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    "Caïn", le nouveau flic de France 2 se dévoile...

    Allociné est allé à la rencontre de l'équipe de la nouvelle série policière de France 2, "Caïn". Découvrez les dessous de cette toute jeune création originale, à mi-chemin entre "L'homme de fer" et "Dr House".

    © François Lefebvre/FTV

    Dans sa volonté de proposer des séries menées par un personnage "fort", France 2 nous a concocté Caïn, avec Bruno Debrandt dans le rôle-titre. A l'antenne depuis le 5 octobre, cette fiction met en scène un inspecteur de police (Fred Caïn) en chaise roulante, handicapé suite à un accident de voiture.

    Lors des toutes premières discussions entre les créateurs Bertrand Arthuys, Alexis Le Sec et la productrice Linda Chabert, l’idée était de faire un remake de l'Homme de fer, de remettre au goût du jour cette série des années 60. Mais très vite, le projet a trouvé sa propre identité : "Nous avons été bluffés par la description du personnage de Caïn, par la rage qu’il a en lui. C’est un homme caché derrière de nombreuses failles, à la fois irrévérencieux et très humain", déclare Linda Chabert, avant qu’Olivier Harland, directeur de projet à France Télévisions, n’ajoute : "Nous découvrons plusieurs facettes du personnage : le flic, l’employé de police mais aussi l’homme. Certains tentent de le mettre au placard, mais il réussit toujours à s’en sortir. Et contrairement à L’Homme de Fer, il y a une hiérarchie au-dessus de lui".

    La question de la crédibilité d’un flic de terrain en fauteuil roulant s’est vite posée. Selon la productrice : "Le fauteuil est tout le temps présent, on a donc fait attention à ce que le personnage soit crédible en l'utilisant". Car si la série ne se veut pas réaliste, elle sonne vraie dans ce qu’elle raconte. Il n’y a pas encore de flic handicapé dans la réalité, sur le terrain en tout cas, puisqu’il "en existe à la police financière par exemple", comme nous le rappelle Olivier Harland. Ici, nous ne sommes pas dans du polar d’action mais dans un développement plus psychologique. Caïn cherche à entrer dans la tête des criminels. On reste dans la vraisemblance du personnage du policier, qui cherche toujours à dépasser ses limites malgré son handicap. Alexis Le Sec parle d’un choix assumé : "Il y a deux types de bonnes séries : celles qui sont ultra-réalistes, comme The Wire, où tout est vrai de A à Z. Et celles qui partent d’un concept fou, d’une idée folle. Comme Les Soprano ou Breaking Bad. Et nous nous sommes dits que nous nous placerions dans cette seconde catégorie. On nous parle souvent de Dr House, c’est pareil pour eux, ils ont carrément créé une spécialité qui n’existe pas, un docteur du diagnostic (…) On se pose beaucoup la question de la vraisemblance. En France, il y a un problème, un complexe d’avoir peur de ne pas être réaliste dans ce que les fictions racontent."

    © François Lefebvre/FTV

    Bruno Debrandt, qui prête ses traits à ce personnage atypique, était accompagné durant le tournage d’un consultant, Fabrice Malaval, lui aussi comédien, et handicapé dans la vie réelle. "Il n’est pas possible d’improviser cette condition", affirment-ils. Pourtant, pour l’interprète de Caïn, la préparation "est la même que pour un autre rôle. Il y a juste un accessoire supplémentaire à gérer. Et puis, j’ai un ami coach, qui est là pour nous apporter toute la complexité du personnage et remédier aux problèmes liés à la manipulation de la chaise". Pour lui, ce rôle reste "un cadeau pour un acteur. C’est un travail complexe, mais tellement jouissif. Tout comme Caïn, qui désarçonne et désaxe sans arrêt les attentions de ses interlocuteurs. En tant qu'acteur, il faut adopter un rythme différent,  parler différemment, bouger différemment, avoir une vivacité, un sens de la rupture lié à la machine. Elle permet des mouvements, une mobilité et une insolence."

    L’intérêt de la série se trouve avant tout dans sa volonté de creuser l’humain. On finit par oublier le fauteuil. Ce handicap visible pour les bipèdes (nom donné par Caïn aux personnes valides, ndlr) est dérisoire par rapport à la vigueur et l’envie que le personnage dégage. Un sentiment partagé par Linda Chabert et France Camus, la conseillère des programmes.

    © François Lefebvre/FTV

    Si ce personnage insolent et facétieux nous rappelle le Dr House et sa canne, il nous ramène finalement bien plus à un Columbo flanqué de son imperméable, remplacé ici par un fauteuil roulant. Aujourd’hui, il y a une véritable attente des téléspectateurs pour des personnages moins lisses. Polar psychologique, Caïn n’en est pas moins léger, écrit comme une sitcom. La série joue avec les codes des deux genres.  "Notre protagoniste teste les gens pour les déstabiliser. L'humour et l’irrévérence font partie de lui, sans pour autant tomber dans le cynisme. (…) Il fallait aussi qu'il montre ses failles, pour ne pas avoir quelqu'un qui agresse perpétuellement, sinon il n’y a pas d’empathie", déclare France Camus.

    Cependant, malgré son rôle de policier impertinent, il était important que Caïn ait un équivalent féminin au fort caractère, capable de lui tenir tête. C’est l’actrice Julie Delarme, qui prend l’uniforme de Lucie Delambre. Pour Bertrand Arthuys et Alexis Le Sec, c’était un personnage compliqué à écrire, bien plus que Caïn. "Je sais pas pourquoi mais Caïn a une sorte d’évidence. Le personnage de Lucie, on a mis un peu plus de temps à le trouver. Elle est aussi nuancée que lui est complexe".

    © François Lefebvre/FTV

    Avec une première saison de 8 épisodes, Caïn pose les bases de son univers. L’équipe - technique et créative - a eu trois premiers épisodes sur lesquels travailler, puis cinq nouveaux quelques mois plus tard. Ce laps de temps a été bénéfique pour capter l’essence même du personnage principal et pour prendre le rythme de Caïn et de l’histoire. Au fil des épisodes, les enquêtes se dévoilent et se placent comme des miroirs des faiblesses du "héros".

    Quant à savoir si Marseille, lieu de tournage de la série, était le premier choix, ce n’est pas exactement le cas, mais elle s’est pourtant vite imposée. Pour les auteurs et producteurs, il ne s’agissait pas de faire un décor "carte postale", mais d’utiliser la belle lumière naturelle de la cité phocéenne. Ville au challenge d’autant plus grand, puisque rien n’est fait pour les handicapés.

    Finalement, pourquoi "Caïn" ? Homonyme du personnage de la Bible, fils d’Adam et Eve et meurtrier de son frère cadet Abel, il est "symboliquement jubilatoire. C’est un personnage condamné à errer pour expier une sorte de faute. Il a en quelque sorte tué un jumeau, son ancien Lui", conclut simplement Bertrand Arthuys.

    Romain Cheyron avec France 2

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