Connu pour son franc-parler, Mathieu Kassovitz n'a pas manqué de donner son avis sur la double polémique qui secoue actuellement le cinéma français : les acteurs trop bien payés et l'exil fiscal de Gérard Depardieu. Invité ce midi sur le plateau de l'émission La Nouvelle Edition diffusée sur Canal +, le réalisateur comédien a avoué être "trop payé" pour son métier. Et d'ajouter s'agissant de ses confrères, "ils sont trop payés par rapport à plusieurs choses, dont la rentabilité des films, mais ils ne travaillent pas tous les jours de l'année." "Moi, je suis acteur, je demande tant, je ne vais pas refuser ce qu'on me donne. Les raisons pour lesquelles on me le donne ne sont pas vraiment liées à ma capacité à faire entrer des gens dans les salles mais plus à ma capacité à amener des financiers dont les chaînes de télé", a-t-il également indiqué. "Un comédien qui fonctionne gagne le même salaire environ qu'un patron d'une grande entreprise qui a des milliers de travailleurs sous ses ordres et qui est responsable de choses. Nous, on est responsable de rien, sauf d'essayer de faire de bons films." Se montrant hostile au plafonnement des salaires d'acteurs, Mathieu Kassovitz préfère cette solution : "Quand un film est difficile à faire, chaque acteur doit accepter un petit salaire pour ensuite essayer de récupérer derrière."
« Félicitations ! » à Depardieu
Déplorant l'état "vieillissant" du cinéma français, Mathieu Kassovitz n'a pas caché son intention de "dégager de ce pays comme Depardieu". Mais pas pour les mêmes raisons - fiscales -, l'acteur estimant qu'il "a du mal, créatrivement parlant, à travailler dans un pays qui a enfermé le cinéma dans une espèce de copie conforme d'un modèle américain." Le comédien "félicite" d'ailleurs au passage Depardieu pour son départ de France. "Il fait ce qu'il veut, je ne suis pas le juge de sa vie, il aime les Russes", a-t-il déclaré. "Si je gagnais ça - plus d'un million d'euro - je dirais "au revoir", parce qu'il n'y a pas de logique là-dedans. Je veux bien participer pour le soutien général de la société française, mais je veux le faire dans un élan de solidarité générale avec un gouvernement qui contrôle, qui sait ce qu'il fait (...) Je participe à l'effort social mais si on me demande trop, si on me demande quelque chose qui n'a rien à voir avec la logique, je dégage, c'est ce qu'a fait Depardieu, je comprends tout à fait." Et de conclure : "Ce que Depardieu a oublié, c'est qu'il est un copyright comme le camembert. Depardieu représente la France, Depardieu est la France, c'est sa grandeur qui a amené au monde une vision de la France, et on perd ça."
G.M.
La bande-annonce du « Guetteur » avec Mathieu Kassovitz
