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    "V" : l'interview de Morena Baccarin

    Morena Baccarin incarne Anna, la leader des Visiteurs dans le remake de "V", actuellement diffusée sur TF1. Nous l'avions rencontrée lors du 50ème Festival de Monte-Carlo...

    "V" est restée dans les mémoires aussi pour ses "What The Fuck Moments", des scènes particulièrement marquantes et excessives. La nouvelle série en a-t-elle également ?

    Morena Baccarin: Oui bien sûr ! Des moments complètement fous même... Voyons... Anna mange la tête de son amant, elle enfante des milliers d'oeufs, Valérie est enceinte d'un bébé "Visiteur" et manque de manger un rat, des vaisseaux se placent au-dessus des plus grandes villes du monde... Je pourrais continuer encore longtemps (rires) !

    "V" traitait en profondeur du nazisme. Nouveau show, nouvelle époque, cette nouvelle série s'attaque au "11 septembre"...

    Elle se déroule dans un monde post-11 septembre. La peur de votre voisin, la crise de la confiance... toutes ces thématiques sont au coeur de la nouvelle série.

    Les Visiteurs veulent envahir la Terre. Ils utilisent de nombreux moyens et des armes multiples. Mais ils sont aussi à la merci des Hommes, qui se battent avec ce qu'ils ont et ce qu'ils sont. Leur plus grande arme et le plus grand danger concernant les Visiteurs, ce sont les émotions humaines, n'est-ce pas ?

    Les Visiteurs ont longtemps étudié les émotions humaines et, au départ, ils utilisent cette vulnérabilité contre les Hommes.

    Anna est consciente du pouvoir des médias et de ce qu'elle peut en tirer. L'invasion dans "V" est aussi une invasion de l'image, de la télévision, des médias en général...

    Les Visiteurs sont assez intelligents pour savoir comment les Humains réagissent à l'image en général. Ainsi, Anna utilise les médias, sa propre image et même son enfant pour faire passer son message, insidieusement, à travers les médias. Le fait de projeter son image sous le vaisseau lors de l'arrivée sur Terre est aussi une façon de donner une sorte de dimension "fantastique" aux Visiteurs. Elle veut toucher et provoquer des émotions pour mieux les manipuler.

    Comme vous l'avez dit, elle est capable de blesser son enfant pour faire passer son message. Cela montre jusqu'où elle est capable d'aller...

    Anna ne recule devant rien en effet. Elle peut utiliser sa fille ou n'importe qui pour arriver à ses fins. A propos de la scène où elle blesse sciemment sa fille, elle a cette phrase qui résume parfaitement sa compréhension des médias : "Ne dis rien, une image vaut 1000 mots". Et c'est vrai.

    De très nombreuses scènes sont tournées devant un fond bleu, vous n'avez aucun ou très peu d'éléments de décor, tout se concentre sur le jeu, sans fioritures et avec beaucoup d'imagination...

    En fait, c'est un peu comme faire du théâtre pendant 14 heures par jour (rires) ! Vous devez constamment vous rappeler exactement où vous êtes et vous resituer dans l'espace. Les différences sont nombreuses et signifiantes que l'on soit dans un couloir ou derrière un bureau, y compris au niveau du jeu. C'est très exigeant.

    Dès qu'elle est entourée d'Humains, Anna joue toujours un rôle, elle est constamment en représentation. La considérez-vous comme une comédienne ?

    En effet, je pense même que cela va au-delà de ça. Elle devient très exactement ce qu'elle veut que les autres voient. Elle se transforme.

    Pour quelle scène mériterait-elle un Oscar ?

    (rires) Pour la scène avec sa fille. Elle paraît bouleversée au micro des journalistes, elle dénonce ceux qui ont blessé son enfant avec tellement de douleur, feinte, dans les yeux.

    Anna est donc une comédienne, elle est manipulatrice, elle doit lutter pour son peuple tout en cachant ses intentions, tout en luttant contre les émotions humaines... C'est une belle cour de récréation pour une comédienne, non ?

    Oui, et en même temps tout est une question d'équilibre, constamment. Il ne faut pas oublier que je suis "humaine" et que j'ai également des émotions (rires) ! Je joue une alien qui prétend avoir ces mêmes émotions donc c'est un sacré mille-feuilles ! Il y a tant de choses à faire mais tout doit être joué en subtilité. Je ne dois pas trop en faire... tout en faisant quelque chose, comme je disais c'est une question d'équilibre, de mélange entre "tout" et "rien" ! Mais oui, vous avez raison, ce'st une belle cour de récré !

    Anna se déplace toujours doucement, avec beaucoup de classe, de grâce, sans à-coup, comme si elle voulait gommer toute brutalité de son image. C'est une démarche voulue ?

    Après avoir lu le script, j'ai su immédiatement qui elle était et ce que je voulais en faire. Je n'ai jamais vraiment réfléchi à l'avance par contre à sa façon de bouger, c'est davantgae une création organique, qui s'est imposée d'elle-même et qui est devenue naturelle pour moi. Parfois, il peut arriver qu'en fin de journée, avec la fatigue, je bouge d'une certaine façon, je fasse un geste qui n'est pas propre à Anna et je me rends compte immédiatement. Sur ce plan-là, je me laisse guider par mon instinct.

    Quelle est la première chose qui vous vient à l'esprit si je dis... "Stargate SG-1" ?

    Diabolique (rires) ! Plus sérieusement, cette série était une expérience très agréable. D'ailleurs mon personnage était (ndlr : Adria) était très différente d'Anna. Elle assumait pleinement sa dimension diabolique, sans avoir preuve de la montrer ou de la jeter aux yeux des gens. Elle voulait régner sur l'univers, point final (rires) ! Quand j'y repense, je me dis que j'ai vraiment été bien accueillie par cette équipe qui travaillait ensemble depuis tant d'années. La seule chose que je ne regrette pas, ce sont mes lentilles de contact qui étaient particulièrement inconfortables (rires) !

    Propos recueillis par Thomas Destouches & Yoann Sardet lors du 50ème Festival de Monte-Carlo

    Vous en voulez plus ? Alors regardez notre interview d'Elizabeth Mitchell, l'interprète d'Erica dans V :

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