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    Interview de Howard Gordon, le producteur de "24 heures chrono"

    Le producteur et scénariste de la série "24 heures chrono", Howard Gordon, répond aux questions d'Allociné. Il parle en particulier des saisons 7 et 8, de sa passion pour la série et de son héros Jack Bauer...

    En quoi le fait de ne pas savoir si la série sera renouvelée pour une saison 9 affecte votre façon d’écrire cette saison ?

    Howard Gordon : Je veux juste me concentrer sur l’histoire de cette saison sans penser à autre chose. Tant que Jack n’est pas mort tout est possible.

    Est-ce que cela signifie que vous seriez satisfait si ce season finale devait être le series finale ?

    Honnêtement, j’aurais été satisfait que la série s'arrête avec la saison dernière [saison 7] – beaucoup moins avec la saison d’avant [saison 6], mais aussi avec la saison 5 et la saison 4.

    Est-ce que le projet d’un film "24 heures Chrono" est toujours d’actualité ?

    Nous avons des conversations sporadiques à ce sujet. Oui, le projet d’un film est toujours sur la table.

    Pouvez-vous définir pourquoi une saison de "24 heures Chrono" est bonne et pourquoi une saison est mauvaise ?

    Je pense que c’est toujours dans les os ou l’ADN du premier épisode de chaque saison et de ce que ça promet. Je dis sans aucune réserve que je suis extrêmement fier de cette année et également de la saison dernière. Mais le sol était beaucoup plus fertile les deux premières années. Encore une fois, tout vient du personnage de Jack Bauer. Il était plus facile à présenter comme un être humain lorsqu’il était un père, un mari, et l’évolution de ce personnage tête-brulée rend les choses de plus en plus difficile. Il est davantage devenu un personnage mythique. Un personnage si marqué et si tragique qu’il est devenu difficile à faire. On est allé loin et le plus difficile a été de se sortir de ce contexte émotionnel. Mais, c’est cette boucle qui en fait une saison réussie. On doit avoir le sentiment que l’enjeu dramatique posé en début de saison ait trouvé sa réponse à la fin. Je suis donc fier de toutes les saisons.

    Quel est l’enjeu dramatique de ce début de saison ?

    L’enjeu dramatique est simple : comment Jack va-t-il se sortir de cette journée ?

    Mais n’est-ce pas la même question à chaque saison ?

    D’accord, mais à la fin de la saison 2, il s’agissait de comment Jack se pardonnera à lui-même de ce qui s'est passé durant la saison 1. Et ensuite, comment stoppera-t-il la bombe nucléaire ? Encore une fois, cela semble réducteur mais sérieusement, à la fin de la saison précédente, il y a eu un très bon moment pour Jack, lorsqu'il a réalisé qu'il était disposé à examiner certaines questions sur sa vie et jusqu'où il avait été. Il était évidemment capable de se pardonner à lui-même aux portes de la mort. Donc maintenant qu’il s’est pardonné à lui-même, ce qui est un moment très important, il peut s’autoriser à être heureux, à reprendre sa vie. La question est, bien sûr, comment va-t-il traverser cette journée ? Très vite, il est repris dans l’action mais cette même question reste présente toute la saison.

    Etait-ce plaisant de débuter la saison avec Jack dans un esprit plus léger que dans les saisons précédentes ?

    Est-ce plaisant ? C’était nécessaire. Kiefer et moi, nous nous sommes regardés et il a dit : "Cela ne peut pas arriver. Jack a été loin dans la noirceur, nous ne pouvons pas le refaire. Je ne peux juste pas supporter d’être à nouveau Jésus sur la croix." En partant de la fin de la saison précédente, c’était très facile de revenir vers ça et d’imaginer Jack armé de quelque chose à quoi se raccrocher pour vivre.

    Y a-t-il une référence à la guérison de la maladie, qui lui a été presque fatale, à la fin de la saison 7 ?

    Oui. Je crois que Kim [la fille de Jack, jouée par Elisha Cuthbert] et son mari disent : "Il en a fini avec son traitement, il a terminé la semaine dernière".

    Quel était le danger pour Kim en faisant don de ses cellules pour aider Jack ?

    Vous savez quoi ? C’est très rare – (rires) Je ne sais pas. Ça n’a jamais vraiment été expliqué, mais brièvement dit, que cette technologie des cellules souches, où l’on retire des cellules de l’os de la hanche, était quelque peu risquée.

    Jack semble aussi avoir des hématomes qui disparaissent très vite après avoir été battu.

    Je suis très conscient de cela. Et Kiefer l’est aussi particulièrement. Nous serrons les dents sur ce sujet, mais si vous vous souvenez, dans la saison 3, Carlos Bernard est blessé par balle dans la nuque, puis il retourne derrière son bureau avec un pansement. Le divertissement réside aussi dans ce côté extrême de la série. Une de nos seules devises est que rien n'est intéressant si tout va bien. Et je pense que cela explique tout.

    Quel degré de réflexion accordez-vous à savoir si une saison commence à une heure du jour ou de la nuit ?

    Nous réfléchissons beaucoup à la question. Nous avons fait nos armes lorsque nous avons commencé la saison à minuit. C’est l’inverse de quand les journées sont longues. Nous commençons à tourner en juin lorsque les jours sont plus longs. Nous avons quatorze heures de jour et puis vous vous retrouvez à l'extérieur pendant la nuit, vous avez donc des journées de tournage plus courtes. Si vous démarrez la nuit, vous vous retrouvez coincé par des problèmes de planning de production. Donc depuis, la saison commence toujours tôt le matin. Cette année, nous avons démarré plus tard, à 16h, uniquement à cause de New York. Il est apparu que c’était la meilleure manière de s’accommoder du fait que nous étions limités par où et quand nous pouvions tourner.

