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    "La loi selon Bartoli" se raconte

    TF1 a un nouveau héros, un juge décalé. Rencontre avec l'auteur, le producteur, Stéphane Freiss et les autres comédiens, qui nous racontent "La loi selon Bartoli"...

    Parlez-nous de l’origine de ce projet ?

    Stéphane Freiss : L’histoire nous est arrivée par les producteurs, dont François Charlent avec qui j’ai déjà fait cinq films. Il y a donc une longue histoire d’amitié et de complicité entre nous tous. Ce que je lis dans le film, c’est une bande de gens qui a envie d’être ensemble. Ca se sent. Moi, ça me fait du bien quand je vois les autres. Mais cette histoire ne serait pas ce qu’elle est sans l’auteur Hervé Korian. Il a un talent exceptionnel. Ses histoires sont écrites avec tellement de sensibilité, d’intelligence et de compétence parce qu’il ne s’attaque jamais à un sujet sans savoir de quoi il parle et quand il sait de quoi il parle, il oublie tout pour mettre de l’humanité dans ses personnages. Ensemble, pendant des mois, on a fait un travail de précision, en se voyant très souvent et en fignolant les choses. Je trouve qu’un acteur joue bien lorsqu’il a en face de lui un autre personnage qui est bien nourri. On s’est d’abord amusé à développer Bartoli mais inévitablement, dès qu’on touchait Bartoli on touchait toute la structure et tout l’édifice et chaque personnage, à qui on a voulu donné autant pour que les scènes soient excitante à jouer pour tout le monde et pour le spectateur. Et au final, on a quelque chose d’assez jubilatoire et une vraie liberté pour tout le monde.

    Est-ce que le personnage, sa fantaisie, vous ressemble ?

    Stéphane Freiss : J’ai commencé comme acteur de comédie puis visiblement j’ai inspiré autre chose quand j’avais 20 ou 25 ans, par mon physique. On m’a ramené à des rôles plus romantiques… J’ai joué le jeu parce que c’était une époque de ma vie, de ma maturité d’acteur aussi d’ailleurs. Ma patience a été récompensée par ma rencontre avec des gens qui me donnent la possibilité d’exister. C’est vrai que je me sens parfaitement bien dans la comédie. Là on touche à quelque chose qui est assez rare parce qu’on part d’histoires qui sont vraies, de cas qui ont existé ou qui ont été développés par Hervé, inspirées de choses graves, réelles et on arrive à y mettre cette fantaisie, qui probablement est une partie de moi.

    Le personnage mange tout le temps…

    Hervé Korian : C’est un besoin de plaisir. Le travail lui prend tout son temps et pour trouver un équilibre, il a besoin de plaisir.

    La suite est-elle déjà en préparation ?

    François Charlent : Oui, nous sommes en train de travailler sur les deux prochains épisodes.

    Pourquoi avoir choisi le format 90 minutes plutôt que le 52 minutes ?

    François Charlent : Simplement parce que nous voulions raconter beaucoup de choses, que nous n'aurions pas pu dire en 52 min. Et la chaîne a accepté donc…

    Est-ce que vous connaissiez les autres comédiens avant ce projet ?

    Stéphane Freiss : Non, je ne connaissais personne avant cette aventure, sauf de nom bien sûr. Mais je n'ai qu’une hâte, c’est de les retrouver. Nous sommes tous très différents dans nos emplois et on a un plaisir fou à jouer ensemble. Nous n'avons eu que vingt-deux jours pour faire ce pilote et c’est un bonheur énorme que de se retrouver ensemble, passant d’une scène de tendresse à une scène de provocation. Nous avons tourné à Aix, c’est aussi pour cela que nous avons été plus soudés. La complicité et l’intimité se font plus vite parce que vous êtes loin de chez vous. En plus, dans une ville qui est pleine de charme et très accueillante. Et du coup, on a rencontré des acteurs de la région, que j’ai trouvé très très touchants, qui sont des troisièmes rôles, qui viennent pour un jour et demi et qui sont incroyablement généreux dans leur manière de jouer.

    Il y a déjà un juge d’instruction sur TF1, en l’occurrence une femme, "Alice Nevers"…

    François Charlent : Notre idée était d’inventer un nouveau personnage qu’on a envie de voir. Ce qui nous a intéressés au départ, c’était de ne pas faire ce que l’on fait habituellement en France et qui selon nous est une erreur, c’est-à-dire prendre un personnage socio-type, genre un juge, un flic, un commissaire, un instit, etc. et puis, on le met juste dans sa catégorie et à partir de là découlent des dialogues. On a voulu faire l’inverse. Nous avons cherché à créer un personnage, à qui nous avons inventé un passé - que vous ne voyez pas dans le film. Nous lui avons inventé des défauts, des qualités, de la fantaisie. A un moment, on s’est dit : Bartoli, c’est un handicapé de la vie ! Et puis, nous en avons fait un juge parce qu’il faut des histoires avec des enjeux, qui intéressent le public.

