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    Tim Minear : The Hollywood Code

    Producteur, scénariste, créateur, réalisateur, Tim Minear est un touche à tout qui compte à Hollywood. L'homme derrière "The Inside" et "Drive" est aussi un proche collaborateur de Joss Whedon, avec lequel il a travaillé sur "Buffy", "Angel", "Dollhouse" et "Firefly". Il revient avec nous sur sa carrière, l'annulation de son dernier projet, "Terriers", et sur sa collaboration avec Shawn Ryan, à l'occasion du lancement de "The Chicago Code"...

    Allociné : Vous avez vécu plusieurs annulations de séries, mais d’après ce qu’a dit John Landgraf, le président de FX, le cas de "Terriers" est assez unique.

    Tim Minear : Oui c’est vrai.

    Il a expliqué qu’il vous avait directement convoqué avec le showrunner Shawn Ryan et le créateur Ted Griffin pour discuter de l’annulation de la série. Avez-vous pu débattre de la situation ou était-ce simplement une manière nouvelle et respectueuse pour une chaîne d’annoncer une annulation ?

    C’était un peu des deux. On voulait lui en parler pour essayer de le convaincre de poursuivre la série. Mais il avait fait une grande étude pour comprendre pourquoi Terriers n’avait pas fonctionné. Et il en avait conclu que c’était à cause de la campagne de promotion et du titre. Toutes ces choses, à différents niveaux, ont affecté les audiences. Il a donc voulu s’entretenir avec nous pour nous faire part de ses conclusions. Parfois c’est juste une question de timing, d’alchimie, de l’état d’esprit du public au moment de la diffusion. Donc je crois que ça nous a permis d’apprendre quelque chose.  Et c’était réellement la première fois, et je le lui ai dit,  que le président d’une chaîne nous expliquait les raisons de sa décision. Et au final, bizarrement, on s’est senti plutôt bien.

    John Landgraf a estimé que le problème venait du fait que la série était subtile et que le public américain n’avait malheureusement pas l’air d’avoir envie de ça. Etes-vous d’accord avec cette vision de choses ?

    Si j’étais au courant de ce genre de choses, ma série ne s’arrêterait pas au bout de 13 épisodes (rires). Est-ce que je pense que Terriers était trop subtile ? Je ne sais pas. Dans le troisième épisode, les gars sautent par une fenêtre après qu’Hank ait dit « Sens mon doigt! » Je ne sais pas si c’est vraiment subtil (rires). C’est plutôt vrai concernant le pilote mais je ne crois pas que ça le soit pour la suite de la série. La vérité, c’est que l’on est toujours à la recherche du moment ou le public est vraiment scotché et se dit « je n’arrive pas à croire ce qui vient de se passer mais c’était vraiment bien trouvé et je comprends pourquoi le personnage a agi de la sorte, pourquoi il a fait ce mauvais choix même s’il savait que ce n’était pas le bon.» C’est ce genre de moments que j’ai envie de produire à la télévision.

    Au moins "Terriers" a eu le droit à une saison complète, ce qui n’est pas le cas de beaucoup de séries annulées sans que tous les épisodes ne soient diffusés...

    Oui. Ce qui est drôle, c’est qu’après avoir travaillé pour les grands networks, j’avais vraiment envie de produire pour le câble. J’ai commencé avec Loïs et Clark, qui était bien évidemment pour ABC, donc une grande chaîne. Quand j’ai fait Angel , c’était presque une entrée dans le monde du câble puisque la WB n’était pas un de ces grands networks. Les audiences dont on avait besoin pour continuer étaient très éloignées de ce qu’exige une grande chaîne. Par exemple, Firefly, qui a été un échec sur un grand network, avait, à son plus bas,  de bien meilleurs résultats que Buffy contre les vampires à son apogée sur la WB. Ca prouve que le succès d’une série dépend de ces facteurs.

    J'avais donc toujours voulu produire pour le câble, en pensant que ma sensibilité était plus adaptée à ces chaînes et que je n’aurais pas à m’inquiéter des audiences et des annulations (rires). On peut presque dire que c’est l’opposé qui s’est produit. La chose qui m’a le plus surpris, c’est que, malgré les scores très bas que nous enregistrions, John Landgraf (ndlr : président de FX) n’a pas empêché la diffusion des 13 épisodes prévus, et n’a pas non plus changé la série de case horaire.  Je sais qu’il subissait des pressions de la part de casse-pieds qui voulaient éjecter la série de cette case qui pouvait rapporter beaucoup en publicité. Il ne l’a pas fait. Ça a beaucoup joué dans le fait que je respecte sa décision d’annuler la série, parce qu’il a été beaucoup critiqué auparavant. Il nous a soutenu, car il avait du respect pour tout le travail que nous avions accompli. C’était très important.  Et bien sûr, après ce qui s’est passé, ma philosophie a toujours été de bien finir la série. Je voulais que les 13 épisodes aient une unité dramatique, afin que ce soit un vrai produit fini, qui puisse exister en DVD et qui soit une expérience satisfaisante. Même si c’était dur d’arrêter, je crois que nous avons au moins réussi ça.

