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    Plouf ! Bienvenue dans les "Vestiaires" !

    Plus d'épisodes, une diffusion en access prime-time, des guests, un brassage des genres... La saison 2 de "Vestiaires", qui vient de débuter sur France 2, amorce plusieurs changements tout en gardant sa recette et son humour. La preuve avec l'équipe de la série !

    Adda Abdelli et Fabrice Chanut © Philippe Ramic/Allocine

    Il y a pile poil un an, débarquait sur le petit écran français Vestiaires, programme court humoristique suivant les tribulations de deux nageurs d'un club handisport qui partageaient leur point de vue sur des thématiques très larges. S'inspirant des véritables expériences et situations vécues par ses deux auteurs, Adda Abdelli et Fabrice Chanut, eux-mêmes nageurs au Club Handisport de Marseille, la série a su séduire et revient en toute logique pour une saison 2, toujours produite par Philippe Braunstein (Les Films d'Avalon) et Sophie Deloche (Astharté & Cie). Cette fois, les cartes ne sont plus les mêmes puisque Vestiaires n'est plus diffusée après le 13h00 mais en access prime-time, à 19h45 juste avant le Journal Télévisé de France 2. Une exposition beaucoup plus importante pour une saison qui va encore plus loin et qui comporte son lot de nouveautés. Lors du lancement de cette saison inédite, nous avons pu rencontrer l'équipe. L'occasion de faire le point sur les challenges de cette nouvelle saison et sur l'année qui s'est écoulée...

    Quels retours sur la saison 1 ?

    Après une année totalement folle, Adda Abdelli et Fabrice Chanut, qui, avant l'écriture du programme n'avaient aucun contact avec le milieu audiovisuel, sont retournés à leurs vies respectives et, donc, à la compétition. Un passage délicat, les deux auteurs ignorant alors comment leur programme avait été reçu par leurs amis et collègues nageurs. "Là, on a vraiment été confronté à la réalité. On décrivait la vie de gens qu’on n’avait pas vus [depuis], les athlètes, on ne les avait pas revus et on ne savait pas trop ce qu’ils pensaient de la série. Là, on parle beaucoup, mais le jour des sélections pour le championnat de France, on est arrivé, on est descendu du camion discrètement - c’est d'ailleurs la première fois de notre vie qu’on était discrets - Comme Fabrice est grand, je me suis mis derrière lui et lui-même s’est mis derrière notre coach qui est beaucoup plus costaud que nous. Et on est entré dans l’hôtel, mais vraiment sur le côté, et en fait quand on est arrivé à table, il y avait tous les clubs, ils se sont tous levés et ils nous ont applaudis", se souvient Adda Abdelli. Essentiel pour l'équipe et plus largement pour le concept de Vestiaires, le retour des clubs et des associations de personnes handicapées a en réalité été plus que positif. Il s'agissait d'un regard qui ne pouvait pas être négligé, comme l'explique Sophie Deloche : "Dans la mesure où l’on s’autorise à rire de tout [autour des] situations que vivent ces deux personnages avec leur handicap ou sans leur handicap d’ailleurs, la réaction du monde des handicapés est vachement importante pour nous. Même si, effectivement, Adda et Fabrice peuvent s’autoriser à en parler librement, c’est malgré tout un peu provocateur notre affaire et on y va cash. D’ailleurs ça a été un gros travail pour les réalisateurs de trouver la bonne distance par rapport à ça. Le fait d’avoir un accueil pareil de la part des clubs, ça a été vraiment important, ça autorise aussi à aller encore plus loin."

    Fabrice Chanut, Vincent Burgevin & Adda Abdelli - Phillippe Ramic/Allocine

    Aller encore plus loin dans l'imaginaire

    Forte de retours positifs, Vestiaires n'a donc pas eu peur d'aller plus loin. Cette saison s'accompagne d'ailleurs de plusieurs changements. D'une part, la commande d'épisodes a carrément doublé. De 23 en première saison, la saison 2 en comptera 40. Même chose pour la case horaire, le passage à 19h45 permettant logiquement une exposition beaucoup plus large. Une case horaire dont l'équipe s'amuse : "ce qu’il faut relever c’est qu’on passe à la même case que Jean Dujardin avant nous. Et il a fait 'The Artist'. Avec nous, vous aurez 'The Autist'", rigole Adda Abdelli. Mais en dehors de la programmation, les auteurs ont cette année laissé leur imaginaire courir très loin. "Au départ, on a eu envie d’ouvrir les thèmes, d’ouvrir tous les possibles. C’est une saison où Fabrice et Adda se sont tout autorisés. On a des épisodes en comédie musicale, on a des épisodes qui sont en Science-fiction, on a des pastiches", continue Sophie Deloche. Des pastiches qui comprennent notamment un hommage à Elvis ! Un autre concept a aussi été introduit via le personnage d'Orson. Ce dernier offre alors, d'un point de vue forcément décalé, ses leçons sur de grands thèmes, notamment politiques. L'un des épisodes permet également une douce rêverie autour de la télévision lorsque les personnages se posent cette question : "au fait, y’a-t-il des handicapés à la télé ?". Un épisode particulier, qui sera diffusé en décembre, et qui permettra également d'introduire des guests dans la série...

