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    "La Femme du Vème" : 5 questions à Pawel Pawlikowski

    A l'occasion de la sortie de "La Femme du Vème", dans les salles depuis mercredi, rencontre avec le réalisateur Pawel Pawlikowski.

    Six ans après My Summer of Love, Pawel Pawlikowski revient avec La Femme du Vème, une fiction intriguante et envoûtante, à la croisée du drame, du thriller et du fantastique. Librement adapté du roman éponyme de Douglas Kennedy, le film raconte l'histoire de Tom Ricks, un romancier américain, venant à Paris dans l’espoir de renouer avec sa fille. Mais rien ne se passe comme prévu : démuni, logé dans un hôtel miteux, il se retrouve contraint de travailler comme gardien de nuit... Porté par Ethan Hawke (voir son interview blind-test) et Kristin Scott Thomas, La Femme du Vème est en salles depuis le 16 novembre.

    Tout comme "My Summer of love", "La Femme du Vème" est une adaptation libre d'un roman...

    Pawel Pawlikowski : Ce n’était pas de vraies adaptations, c’était plutôt des points de départ. Le livre [de Douglas Kennedy] était un point de départ pour une aventure un peu différente.  Le livre est un thriller qui marche très bien dans son genre. Il a eu du succès. Mais je ne voulais pas faire un thriller. Je préférais faire un film dans lequel le personnage n’est pas un type qui à un problème avec les gens, qui tombe dans un piège comme dans le livre, où il y a beaucoup de gens méchants, où son ex-femme veut lui chercher des problèmes. Je voulais faire un film sur un type qui est le problème. Ca fait une grande différence. Il n’y a pas de meurtre, il n’y a pas la police, il n’y a pas tous ces codes du thriller dans mon film.

    Si les gens s’attendent un thriller, ils vont être déçus. Ce n’est pas non plus un film naturaliste ou un document social ou un mélodrame. Je cherchais à faire un film « sui generis » [avec son genre propre], qui établit ses propres règles, qui n’est pas reconnaissable tout de suite.

    Je n’avais pas de modèle pour ce film. Ce n’est pas vraiment un mélange de genre, mais un film qui ignore les autres genres, et qui développe sa logique propre.

    Comment avez-vous découvert le livre de Douglas Kennedy ?

    P.P. : Les productrices m’ont donné ce livre. Elles m’ont dit : "ce n’est peut être pas ton truc, mais regarde".  A l’époque, j’étais en train d’écrire un autre film sur une femme avec une maladie mentale, mais assez naturaliste, brut ! Et quand ce livre m’est tombé dans les mains, j’ai pensé que c’était peut être plus intéressant de faire un film sur la dépression, la schizophrénie… Mais d’une façon plus métaphorique, plus enjouée, et moins littérale, évidente.

    Pourquoi avez-vous choisi de tourner avec Ethan Hawke et Kristin Scott Thomas ?

    P.P. : J’ai toujours aimé ce qu'Ethan Hawke faisait. Et c’est un écrivain dans la vraie vie, comme le protagoniste du film. Or, c’est très difficile pour un acteur de jouer un intellectuel si on ne l’est pas vraiment. Je l’ai aussi choisi parce qu’il est très sympathique à l’écran. Il a quelque chose de chaleureux, enfantin, même s’il a déjà  40 ans. J’avais besoin que le protagoniste dégage une image sympathique, car dans le film, on perd peu à peu confiance en lui. Je voulais jouer ce double-jeu, et pour ça, j’avais besoin d’un acteur qu’on aime.

    Ce qui m’a attiré pour Kristin Scott Thomas, pour ce rôle, c’est qu’elle semble être un personnage hors du temps. On ne sait pas si elle est anglaise, française. Et c’est une très bonne actrice. Et le couple Ethan Hawke-Kristin Scott Thomas n’était tellement pas évident que ça m’a excité un peu.

    Que ce soit dans "My Summer of love" ou "La Femme du Vème", vos films ont la particularité de dégager une impression étrange, un peu hors du temps. Ce sont des films qui désorientent le spectateur... Quel est votre secret ?

    P.P. : Ce n’est pas une volonté de désorienter, mais j’aime quand il n’y a pas beaucoup de signes pour nous informer. Le monde est plein de signes, plein d’informations. Dans le cinéma, je veux échapper à ça. J’aime créer un monde un peu idéalisé ou un peu onirique, mais qui n’a rien à voir avec aujourd’hui.

    Pour le casting, j’aime trouver des acteurs qui ne soient pas "génériques". Et dans l’image, j’essaye qu’il n’y ait pas trop d’informations, pour se concentrer sur les choses essentielles.  Je préfère parler de l’amour, de la mort, de choses essentielles, d’une façon essentielle. C’est un peu de là que vient mon obsession pour la notion "hors du temps".

    Quels sont vos projets après ce film ?

    P.P. : Je travaille sur 4 projets en même temps. J’ai déjà écrit le scénario d’un film, Epic. A présent, je cherche des financements, un casting... Je projette de travailler à nouveau avec Ethan Hawke. J’ai plusieurs bons acteurs  qui sont intéressés, donc peut être que ça va marcher. Mais je dois encore trouver des moyens. Je préfère ne pas trop en dire pour le moment. En tout cas, c’est une comédie, une comédie ambigüe, pour se soulager après La Femme du Vème !

    La Femme du Vème

    Propos recueillis par Brigitte Baronnet, le 2 novembre 2011, à Paris.

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