    A quoi aurait ressemblé la saison 2?

    Je ne pense pas qu’Hank (Donal Logue) et Brit (Michael Raymond James) seraient allés au Mexique. Brit aurait très certainement purgé sa peine en prison et nous les aurions retrouvés six mois plus tard. Les deux premiers épisodes auraient vu Brit en prison et Hank faire d’autres choses. On aurait développé une intrigue au sein de la prison qui aurait pu se  poursuivre à l’extérieur. C’était une des directions que l’on souhaitait prendre.  La vérité, c’est que la télévision est une course contre la montre. C’est un peu comme dans Les Aventuriers de l'Arche perdue, quand ils courent devant cette boule géante. On essaye de garder un bon timing, d’avoir les scénarios prêts à temps pour tourner mais je peux vous dire que l’on était déjà en retard le premier jour. Nous ne sommes donc pas allés très loin dans l’écriture de la saison 2, parce que nous étions déjà bien occupés à gérer la première.  Mais on avait déjà pensé à ce que Brit soit en prison et au fait que l’on ne recommence pas exactement là où la première saison s’était arrêtée.

    Vous aviez un très bon casting, avec Donald Logue pour jouer Hank…

    Oh oui! Ça a été une révélation. Je ne peux pas dire à quel point les acteurs ont apporté de choses à la série. D’accord, Ted Griffin et moi avons écrit les personnages, mais la vérité, c’est que Donal Logue et Michael Raymond James leur ont donné vie et les ont rendus subtils.  Donal n’essayait pas d’en faire des tonnes, il était vrai et crédible à 100%, dans tous les choix qu’il faisait. Et c’était très réfléchi. Il ne faisait pas ça à la va-vite, comme certains acteurs qui lisent juste leurs dialogues et récitent leur texte. Pour être honnête, je n’avais jamais vu ça auparavant. Il y a aussi des choses que nous développions au fur et à mesure ou que nous n’avions pas prévu. Par exemple, nous avions l’idée qu’à un moment, Katie (Laura Allen) allait coucher avec son professeur. Mais on ne savait pas encore ce qui allait se passer, si le professeur allait être une femme, si Katie ferait un plan à trois ou si elle serait droguée. Ces questions sont presque restées sans réponses jusqu’à ce qu’on tourne l'épisode.

    Si le professeur avait été une femme, vous n’auriez pas pu développer cette intrigue autour du test de paternité...

    Oui exactement. Tous les choix ont des conséquences. On avait donc des idées narratives, on savait où on voulait aller avec ces 13 épisodes, mais on essayait aussi de garder une certaine flexibilité, comme si on faisait du jazz. On pouvait dériver et laisser les choses se mettre en place mais il y avait aussi des décisions que l’on devait prendre en termes de production. Par exemple l’épisode en forme de flash back que j’ai écrit (ndlr : Sins of the Past) a été fait pour des questions de production. Nous avions dépassé les délais et il fallait écrire un épisode qui ne prendrait pas plus de six jours de tournage. J’ai donc proposé l’idée des flash-back, qui permettait de répondre à ces exigences.

    C’est l’épisode où l’on voit comment Hank et Brit se sont rencontrés ?

    Oui. Normalement on tourne un épisode en 7 jours, ce qui est court. Sur une grande chaîne, ça se fait en huit jours. Et là, il nous fallait le faire en 6 jours. Quand vous regardez l’épisode, vous remarquez que beaucoup de scènes se passent au poste de police ou dans l’appartement. Sinon il y a aussi une scène sur le parking du karaoké, mais tout le reste a été filmé en intérieur.

    Croyez-vous que "Terriers" puisse continuer sous une autre forme, par exemple dans des romans ou des comic-books ?