    Pascal Légitimus prêt à tout, avec le sourire ©François Lefebvre/FTV

    L'arrivée des guests

    Les guests sont en effet l'une des autres nouveautés de la saison. L'épisode où Orson et Romy se projettent dans des émissions de télé a créé un branle-bas de combat chez France Télévisions : "Tout France Télévisions s’est mobilisé avec nous et on s’est retrouvé sur plusieurs plateaux, chez 'Motus', sur le JT, à la météo, sur le plateau de 'Seriez-vous un bon Expert', avec nos comédiens et avec Vincent aux manettes de ces tournages. Et on a eu le grand plaisir d’avoir Elise Lucet avec nous". On taira d'ailleurs les circonstances de son apparition... Quant à l'émission Les Z'amours, elle n'a pas pu être représentée mais l'équipe garde l'idée en tête. Adda Abdelli aussi puisqu'il a déjà une blague à faire sur le sujet : "Alors, quel est le handicap de votre compagnon ?" Autre guest de cette saison, Pascal Légitimus. Le célèbre acteur interprète Michael (à prononcer à l'américaine), un représentant qui "leur vend tout et n’importe quoi, qui essaie d’arnaquer les handicapés", précise Vincent Burgevin, le réalisateur.

    Dimitri, Ramirez et une petite nouvelle (Audrey Gbaguidi) ©François Lefebvre/FTV

    Des nouveaux personnages, un univers étoffé

    Mais, en marge des guests, c'est bien l'épanouissement de tous les rôles secondaires et la création de nouveaux personnages qui ont accompagné le développement de cette seconde saison. Autour d'Orson et Romy, Caro et Ramirez sont plus présents que jamais. De même, d'autres figures du Vestiaires entrent encore plus en interaction avec les héros, renforçant leur place et créant une vraie dynamique de groupe. L'univers s'étoffe aussi dans les intrigues puisque la romance particulière entre Orson et Caro est quelque chose qui va être véritablement développé. De nouveaux personnages ont aussi investi le vestiaire, comme Delphine, une jolie aveugle (photo ci-dessus) mais également trois personnages valides : "une femme de ménage qui les considère exactement comme des valides, c’est-à-dire qu’on ne met pas ses chaussures dans les vestiaires, ce qui peut poser quelques problèmes quand on a des prothèses ou des fauteuils roulants et non pas des chaussures. Une coach qui est dépressive et avec qui ils ne savent pas trop où ils vont aller. Et puis on a un kiné qui est juste quelqu'un d’insupportable pour eux parce qu’il est très beau, tout bien fait partout et en plus très très gentil, donc ils ne peuvent même pas l’attaquer de front, donc voilà c’est assez désagréable de vivre avec cet homme."

    Une impro un peu spéciale ©François Lefebvre/FTV

    Des nouveaux auteurs

    L'introduction de personnages valides dans la saison 2 de Vestiaires a été une volonté dès le départ. Trois nouveaux auteurs, Yannick Vabre (qui incarne également le kiné), Jérôme Bruno et Virginie Peignien, ont ainsi été invités à rejoindre Adda Abdelli et Fabrice Chanut à l'écriture : "Dans cette saison, on avait un axe de travail. On souhaitait que nos personnages handicapés rencontrent des personnages valides, on voulait intégrer des personnages valides dans la série, pour ne pas faire de discrimination. Au bout d’un moment de travail, force a été de constater que Fabrice et Adda réussissaient très bien à développer leur série, mais dès qu’ils touchaient les valides, ils étaient trop gentils. Ils ne réussissaient pas à avoir la dent dure et donc on a décidé de faire venir des auteurs qui ont travaillé avec eux", raconte la productrice.

    Rencontre d'un type... Du troisième type. A l'extérieur de la piscine !

