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    "Le Roi Lion 3D" : Le responsable de la conversion répond à nos questions

    Dix-huit ans après son couronnement en 1994, "Le Roi Lion" est le tout premier classique des studios Disney à ressortir en salles reconverti en 3D. Robert Neuman, qui a supervisé la conversion du film, a répondu à nos questions.

    Il y a dix-huit ans, Le Roi Lion faisait trembler les salles obscures de son rugissement pour la toute première fois. Les premières larmes accompagnant la mort de Mufasa se mettaient à couler, et on pouvait déjà entendre les rues bordant les cinémas résonner de joyeux "Hakuna Matata"… Ce petit diamant brut aux débuts timides, et longtemps considéré comme un projet sans avenir, s’est hissé avec une ressource insoupçonnée au-dessus des cimes du box-office pour devenir le classique Disney le plus reconnu et le plus aimé de tous temps.

    Près de deux décennies plus tard, à l’heure où les plus grands succès de l’Histoire ressortent en salles reconvertis en 3D, Le Roi Lion s’offre un nouveau pelage et entend bien pousser son rugissement du haut du Rocher aux Lions en trois dimensions. Robert Neuman, déjà responsable de la stéréoscopie sur Raiponce en 2010, et qui s’est vu confier la responsabilité de s’occuper de celle du Roi Lion, a bien voulu nous raconter son expérience…

    -Selon vous, pourquoi "Le Roi Lion" a-t-il tant de succès à travers le monde entier ?

    Je pense que c’est parce qu’il explore des thèmes universels, auxquels chacun peut se rattacher. Le fait d’être un père, d’être un fils, de prendre des responsabilités. Toutes ces thématiques sont universelles. Je pense que c’est pour ça qu’il s’agit d’un classique aussi impérissable.

    -Quelles sont les raisons pour lesquelles il a été choisi pour devenir le premier classique Disney converti en 3D ?

    Pour plusieurs raisons. Certaines étaient créatives, d’autres étaient commerciales, et d’autres enfin étaient techniques. D’un point de vue commercial, Le Roi Lion était un phénomène, un véritable succès qui n’était pas revenu sur grand écran depuis au moins 10 ans. Il y a donc toute une génération qui n’a pas eu le plaisir de le voir en salles. D’un point de vue créatif, c’était un très bon candidat pour une reconversion 3D, car il avait été réalisé de façon très cinématographique. C’est un film d’animation qui n’a pas du tout un style cartoon. Les plans de caméra donnent l’impression qu’une véritable caméra est allée tourner dans un décor réel en 3 dimensions. Comme cela était déjà présent dans le film, nous avions une bonne matière sur laquelle travailler pour une reconversion 3D. Enfin, d’un point de vue technique, Le Roi Lion a été l’un des premiers films d’animation en 2D à utiliser un système que nous appelons le CAPS (Computer Animation Production System), et qui est le premier véritable système d’encre et peinture numérique. Au moment de la conversion, nous avions donc à disposition tous ces atouts, toutes ces archives que nous pouvions restaurer. Tous les arrière-plans, les transparents, les différents plans des personnages étaient à notre disposition.

    -Comment avez-vous commencé à travailler sur le film concrètement ?

    J’ai commencé par revoir le film avec les réalisateurs originaux pour déterminer avec eux quels étaient les segments de l’histoire les plus importants, ce à quoi nous voulions vraiment donner le plus de profondeur. A partir de ces informations, j’ai commencé à élaborer ce que nous appelons une maquette 3D. Cela implique de prendre chacun des 1200 plans du film et de les annoter. Certains plans comprenant un mouvement de caméra ou un mouvement complexe de personnage requéraient des annotations sur plusieurs niveaux. Je prenais donc séparément différentes parties du plan et je notais en chiffres exacts à quelle profondeur une partie de l’image devait entrer dans l’écran, à quelle distance une autre devait sortir de l’écran, etc.… C’est ainsi que nous avons créé ce modèle, cette vision spécifique de ce que la 3D du film allait être. Tout cela a ensuite été envoyé à nos artistes qui ont travaillé à partir de ces directives très précises.

    -Quelle est la scène la plus spectaculaire en 3D ?

    Il y a plusieurs séquences réellement spectaculaires. La scène des gnous, par exemple. C’est un moment très émouvant et chaotique, lorsque Simba est piégé au milieu du troupeau, et je pense que nous avons vraiment réussi à augmenter encore cette émotion en y ajoutant de la profondeur.

    -Quelle différence cela fait-il de travailler sur un nouveau film en CGI comme "Raiponce", et sur un classique comme "Le Roi Lion" ?

    D’un point de vue créatif, c’est la même chose. J’ai pensé les deux films exactement de la même façon, en cherchant comment la technologie 3D pouvait aider à raconter l’histoire et à augmenter l’émotion. Par contre, en termes de technique, c’est complètement différent. Dans un film en CGI comme Raiponce, nous avons déjà un véritable espace virtuel en 3 dimensions dans lequel nous pouvons insérer ces caméras virtuelles pour le filmer. Dans le cas d’un classique reconverti, en revanche, nous sommes obligés de prendre des parties de l’image séparément et de leur donner de la portée. Nous avons dû créer ces "cartes de profondeur" qui étaient des images à grande échelle sur lesquelles les endroits plus clairs devraient sortir de l’écran, alors que les endroits plus sombres auraient plus de profondeur. C’est ainsi que nous arrivions à donner du champ aux images, et à créer des formes et des dimensions à l’intérieur. Toutes ces formes et ces dimensions existaient déjà dans un film comme Raiponce : il s’agissait donc simplement de choisir les bons paramètres de caméra 3D pour saisir tout ça, de la manière dont nous voulions raconter l’histoire.

    -Pensez-vous que Disney est en train d'entrer dans un nouvel âge d'or ?

    Oui, vraiment. Je pense que nos compétences n’ont probablement jamais été meilleures. Vous n’avez qu’à regarder les histoires merveilleuses qui sortent en ce moment, et la qualité de production qui va avec. Dans un film comme Raiponce, on sent que tous les artistes ont pris part au jeu à tous les niveaux. Il s’agit probablement de la meilleure animation d’êtres humains jamais vue. La lumière est incroyable et je pense que nous avons défié les limites de la 3D. Quant à ce qui vient, tous les projets sont plus magiques les uns que les autres.

    -Savez-vous quel sera le prochain classique Disney à bénéficier d'une conversion 3D ?

    Oui, car nous avons commencé à faire quelques tests dessus. Il s’agit de La Petite Sirène.

    -Etes-vous impliqué dans la création des "Mondes de Ralph" ou de "Frozen" (les deux prochains classiques Disney, prévus pour décembre 2012 et novembre 2013) ?

    Oui. Pour Frozen, nous n’avons encore fait aucune estimation au niveau de la 3D, mais pour Les Mondes de Ralph, nous sommes en plein milieu de l’élaboration des caméras stéréoscopiques, et de l’aspect 3D du film.

    -Le résultat semble-t-il convainquant ?

    Le film a l’air génial. Il s’agit d’une bonne opportunité pour travailler sur la 3D, grâce à tous ces environnements merveilleux : il y a 3 ou 4 mondes différents entre lesquels on voyage pendant le film, et chacun d’entre eux possède sa propre atmosphère, sa propre apparence. C’est donc une opportunité rêvée pour faire de la bonne 3D !

    Propos recueillis par Thomas Imbert

    Le Roi Lion

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