    Je ne pense pas, mais j’ai beaucoup appris de mes expériences précédentes avec Angel et Firefly, qui ont eu une continuité innatendue. Les comics basés sur Buffy, Angel et Firefly continuent d’être publiés ainsi que les romans graphiques. Il y a eu le film Serenity après l’arrêt de Firefly et on a parlé, il y a quelques années, de faire un long métrage centré sur l’univers de Buffy. On ne sait donc pas ce que l’avenir nous réserve. Ce qui est sur, c’est que même s’il n’y a pas de deuxième vie pour Terriers, il y aura d’autres  projets impliquant Ted Griffin, Shawn Ryan et moi-même.

    D’ailleurs vous avez une nouvelle série avec Shawn Ryan (ndlr : créateur de "The Shield") qui débutera en février...

    Ca s’appelle The Chicago Code. Ce n’est pas juste une série policière, puisque Chicago a vraiment un rôle important. Ça parle de la corruption dans la ville et de ce que Chicago a vraiment de spécial. On suit la première femme commissaire de police (Jennifer Beals) et son ancien co-équipier (Jason Clarke), qui est toujours détective. Ils font de nouveau équipe pour traquer la corruption dans le système. C’est donc bien plus qu’une série sur le mode du « Il y a un cadavre, menons l’enquête ».

    Le tournage a lieu à Chicago?

    Oui, bien sur.

    N’est-ce pas difficile de tourner une série ailleurs qu’à Los Angeles ? Surtout que c’est là que vous habitez.

    Oui ce n’est pas évident. On a, par exemple, tourné Wonderfalls à Toronto et les scénaristes étaient à Los Angeles. De la même manière, quand je travaillais sur X-Files, le tournage avait lieu à Vancouver. Ce n’est donc pas une situation inhabituelle. Mais ça rend les choses plus compliquées. Par contre, nous avons tourné Terriers à San Diego, qui a le mérite d’être dans le même état que Los Angeles. Ce qui n’est évidemment pas le cas pour Chicago. Cela peut donner l’impression que l’équipe de tournage et les acteurs sont un peu livrés à eux-mêmes. Ce qu’on essaye de faire avec Shawn Ryan, c’est que le scénariste de l’épisode en question soit présent sur les lieux pour la préparation et le tournage. Ce n’est évidemment pas aussi bien que de pouvoir être en permanence sur place, comme c’était le cas sur les plateaux de Buffy ou de Firefly. Cela ne remplace pas ce genre d’intimité, mais on fait de notre mieux pour combler cet éloignement.

    Avez-vous le sentiment d’avoir appris quelque chose de l’expérience "Terriers" qui puisse vous être utile pour "The Chicago Code" ?

    On apprend toujours des choses. Par exemple Shawn Ryan a changé le titre original de The Chicago Code, qui devait à la base s’appeler Ridealong. C’était un beau titre mais ça ne rendait pas la spécificité de la série. The Chicago Code ne sonne peut être pas aussi bien que Ridealong, ce n’est pas aussi subtil, mais je crois que nous avons appris qu’un titre est important en matière de marketing. Cela permet à une série de se faire entendre du public, qui est déjà très sollicité de toutes parts. Heroes, par exemple, était un très bon titre. L’affiche de la série, avec ce titre, ces personnages alignés et cette image d’éclipse, donnait envie de regarder le pilote. Avec du recul, je sais maintenant que le plupart des séries que j’ai produit avaient des mauvais titres. Wonderfalls, The Inside, Firefly : ces titres ne parlent pas au public. Terriers sonne comme un  programme de téléréalité sur des chiens. D’un autre côté, je trouve que Drive était un excellent titre, qui disait, en un mot, beaucoup de choses sur la série (ndlr : une course de voitures illégale à travers les Etats-Unis). Pourtant la série n’a pas du tout marché. Je ne comprends donc rien (rires).

    Avez-vous beaucoup participé aux deux saisons de "Dollhouse" ?

    Oui, j’étais là pour les deux saisons.

    Aviez-vous réfléchi à l’éventualité d’une saison 3 ou saviez-vous déjà que la série serait annulée à l’issue de la saison 2 ?

    C’est assez drôle parce que nous n’avions même pas pensé à la saison 2. On pensait que la série serait annulée à l’issue de la saison 1. On pensait vraiment que ce serait la fin du show. Et puis on a été renouvelé. Donc on n’avait pas beaucoup discuté de la saison 2, mais votre question portait sur la saison 3. Comme on avait eu une chance incroyable d’être renouvelé une première fois, ce que personne n’attendait, on avait effectivement commencé à penser à la saison 3 (rires) C’est pour dire !

