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    Exclu - Entretien avec Matt Firor, créateur de "Elder Scrolls Online"

    En charge du développement de "Elder Scrolls Online", un jeu de rôle massivement multijoueurs très attendu se déroulant dans un univers Heroic Fantasy, Matt Firor, un des grands noms de l'industrie vidéoludique, a accepté de répondre en exclusivité à quelques unes de nos questions.

    Un monde totalement ouvert incroyablement immersif à explorer selon ses envies. Une direction artistique sidérante de beauté...C'est peu dire que le fabuleux univers du jeu The Elder Scrolls V: Skyrim, sorti en novembre 2011 et vendu à plus de 14 millions d'exemplaires, a marqué les esprits de ceux et celles qui se sont aventurés dans les contrées glaciales de Bordeciel. Se déroulant dans un monde médiéval-fantastique à mi chemin entre celui d'un J.R.R. Tolkien et Robert E. Howard (le papa de Conan le barbare), peuplé de personnages et d'un bestiaire dont le Design rappelle parfois le travail de l'immense artiste Frank Frazetta, la saga vidéoludique des Elder Scrolls est l'une des plus connues au monde.

    Cette année, l'éditeur du jeu, Zenimax / Bethesda Softworks, s'apprête à frapper un grand coup, avec la sortie très attendue de The Elder Scrolls Online, un jeu de rôles massivement multijoueurs jouable sur internet (ce que l'on appelle en langage synthétique un MMORPG, pour Massively Multiplayers Online Role Playing Game). Nous avons eu l'occasion de nous entretenir en exclusivité avec Matt Firor, à la tête de ZeniMax Online Studios, en charge du développement du jeu. Si pour les non initiés il y a de fortes chances que ce nom ne vous dise rien, il s'agit de l'un des grands noms de l'industrie vidéoludique, à qui l'on doit notamment un jeu de rôle entré dans la légende : Dark Age of Camelot.

    Petit avant-goût de l'univers avec cette magnifique bande-annonce cinématique d'Elder Scrolls Online. Belle à s'en décoller la rétine.

    AlloCiné : Pouvez-vous déjà nous présenter l’univers de Elder Scrolls Online ? Est-ce un univers et un jeu accessible pour les non-initiés ?

    Matt Firor : À date il y a eu cinq grands jeux dans la saga Elder Scrolls, le tout premier datant de 1994. La plupart des joueurs ont encore à l’esprit le cinquième, Skyrim. L’univers des Elders Scrolls appartient à la Fantasy et tous les joueurs de jeu de rôle (RPG) Fantasy seront immédiatement à l’aise avec Elder Scrolls Online. Il disposera d’un background extrêmement profond hérité de la saga, que les fans d’Elder Scrolls apprécieront de retrouver. Mais nous nous assurons aussi que vous n’ayez pas à être un expert de la saga pour prendre du plaisir.

    AlloCiné : Quand est-ce qu’il a été envisagé de créer un MMORPG basé sur l’univers des Elder Scrolls ?  La série est surtout connue pour être des jeux de rôles exclusivement jouables seul, offrant une liberté quasi absolue. Comment est-ce qu’on concilie ça avec les problématiques particulières des MMORPG ?

    Matt Firor : Nous avons fondé ZeniMax Online en 2007 avec pour seul but de faire ce jeu. Tamriel [NDR : le continent principal où se déroule les jeux de la série Elder Scrolls] est l’environnement parfait pour des RPG Fantasy, qu’ils soient en ligne ou non. Et la licence Elder Scrolls apporte tellement de choses géniales qu’elle est en fait la licence rêvée. Il y a tellement de profondeur ! Imaginez : 20 ans de développement, un univers très étoffé et une quantité vertigineuse d’écrits. C’est tout cela qui fait que le monde des Elder Scrolls est si riche et intéressant.

    AlloCiné : Pourquoi  avez-vous décidé de placer le cadre du jeu 1000 ans avant les événements décrits dans "Skyrim" ? Est-ce que ce choix de faire un tel saut dans le temps et la chronologie des Elder Scrolls permet  avant tout d’offrir une plus grande liberté aux équipes de développeurs en matière de narration, et même visuellement ?

    Matt Firor : Exactement ! Nous avons patiemment étudié la chronologie des Elder Scrolls et sélectionné cette période assez obscure de son histoire. A l’époque, le pouvoir était tout juste centralisé, il y avait de nombreuses guerres et peu de repos pour les différentes Provinces. C’était parfait pour nous : des clans qui se combattent et qui affrontent l’Empire, et aucun pouvoir central dans la Cité Impériale. En faisant ce choix, nous disposions  de ce monde si familier que les fans d’Elder Scrolls adorent mais à une époque où nous étions libres d’en écrire l’Histoire.

    AlloCiné : Vous avez intégré les univers des jeux précédents : "Morrowind", "Oblivion" et "Skyrim" dans Elder Scrolls Online ;  des univers extrêmement forts d’un point de vue visuel, qui ont marqué ceux qui les ont parcourus. Doit-on s’attendre à la découverte de nouvelles zones de jeux toutes aussi fortes  visuellement ?

    Matt Firor : C’est l’une des choses les plus sympas concernant Elder Scrolls Online. Nous avons créé des zones dans le monde totalement distinctes graphiquement les unes des autres. Il y a des dizaines d’identités visuelles dans le jeu comme par exemple les volcans et les énormes champignons de Morrowind ou encore la jungle luxuriante de Val-Boisé. Les joueurs vont adorer visiter ces contrées qu’ils n’ont jamais vues dans un jeu récent : Val-Boisé bien sûr mais aussi l’Archipel de l’Automne, etc.