    Nouveaux lieux, le challenge de l'image

    Totalement concentrée dans les décors des Vestiaires de la piscine, la saison 1 de la série n'ouvrait jamais les portes sur l'extérieur. Cette année, les décors évoluent et ouvrent les portes. D'une part, la piscine, que l'on découvrait uniquement dans les gimmicks de fin, est désormais l'un des lieux des épisodes. "La différence avec la saison 1, c'est qu'il y a des épisodes entiers qui se passent dans la piscine. L'idée est de sortir un peu du vestiaire. Il y a un épisode où Caro et Orson sont sur le côté et voient une discussion entre trois personnages, dans un vestiaire, ça n'aurait pas été possible. Par contre, il y a un truc qu'on a essayé de faire et qui n'a pas marché, c'est d'écrire un épisode [où l'on serait] dans le car [en partance pour une compétition]. On espère le faire quand on confirmera la saison 3 tout à l'heure", plaisante Adda Abdelli. En attendant que le car les accueille peut-être un jour, l'équipe a également tourné dans un décor de chambre d'hôtel. Les personnages partent ainsi en compétition et quelques épisodes tournent autour de cette idée. Une bonne manière pour les réalisateurs de s'amuser avec d'autres décors. Toujours réalisée par Vincent Burgevin et Franck Lebon, la série a cette année bénéficié du regard de Fabrice Chanut, qui a réalisé pour la première fois des épisodes de sa série. L'un des défis pour les réalisateurs d'une série qui parle et montre le handicap, les personnages évoluant toujours en maillot de bain, est d'ailleurs de trouver la bonne distance. "C’est vraiment passionnant de travailler la comédie par rapport à des choses visuelles qui se passent à l’image. C’est-à-dire que, jusqu’à maintenant, je n’ai réalisé que de la comédie, quasiment qu’avec des valides. Là, il fallait rester drôle, être efficace, il y a un rythme de comédie qui est à trouver mais avec quand même un visuel qui est parfois à mettre en avant mais qui, à certains moments, risquerait de parasiter certaines blagues, certains traits d’humour. Donc, il y a certaines fois, il fallait justement montrer le handicap, et à d’autres moments, si on le montrait, ça parasitait ce qui pouvait se dire. Quelqu’un qui est amputé et que l'on découvrirait tout de suite en plan large, au moment où il y a un bon mot qui est trouvé, le bon mot, il passe complètement à la trappe parce que forcément on découvre qu’il est amputé. Donc il y a tout ce dosage-là qui est à effectuer en valeur de plan. Quel gros plan on met à quel endroit ? Quel plan plus large on met à quel moment ? Et jongler avec tout ça, c’est vraiment passionnant."

    Qui sera le meilleur nageur ? Phillippe Ramic/Allocine

    La saison 2 de Vestiaires est donc diffusée tous les jours à 19h45 sur France 2. A nouveau, le duo d'auteurs vise juste et va très loin au niveau de l'impertinence et de l'humour sans oublier d'apposer son regard différent sur la vie. "Ce qui nous a touchés dans les textes d'Adda et Fabrice, c’est leur sincérité profonde. Les situations qu’ils mettaient en place étaient toujours contrebalancées par un humour qui nous donnait la dimension de ce qu’ils sont en train de vivre", confie Sophie Deloche. Car Vestiaires se permet parfois, toujours sur le ton de l'humour, de dévoiler des situations quotidiennes et vécues qui montrent l'envers du décor. Comme cet épisode qui montre l'incompréhension et la naïveté d'une femme venue inscrire ses enfants, valides, au club handisport. Lorsque Romy lui demande quel est le handicap de ses enfants, afin de le noter sur sa fiche d'inscription, la femme s'insurge et rétorque que ses enfants ne sont pas handicapés. Si elle souhaite s'inscrire là, c'est que la licence est la moins chère. Elle sort et le traite de "validophobe". Fabrice Chanut, qui est chargé de développement au Club Handisport Marseille, raconte que cette histoire s'est vraiment produite : "C'est mot pour mot ce qui est arrivé (...) Ce qui est passionnant dans cet épisode, ce n'est pas tant de noter l'absurdité de cette logique, mais de souligner qu'il y a quand même une logique économique et sociale derrière [ce raisonnement]. C'est-à-dire qu'il y a des gens qui veulent que leurs enfants fassent des activités et c'est encore une histoire d'argent et de créneau. Qu'on en soit là au niveau de l'éducation, c'est qu'il y a encore un problème. Alors nous, ça nous fait marrer parce qu'on amène [cette anecdote] comme ça mais le fond du problème, il est encore là. C'est qu'il y a des parents qui sont prêts à inscrire des gamins dans des clubs handi parce que ça coûte un bras de les mettre dans un autre club, de leur faire faire une activité". Mais, à nouveau, c'est donc l'humour qui l'emporte ! "Ca coûte un bras", des épisodes "validés" ou pas... Dans les Vestiaires, tous les bons mots sont permis !

    Raphaëlle Raux-Moreau

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