    Gérez-vous le tournage à New York de la même manière que lorsque vous avez tourné à Washington D.C. l’année dernière, c’est-à-dire avec quelques semaines sur les lieux puis le tournage des intérieurs à Los Angeles ?

    Oui, c’est très similaire. Il faut dire que nous avons une équipe de production remarquable. Nous ne pouvions procéder que d’une seule manière à New York pour des raisons liées aux techniques de filmage, écran vert et autres technologies, qui demandent du travail. Vous ne pouvez pas croire que vous n’êtes pas à New York. Alors, nous étions vraiment dépendants des effets spéciaux, comme jamais auparavant.

    Utilisez-vous la nouvelle caméra digitale RED ?

    Nous avons en effet utilisé la caméra RED pour une séquence je crois. Nous avons joué avec mais nous sommes finalement resté au 35mm.

    Quand Gregory Itzin revient-il en ancien Président Charles Logan cette année ?

    Gregory Itzin revient dans l'épisode dix-sept ou dix-huit.

    Auriez-vous préféré que la FOX n’annonce pas son retour ?

    Oui mais vous savez, il n’y a plus de surprises. Donc il ne s’agit même pas de "si" mais plutôt de "comment". Le retour de Tony Almeida [interprété par Carlos Bernard était une grosse surprise que nous voulions préserver. Nous avons essayé de cacher les noms mais ça n'a pas marché. Il y avait des gens pour espionner le plateau, alors on a juste laissé tomber.

    Est-ce que Jean Smart va revenir ?

    Non, elle ne revient pas.

    Est-ce que Audrey, la petite-amie de Jack, incarnée par Kim Raver, est morte ?

    Audrey n’est pas morte. Elle n’est même dans le coma. Mon opinion est qu’elle est au plus mal dans un hôpital psychiatrique. Mais elle pourrait tout aussi bien être mariée à un entrepreneur de Virginie avec un enfant.

    Avez-vous discuté avec Kim Raver d’un possible retour dans "24 heures Chrono" ?

    Nous avons discuté avant qu’elle ne prenne ce rôle dans Grey's Anatomy. Le timing et l’histoire ne coïncidaient pas. Mais j’adore Kim. La relation entre Jack et son personnage était très bien. Mais je dois dire que la chose pour laquelle je suis le plus excité cette année est la relation entre Kiefer et Annie Wersching, [qui interprète l’ancien agent du FBI Renee Walker]. Elle est époustouflante. La saison précédente était bien et elle était super mais je crois que le rôle était limité. C’était presque plus intellectuel et cérébral qu’émotionnel. Et cette saison, elle est phénoménale. Elle est certainement la femme qui comprendra le mieux Jack. Même Audrey ne comprenait pas ce que c’était que de se salir les mains et d’avoir à prendre ces décisions qui vous triturent le cerveau. Aucun personnage féminin n’avait encore aussi bien compris Jack que le personnage de Annie Wersching.

    Avez-vous le sentiment que la série est en train de changer dans sa manière de gérer certains éléments socio-politiques ? Par exemple, dans la saison 7, il y avait ces deux pauvres immigrants musulmans qui étaient encadrés par une organisation militaire privée et Jack qui s’excusait auprès d’eux. Ceci aurait-il été concevable lors des deux premières saisons ?

    Je pense que nous tous, en tant que spectateurs, nous n’aurions même pas été en mesure de poser ces questions au moment des premières saisons. Dans plusieurs scènes, on a vu une famille musulmane qui possédait un magasin de sport, être agressée par des xénophobes. Nous avons vu ce thème exploré et l’année dernière j’étais particulièrement fier de la manière élégante dont nous l’avons fait. Mais je pense qu’il y a des thèmes que nous avons introduit et mis en place. Mais, encore une fois, le monde et notre manière de l’appréhender ainsi que la complexité du terrorisme ont changé. Notre manière de les présenter est beaucoup plus complexe aujourd’hui que lors des premières saisons.

    Avez-vous une scène ou une saison préférée dans les sept saisons passées ?

    Il y en a deux. La première, une que j’ai écrit, lorsque Teri [l’épouse de Jack, interprétée par Leslie Hope] réalise que l’homme avec qui elle est n’est pas Alan York. J’adore ce moment, parce que c’est le premier scénario que j’ai écris pour 24 heures chrono et je l’apprécie pour la nouveauté qu’il représentait alors. Et puis il y a le moment où Jack doit tuer Chapelle. C’est un moment toujours très iconique pour moi.

    A ce stade, êtes-vous constamment en train de penser à la série et aux intrigues ?

    Oui. Je pense, vit, rêve et respire pour cette série. Ce qui est un problème. (rires)

    Qu’est-ce qui vous ferez dire qu’il est temps d’arrêter ?

    Je pense que ce serait après que tous nos efforts concertés pour trouver une idée ne mèneraient à rien. Il y a une sorte d’obstination de ma part et de celle de l’équipe de scénaristes. Même si nous ne sommes pas invités à demander quelle serait la prochaine histoire, je pense que nous essayerions d’en trouver une.

    Savez-vous si Jack vivra ou s’il mourra à la fin de la série ?

    J’ai toujours pensé que voir les dernières heures de Jack serait très dramatique. Je ne pense pas que je pourrais le tolérer. Donc je ne pense pas que la série se terminera sur un happy end mais je pense que Jack vivra. La vraie question est comment vivra-t-il ?

    Propos recueillis par Emmanuel Itier à Los Angeles en Janvier 2010. Traduit de l'anglais par Claire Varin

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