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    "Django Unchained" : Tarantino en conférence de presse !

    Au printemps dernier, Quentin Tarantino levait le voile sur son très attendu "Django unchained" au cours d'une conférence de presse américaine. A ses côtés, de fines gâchettes : Jamie Foxx, Christoph Waltz et Kerry Washington. Morceaux choisis.

    Western spaghetti et western macaroni

    Quentin Tarantino : Il y a une dizaine d’années, je voulais écrire à la fois un western spaghetti et un western dont le héros est un ancien esclave qui devient cowboy et chasseur de primes. J’en avais parlé à un des producteurs, Reginald Hudlin, j’avais même le titre en tête, mais je n’avais pas d’histoire. Puis je suis allé au Japon pour la promo de Inglourious Basterds, et là-bas les westerns-spaghetti sont très populaires, ils les appellent des westerns-macaroni. Je me suis procuré des tas de DVD et des bandes originales que je n’avais jamais pu trouver ailleurs. Je m’éclatais à écouter ces BO dans ma chambre d’hôtel, et c’est là que j’ai eu l’idée de l’histoire de Django Unchained. Je me suis alors mis à écrire la scène d’ouverture.

    Quentin Tarantino

    Les références, du western à Wagner

    QT : Par certains aspects,  "Django unchained" se présente comme un pur western. Parmi les références, il y a bien sûr les westerns, et plus précisément les westerns-spaghetti américains et noirs, tels que Buck et son complice, Boss (Boss Nigger) ou des films de ce style. Mais il y a d’autres pistes, et notamment tout ce qui touche au film de vengeance. Pour être honnête, il y a aussi un peu du Cycle de l’Anneau de Wagner dedans, à travers le personnage de Kerry Washington, qui s’appelle Broomhilda [référence à Brunhilde, la fiancée de Siegfried dans Le Ring de Wagner]  et à travers le personnage de Christoph Waltz, le Dr. Schultz. [Un journaliste évoque Mandingo de Richard Fleischer comme référence possible] Bien que j’aime le côté clinquant de Mandingo, un de mes films préférés de Fleischer, ce n’est pas ce que j’ai cherché à faire. Mais c’est vrai que le sujet est proche. J'ai vu beaucoup de films italiens dérivés de Mandingo et j’ai beaucoup d’affection pour ces films.

    KW : Je pense que ça va être délicat avec ce film parce que tout le monde va vouloir le comparer avec des choses qui existent déjà. Or nous cherchons à proposer un film comme on n’en a jamais vu auparavant ! On n’a jamais vu cette histoire racontée de cette façon, dans ce monde et à cette époque. On peut difficilement le comparer à un autre film.

    Christoph Waltz : Chaque film qui a pour héros un personnage avec un chapeau de cowboy n’est pas La Chevauchée fantastique !

    Jamie Foxx et Leonardo DiCaprio

    Jamie Foxx et Christoph Waltz

    QT : Je n’ai pas écrit "Django Unchained" en ayant un nom en tête. J’ai donc rencontré six acteurs différents, parmi lesquels Will Smith, en effet [QT répond à un journaliste sur la rumeur Will Smith]. On a alors réuni tout le casting, fait des essais, répété des scènes... A la fin de ce long processus, je devais faire mon choix. Honnêtement, Jamie Foxx était le dernier à passer. Mais après avoir passé du temps avec lui, j’ai appelé les autres candidats pour leur dire : « Ecoutez, j’ai trouvé mon Django. N’y voyez rien d’irrespectueux et tout ça, on aurait pu aller plus loin mais… » Vous savez lorsque vous rencontrez la bonne personne. En dehors de tout le reste, Jamie a compris ce que j’avais écrit et ce qu'il devait apporter. J’ai rencontré six acteurs, six magnifiques acteurs, mais c’était LE cowboy que je recherchais.

    Jamie Foxx : Lorsque j’ai rencontré Quentin, la première chose dont je lui ai parlé était mon expérience, parce que ce film est un western, mais parle aussi d’esclavage. En tant que gamin ayant grandi au Texas, la question raciale et la ségrégation existaient fortement. Lorsque ma sœur, originaire des quartiers défavorisés du Sud de Dallas, a lu le portrait de mon personnage, elle a eu les larmes aux yeux. Et lorsque j’ai enfilé pour de bon la panoplie de cowboy et enfourché mon cheval, j’ai regardé ma sœur et ses yeux se sont illuminés, comme si elle me disait : « Wow ! Tu es vraiment un cowboy ! ». Ensuite, le travail a été long, le personnage a beaucoup évolué tout au long du tournage.

    Christoph Waltz et Jamie Foxx

    QT : J’adore Christoph et j’ai fait quelque chose d’inédit avec lui, surtout que j’ai écrit ce personnage pour lui : je l’invitais à venir me voir de temps en temps, alors que 20 à 30 pages du scénario étaient écrites. Nous allions dîner dehors ou il venait chez moi lire ces pages que personne d’autre n’avait lues, à part moi. Et il a découvert le script ainsi, par vingtaine de pages, jusqu’à ce qu’il soit terminé. C’est même devenu un rituel.