    Hervé Korian: Ce qui nous a intéressés, c’est le pouvoir qu’a un juge d’instruction et que peut-être il n’utilise pas. Là, le personnage pouvait le faire. Et c’est ce que Bartoli dit dans l’épisode, il a la possibilité de diriger la gendarmerie et la police. Un véritable juge d’instruction, qui est doyen au tribunal de Marseille, a lu le scénario – et j’étais d’ailleurs terrifié en me disant : mais combien de fois ai-je franchi la ligne ? Il m’a dit : "effectivement, peut-être à part monter dans les arbres, je pourrais me comporter comme le personnage".

    Stéphane Freiss : Nous pourrions leur donner des idées. On est en pleine mise au point d’une réforme de la justice, et du juge d’instruction en particulier. Est-ce que ça veut dire la fin du personnage ? non. D’abord la réforme n’est pas votée et le juge d’instruction ne va pas disparaitre, il va se transformer. Et je pense que nos personnages ont tout à gagner parce qu’on va être de plain-pied accroché à l’actualité. C’est excitant et je pense qu’on s’en servira d’ailleurs ! J’ai eu la chance sur place, puisqu’on tournait au palais de justice, de rencontrer plein de gens et je ne me suis pas privé de les faire parler. La scène avec le procureur dans laquelle je mange la paille dor et qu’il me dit : "vous travaillez sur quoi ?" et je lui réponds : "je fais semblant de réfléchir". Il y avait quatre juges qui étaient en-bas, qui ne pouvaient pas passer et qui disaient "qu’est-ce que j’aimerais dire ça au procureur". (rires) Si on arrive à les faire réagir comme ça, on fera réagir tout le public. Tout le monde a envie d’équitée en société. Il y a un côté Robin des Bois là-dedans et c’est tant mieux. La chaîne prend le pari assez gonflé de choisir la transgression comme vecteur de communication. C’est lorsque l’on est au début de l’excès que les choses bougent. Et je pense que tout le monde peut se reconnaitre en Bartoli. Son audace peut inspirer tout le monde.

    Carole connait bien Bartoli, la greffière est un peu amoureuse de son juge, non ?

    Sophie Le Tellier : Je pense qu’ils vont terminer ensemble. (rires)

    Nadia, l’assistante intérimaire de Bartoli est également chanteuse, est-ce que vous chantez ?

    Alexia Barlier : Ce n’est pas moi qui chante dans l’épisode mais s’il y a une suite j’aimerais bien. J’ai été choisie peu de temps avant le tournage et je n’ai pas eu le temps de me remettre au chant. Mais là, ils ont choisi quelqu’un qui a une voix un peu similaire à la mienne… Nadia est forte et courageuse. Elle élève son fils seule et on s’aperçoit aussi que c’est un peu par choix. C’est quelqu’un de très honnête dans ses choix de vie, elle n’a pas peur de se mettre en danger. Il y a beaucoup d’humanité en elle comme chez tous les autres personnages. Elle est très douce et touchante mais elle a également beaucoup de répartie. Elle ne se laisse pas faire.

    Entre Bartoli et Cappa, c’est l’opposition constante…

    Philippe Bas : Cappa représente le point de vue de la police, quelque chose de concret et de cadré. Il a une vision des choses assez réduite. On a besoin du personnage pour montrer que le juge a raison de chercher autre chose. Pour Cappa, Bartoli est un casse-couilles.

    Stéphane Freiss : Nous lançons une histoire, on amène des personnages pour faire avancer l’histoire. Mais au moment où nous commençons, nous ne sommes pas encore sûrs de qui sera récurrent et de qui ne le sera pas. Et en le faisant, on se rend compte qu’il y a des pillers. Je pense que tous les cinq que nous sommes, personne ne marche sur les plate-bandes de personne. S’il n’y a pas le rapport Cappa-Bartoli, il me manque une partie de mon personnage. Le côté nounours qu’apporte Lionnel adoucit mon personnage et le rend plus fraternel. L’acidité parfois douloureuse de Carole – parce qu’elle nourrit probablement un désir pour moi – montre une autre facette du personnage.

    Stéphane Freiss, est-ce que vous seriez capable de lâcher le cinéma et le théâtre pour faire quatre épisodes par an ?

    Stéphane Freiss : Huit par an même ! C’est le plus beau personnage que j’ai eu à jouer. J’ai joué des personnages formidables. Je ne peux pas dire que Camus n’est pas une belle histoire dans ma vie, que Gilles dans 5x2 n’est pas un des personnages de ma vie, non. Mais là, je n’ai jamais eu autant de liberté ni autant d’envie de jeu.

    Propos recueillis par Claire Varin, le 3 mars 2010

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