Et ils sont tous comme ça. Je suis leur plus grand fan !

    AlloCiné : Vous avez été à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, vous avez obtenu un prix au Festival de Groland et vous représentez la Belgique pour l'Oscar du Meilleur film étranger. De quoi êtes-vous le plus fier ?

    Cannes. Groland, je ne connaissais pas avant. J'avais vu Aaltra, mais le reste, leurs univers, ce qu'ils représentent, je ne connaissais pas. C'est génial d'avoir eu un prix là-bas, ils sont géniaux, avec un grand coeur. C'était un plaisir, mais Cannes c'est devant. C'est la Rolls Royce des festivals. Pour la reconnaissance, c'est le top, et entrer à la Quinzaine, c'est génial, c'est comme les frères Dardenne ! Pour les Oscars, c'est super, mais c'est Cannes qui nous a donné cette chance. On saura en janvier si on est nommé à l'Oscar du Meilleur film étranger. Ca approche, on verra bien. Peut-être qu'on se mettra à poil sur le Hollywood Boulevard, on sera arrêtés mais c'est pas grave ! (rires)

    Propos recueillis par Clément Cuyer

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