    Je vais poser une question pointilleuse, mais vous avez écrit et réalisé "Getting Closer". Dans cet épisode, on apprend que Boyd Langton (Harry Lennix) est en fait la tête pensante de la Rossum Corporation. Mais si Rossum avait tant besoin du fluide d’Echo (Eliza Dushku) pour arriver à ses fins, pourquoi prenait t-il le risque de l’envoyer en mission si souvent ?

    C’est en fait pour ça qu’il est devenu son responsable. Il voulait tester ses aptitudes, parce qu’elle était en quelque sorte une expérience scientifique pour lui. Il avait besoin de voir comment elle allait évoluer. Il est donc descendu de sa tour d’ivoire et s’est rapproché d’elle pour mieux l’observer.

    Qu’aurait-on pu voir dans la saison 3 ?

    L’annulation a aidé la saison 2. On nous a annoncé la nouvelle alors que nous étions encore en train de tourner la saison, il nous restait 4 ou 5 épisodes. On a donc injecté beaucoup de ce qu’aurait pu être la saison 3 dans ces derniers épisodes. Ça a permis de donner de l’impulsion à la seconde moitié de la saison, ce qui n’aurait peut-être pas été le cas si on ne nous avait pas stoppé prématurément.  Ou peut-être que ce n’était pas vraiment prématuré, c’est difficile à dire. Je pense qu’on serait parti dans la direction ou Echo (Eliza Dushku) serait devenue une sorte de super-héroïne. Elle serait devenue la somme de toutes ces empreintes, ces différents morceaux qui, au final, lui auraient permis de devenir un être sensible, presque une vraie personne. Le concept de départ était vraiment excellent, il sonnait vraiment bien quand on se l’imaginait mais quand on s’asseyait véritablement pour écrire le scénario, ce n’était pas aussi simple. Nous devions construire une série autour d’un personnage principal qui avait une mémoire très limitée. Je pense que ça pouvait être ennuyeux pour le public, qui avait toujours une longueur d’avance sur Echo. Et puis on a commencé à lui permettre de se rappeler des choses, à se concentrer sur ses pouvoirs et alors la série est devenue différente. Je pense donc que ce que vous auriez vu dans la saison 3, c’est un show qui se concentre plus sur sa mythologie et sur l’aspect super héros. Ca aurait donc ressemblé un peu plus à Buffy.

    En parlant de "Buffy" et de son spin-off, y a t-il quelque chose que vous aimeriez dire sur Andy Hallett, qui jouait Lorne dans "Angel" et qui est décédé en 2009 ?

    J’avais fait une vidéo pour lui rendre hommage dès que j’ai entendu la nouvelle.  Sa mort est une perte immense qui m’attriste toujours et je suis très heureux que nous ayons eu la chance de travailler avec lui sur Angel. On ne peut même pas dire à quel point il était unique. Ce n’était pas un acteur professionnel et Joss Whedon s’était inspiré de lui pour créer le personnage de Lorne dans Angel. Il était très proche de Joss et de sa femme Kai, il avait grandi dans la même ville qu’elle. Joss s’était donc inspiré directement d’Andy Hallett et lui avait fait passer un casting, sans être sûr qu’il lui confierait le rôle. Au final, personne d’autre que lui ne pouvait jouer Lorne. C’était vraiment facile d’écrire pour ce personnage. On ne pensait pas le garder si longtemps, et il est pourtant resté jusqu’à la fin. Sa mort est une tragédie, puisqu’il était très jeune (ndlr : 33 ans), mais il a fait tellement de choses pendant ses dix dernières année, qu’on ne peut pas dire que son destin est tragique.

    Quand il s’agit de la partie création, préférez-vous travailler en collaboration, comme vous l’avez fait avec Joss Whedon et Shawn Ryan, ou aimez-vous être indépendant, comme ce fut le cas sur "Drive" ?

    Tout dépend. Pour dire vrai, j’ai vraiment géré Terriers avec Shawn Ryan et Ted Griffin. Shawn était parfois absent pour travailler sur son pilote et j’étais là pour les questions quotidiennes. Ted n’avait jamais fait de télévision avant donc nous étions vraiment partenaires. Ça ressemblait beaucoup à ma collaboration avec Bryan Fuller sur Wonderfalls. Il avait fait de la télé mais il n’avait jamais dirigé un programme auparavant. C’est toujours bénéfique de travailler avec des gens qui sont meilleurs que vous dans un domaine et qui peuvent vous apprendre des choses. C’est ce que Howard Gordon (ndlr: scénariste sur X-Files, Buffy, 24 heures chrono) avait tenté de m’expliquer, quand il essayait de me convaincre de travailler avec Joss Whedon, que je ne connaissais absolument pas. Il me disait : « Tu dois travailler avec lui. C’est important de collaborer avec des gens qui sont plus intelligents que toi. » Et j’ai vraiment écouté ce conseil. Donc si quelqu’un me demandait demain de choisir entre faire ma propre série ou travailler en collaboration avec Ted Griffin, j’opterai tout de suite pour la deuxième proposition.