    CW : Je suis une personne assez sceptique et quand Quentin m’a invité chez lui avec Jamie, j’ai accepté l’invitation en me disant « Voyons si cet acteur est aussi cool que ce que j’imagine ». Et en fait Jamie est l’incarnation même du type cool. Je n’ai pas réellement conscience de ce que sont les rapports interraciaux aux Etats-Unis. Je connais quelques petites choses mais Jamie m’a raconté des histoires qui m’ont permis d’ouvrir les yeux. C’était vraiment enrichissant. Ce type est donc cool et intéressant.

    Un tournage avec QT

    JF: Je n’ai jamais été sur un tournage où on se marre autant ! Quentin joue de la musique entre les prises. Et toutes les 100 bobines, on se prend des shots ! Soit c’est de la Tequila, soit le truc qu’on a pris la dernière fois...

    QT : Des Mint Julep !

    Jamie Foxx et Franco Nero

    JF : Ouais, le cocktail Mint Julep ! Plus sérieusement, c’est vraiment quelqu’un de bienveillant. Je dis ça parce qu’à Hollywood, les egos peuvent être surdimensionnés… Je l’observais, notamment dans une scène qu’on tournait avec des chaînes. On était attachés en plein air, il faisait 28°C. Il est allé voir chacun d’entre nous, même si ceux qui avaient une ligne de dialogue ou les simples figurants en arrière-fond, pour être sûr que tout allait bien. Une fois, quelqu’un a marché dans le plan qu’il était en train de faire, il l’a engueulé : « Ne marche pas dans mon plan ! », mais à la fin il est revenu le voir pour lui dire : « Ecoute, je ne savais pas qu’ils t’avaient dit de traverser le champ dans cette direction. Je te présente mes excuses ». Dans le métier qu’on fait, c’est ce genre de comportement qui rend le processus agréable.

    La musique

    QT : C’est un processus. Ça commence avant même l’écriture. Si je me dis « Hé, c’est une histoire que je pourrais très bien faire », alors je fonce et je me plonge dans ma collection de disques. C’est presque comme si j’essayais de trouver le ciment qui va faire tenir ensemble les briques de la maison que je m’apprête à construire. Et puis je trouve quelques musiques. En général, j'essaie d'abord de trouver la musique du générique d’ouverture. Une fois que j’ai trouvé ça et que c’est bon, ça m’excite – je me dis, « Bon, peut-être que je vais vraiment le faire ! » Ensuite je n’arrête plus de chercher d’autres chansons, d’autres musiques. Et parfois je m’arrête d’écrire, je m’en vais, littéralement, et je me passe quelques-unes des musiques que j’envisage d’utiliser. Je visionne le tout dans ma tête, en faisant les cent pas dans la pièce et en me projetant les scènes montées avec la musique en question. Alors je m’imagine assis dans un cinéma, au Cinerama Dome [célèbre salle du Sunset Boulevard, à Hollywood] ou au Palais des festivals de Cannes, en train de regarder le film, et j’imagine tout le monde se lâchant là-dessus, et ça me regonfle à bloc. Ensuite, de nouvelles idées me viennent pendant le tournage, tandis que d’autres disparaissent. Cet incroyable Cat People [de David Bowie] utilisé dans "Inglorious Basterds", ça ne m’est venu que deux semaines avant le tournage. On l’a passée sur le plateau, et c’était vraiment cool. Mais c’est toujours un processus, jusqu’au montage.

    Jamie Foxx et Christoph Waltz

    Si c’est la partition du film, c’est mon choix et je peux mettre ce que je veux. Donc je ne me soucie pas de ces conneries d’anachronismes. Dans le film, Django ne va pas entrer dans une réception et mettre du James Brown sur le gramophone, pas vrai ? Mais moi, Quentin, je peux mettre du James Brown là-dessus et ça ne pose pas de problème, puisque c’est mon choix.

    Le cheval de Jamie Fox

    JF : Je viens du Texas. Quand on grandit là-bas, on voit tous Hee haw [show télévisé très populaire aux Etats dans les années 70 et 80], Bonanza)… On joue avec des pistolets en plastique, on monte à cheval… Pour moi, les grands projets sont ceux qui trouvent un écho dans votre vie. Et il se trouve qu’il y a quatre ans et demi environ on m’a offert un cheval pour mon anniversaire. Quand ce génie du cinéma qu’est Quentin m’a alors dit qu’il préparait un western, je lui ai répondu : « Eh bien je possède un cheval ! » Et ce qui est encore plus magique, ce que je me suis entraîné sur mon cheval et qu’on le voit aujourd’hui dans le film !

    QT : Tony est un personnage important dans le film. Et c’est le cheval de Jamie !

    La bande-annonce de "Django unchained" (en salles le 16 janvier 2013)

    Django Unchained

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