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    Tribune polémique sur le cinéma français : les réactions de Philippe Lioret et Thomas Langmann

    Les réactions continuent à déferler suite à la polémique sur le financement du cinéma français, initiée par la tribune de Vincent Maraval, avec aujourd'hui les points de vue de Philippe Lioret et Thomas Langmann.

    Après Vincent Maraval et Jérôme Clément, c'est au tour du cinéaste Philippe Lioret d'écrire une tribune dans les colonnes du Monde. Le texte de Philippe Lioret fait directement écho à celui du producteur de Wild Bunch. Ce dernier l'avait en effet interpellé en s'interrogeant sur son salaire "A part une vingtaine d'acteurs aux Etats-Unis et un ou deux en Chine, le salaire de nos stars, et encore plus le salaire de nos moins stars, constitue la vraie exception culturelle aujourd'hui. (...) Que Philippe Lioret touche deux fois plus que Steven Soderbergh et sept fois plus que James Gray ou Darren Aronofsky ? Pourquoi s'en priveraient-ils ?". Sous le titre "Non, Vincent Maraval, je ne suis ni un parvenu ni un assisté du cinéma", Philippe Lioret répond donc longuement au texte du cofondateur de Wild Bunch, texte qu'il qualifie de "faux" et "très insultant" :

    "J'écris et réalise des films depuis 1992. J'en ai fait sept, soit un film tous les trois ans, années pendant lesquelles je travaille (comme de nombreux réalisateurs français) à la recherche d'un sujet, puis à l'écriture du scénario, qui prend un an ou plus, ensuite on passe au montage financier (car, depuis Toutes nos envies [2010], je me produis moi-même), au casting, à la préparation, au tournage, où je suis aussi cadreur, au montage, au mixage, à l'étalonnage, enfin à la sortie, où je ne ménage pas ma peine (une tournée d'une quarantaine de villes pour mes quatre derniers films).

    Pour tout ça, mon salaire de réalisateur n'a jamais excédé (et ce, pour mes deux derniers films, car sur les précédents, je gagnais moins) la somme de 200 000 euros, pour trois ans de travail donc, ce qui fait 5 500 euros brut par mois. C'est une somme rondelette, soit, mais bien inférieure à celle qu'ont touchée les acteurs principaux sur mes films, et certainement bien inférieure au salaire mensuel de M. Maraval, qui entre lui aussi dans le coût global des films, ne l'oublions pas."

    "J'ai donc été blessé que Vincent Maraval m'assimile à "une minorité de parvenus", qui plus est "profitant du fameux système d'aide du cinéma français". Dans cette assimilation, il affirme sans vergogne que je gagnerais plus que je ne vaux – ce qui est déjà blessant – et de surcroît "grâce à de l'argent public", ce qui est faux, car, à part l'avance sur recettes (une somme minime obtenue uniquement pour mon premier film et qui a été remboursée après exploitation), les capitaux qui entrent dans le financement des films français sont privés : distributeurs, préachat Canal+, préachat chaîne en clair, banques (Sofica)... Et quand la chaîne en clair fait partie du service public, celle-ci divise son apport en deux : un préachat pour une diffusion à l'antenne (sans risque, donc), et une coproduction dont elle touche les remontées financières quand le film marche."

    "Tout cela est donc faux et très insultant à mon endroit. En d'autres temps, d'autres que moi auraient envoyé deux témoins à M. Maraval. Mais mieux vaut en sourire et se souvenir du proverbe : "Il faut tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler."

    La tribune de Philippe Lioret, "Non, Vincent Maraval, je ne suis ni un parvenu ni un assisté du cinéma", à lire ici dans son intégralité: www.lemonde.fr/culture/article/2013/01/04/non-vincent-maraval-je-ne-suis-ni-un-parvenu-ni-un-assiste-du-cinema-par-philippe-lioret_1812910_3246.html

    Deux producteurs ont, par ailleurs, commenté la polémique dans la presse aujourd'hui, Christine Gozlan et Thomas Langmann. Ce dernier a  accordé une interview au Figaro, dans laquelle il craint que les gens interprètent mal le texte de Vincent Maraval.  Voici quelques extraits de cette interview :

    "Ce que je veux surtout éviter, ce sont les amalgames fâcheux que ce genre de prises de position peut déclencher. Je commence à entendre des gens qui croient que c'est avec l'argent de leurs impôts qu'on paye les salaires mirobolants des acteurs français comme Depardieu ou Dany Boon. C'est, faux, totalement faux. Il n'y a aucun argent public dans le cinéma français. Le système que nous avons mis en place en France est vertueux et le monde entier nous l'envie."

    "Les gens ont mal interprété ce que Maraval a écrit dans sa tribune. Il faut absolument faire comprendre que ce système n'a rien d'opaque. Il faut vraiment dissocier le débat sur les cachets déraisonnables des acteurs et le financement global du cinéma via le CNC. Les deux choses n'ont rien à voir entre elles."

    L'interview de Thomas Langmann au Figaro, "Pas d'argent public dans les films français", à lire dans son intégralité ici : www.lefigaro.fr/cinema/2013/01/04/03002-20130104ARTFIG00438-langmann-pas-d-argent-public-dans-les-films-francais.php

    Le texte de Christine Gozlan pour le Huffington Post, "Le cinéma français est-il devenu masochiste?", à lire dans son intégralité ici : www.huffingtonpost.fr/christine-gozlan/reponse-a-maraval-le-cinema-francais-est-il-masochiste_b_2405393.html

    BB

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