    Si vous trouvez qu’ils sont plus doués que vous dans un certain domaine, pourquoi pensez-vous qu’ils font appel à vous ? Est-ce parce que vous êtes également meilleurs qu’eux dans autre chose ?

    C’est une admiration mutuelle. Ça repose toujours sur le fait que, lorsque l’on choisit un collaborateur, on veut quelqu’un qui va apporter quelque chose et permettre de faire du bon travail. Mais comme je l’ai dit, Ted Griffin n’avait jamais fait ce genre de chose. Le premier soir, on a fait un repas de Noël, avant de commencer à tourner Terriers. Et à la fin du dîner, Ted m’a pris à part. J’était donc seul avec le scénariste d’Ocean's Eleven et de Vorace, une référence à Hollywood, et je le redoutais un peu. Je m’étais dit « Je vais faire une série télé avec ce scénariste de cinéma, qui croit sûrement qu’il est mieux que les gars de la télé et on fait appel à moi pour lui montrer comment  faire et lui apprendre des choses. » Je ne savais pas si ça allait bien se passer, s’il allait m’écouter. Et donc il m’a pris à part pour me dire qu’il savait pourquoi j’étais là et qu’il allait écouter mes conseils. Et ça a été une collaboration fantastique, c’est même le meilleur partenaire avec qui j’ai jamais travaillé.

    Vous permettez-vous d’improviser quand vous écrivez un épisode ou devez-vous suivre une ligne directrice ?

    Ce que nous avons fait sur Terriers représente mon idéal. Et c’est plus ou moins ce que j’essaye toujours de faire. Pour Dollhouse c’était différent, parce que nous étions toujours en train de chercher notre vitesse de croisière pour correspondre aux attentes de la chaîne. Quant à Firefly, nous devions nous battre contre la chaîne donc ce n’était pas la même  chose. Mais quand les choses se passent bien avec le diffuseur, on a vraiment la possibilité de laisser parler notre créativité et de ne pas se brimer.

    Passez-vous parfois par la phase ou vous avez envie d’abandonner parce que vous ne vous reconnaissez plus dans la série telle que la veut la chaîne ou êtes-vous toujours dans l’optique de faire le travail pour lequel on vous paye, même s’il ne vous satisfait pas totalement ?

    Ces deux idées peuvent cohabiter. Je crois qu’aujourd’hui, je suis arrivé à un point où je sais reconnaître le moment où il est temps pour moi de quitter une série parce qu’elle ne me satisfait pas. Après Drive, j’ai pris conscience qu’il était parfois bon de savoir quand partir. Mais je n’ai jamais vraiment été dans ce genre de situation. J’aurais peut-être pu le faire pour Dollhouse, mais j’étais là pour Joss Whedon et c’est la raison pour laquelle je n’aurais pas démissionné.

    "Drive" n’a connu que 4 épisodes…

    Oui, mais nous avions prévu 6 épisodes et cela nous a pris un an. C’était un long processus, entre le moment où nous avons écrit le scénario, tourné le pilote, et le moment où une chaîne a finalement commandé un épisode, avant de changer d’avis. Pendant ce temps là, j’avais commencé à travailler sur Standoff et au final on m’a rappelé pour me dire que Drive allait vraiment se faire. De plus, il m’a fallu presque 1 an pour convaincre tout le monde d’embaucher Nathan Fillion. C’est un ami et il voulait vraiment le faire. Je ne comprenais pas pourquoi les gens étaient réticents à l’engager, alors qu’il est clairement une star. J’ai donc fait un montage de trois minutes avec des images de Nathan dans Serenity et je l’ai donné à Pete Liguori, le président de la chaîne qui était intéressée. 20 minutes après, il m’a appelé pour me dire de l’engager. Et je me suis dit que c’était peut-être parce qu’il ne le connaissait pas vraiment. C’est le parfait exemple de décision, qui, bien qu’elle semble évidente, peut prendre des mois. Et ça vous montre à quel point il a été compliqué de développer Drive.

    Avez-vous quelque chose à ajouter ?

    Juste que je suis impatient de travailler à nouveau avec une chaîne du câble, idéalement avec FX. Notre collaboration pour Terriers a tenu toutes ces promesses et, malgré l’annulation, je ne regrette rien.

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