    AlloCiné : La mythologie de l’univers des Elder Scrolls est très riche. Skyrim par exemple empruntait beaucoup notamment à la mythologie de la culture scandinave. Au niveau de l’écriture, comment est-ce qu’on rend accessible aux néophyte ce background / mythologie, tout en veillant à ne pas trop le simplifier pour ne pas décevoir les joueurs chevronnés ?

    Matt Firor : Nous faisons très attention à rendre le jeu accessible autant aux joueurs d’Elder Scrolls qu’aux néophytes complets. Une bonne histoire reste une bonne histoire mais nous nous efforçons vraiment de rendre tout ce qui touche aux personnages et au contexte compréhensible par tous. Heureusement, la majeure partie de Tamriel est basée (visuellement et culturellement) sur des mythes et des légendes compris par la plupart des gens : Skyrim est considéré comme scandinave, Hauteroche évoque plutôt l’Europe de l’ouest, etc.

    AlloCiné : Au niveau de l’écriture, est-ce qu’il y a des canons à respecter lorsqu’on travaille sur un MMORPG ? Y a-t-il des contraintes particulières?

    Matt Firor : Le mantra que nous imposons à nos auteurs, c’est de proposer des dialogues riches et funs, pour créer des personnages inoubliables et offrir aux joueurs un monde de fantasy vivant. Et c’est une chose incroyablement difficile à faire.  Nous passons notre temps à les vérifier, les améliorer voire les réécrire complétement quand nous avons un doute. Donc non, il n’y a pas de canons à respecter mais plutôt une bible du « Comment bien écrire ? » !

    AlloCiné : Un des problèmes dans ce type de jeu c’est que les joueurs ont parfois le sentiment de n’avoir aucune influence sur le monde, qu’ils sont beaucoup trop spectateurs. Une des solutions pour y remédier est le Phasing [NDR : pour simplifier, un changement de l'environnement, parfois important, suite aux actions du joueur], très utilisé par le studio Blizzard dans son jeu "World of Warcraft".  Avez-vous eu recours à ce genre de procédé pour Elder Scrolls Online ?

    Matt Firor : Absolument, et nous utilisons le phasing exactement pour la raison que vous citez : donner au joueur l’impression qu’il a une influence sur l’univers du jeu. Plusieurs fois il devra faire un choix ou participer à un événement  qui impacteront son environnement. Si d’aventure il voulait refaire cette partie du jeu avec un ami qui n’aurait pas encore changé le monde ou qui aurait fait un autre choix, on lui offrira tout de même la possibilité de rejoindre son ami et de « refaire » ce contenu.

    Allociné : Dans les MMORPG, un des éléments essentiels est le contenu de haut niveau, destiné à occuper les joueurs ayant atteints le niveau maximum. Quelle est votre conception là-dessus ? Est-ce que vous pouvez nous parler, au moins dans les grandes lignes, de celui de Elder Scrolls Online ?

    Matt Firor : Ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est qu’un MMORPG ne finit jamais réellement. Donc nous nous engageons à ajouter régulièrement du contenu et ce, tout au long de la vie d’Elder Scrolls Online.  Au lancement du jeu, nous aurons une grande guerre dans un monde ouvert, à laquelle le joueur pourra prendre part avec des centaines d’autres joueurs à l’écran. Nous aurons aussi des donjons avec du contenu haut niveau et des contenus PvE [NDR : joueur Vs Environnement] vraiment « haut niveau ». Il y aura des tas de choses à faire pour le joueur, y compris certaines que nous n’avons évidemment pas encore dévoilées...

    AlloCiné : le genre Heroic Fantasy, auquel appartiennent les Elder Scrolls, est énormément exploité dans les jeux vidéo, et il semble même parfois difficile pour les studios de s’écarter un peu de ses codes. Un genre aussi très popularisé dans la culture Mainstream, grâce notamment à l’adaptation de la saga du Seigneur des Anneaux au cinéma. Comment expliquez-vous justement cet engouement pour ce type d’univers / ce genre ?

    Matt Firor : C’est une grande question. La Fantasy traditionnelle (de l’épée, des elfes et de la magie) est connue et comprise de tous. Ça commence dès le plus jeune âge avec les contes pour enfants. Les histoires basées sur la Fantasy font vraiment partie de notre culture. Aussi, quand vous dites d’un jeu qu’il repose sur les codes de la Fantasy, tout le monde comprend immédiatement de quoi il s’agit. Bien sûr, il y a des variations (différentes familles d’elfes, plusieurs variétés de magie) mais en général, vous savez que vous explorerez un monde sans machine, avec une épée à la main ou d’autres armes médiévales. La connexion avec le jeu se fait naturellement et il n’y a pas vraiment besoin d’explication. Pour les autres types de jeu, il faut éduquer le joueur sur ce qui l’attend. Il faut expliquer les technologies mises en places, comment fonctionnent les armes et plus particulièrement dans les jeux de science-fiction où tout est imaginable. Avec la Fantasy, ce n’est pas le cas, tout le monde comprend tout de suite ce qu’il s’y passe.

    Pour participer à la bêta de Elder Scrolls Online, rendez-vous sur le site.

    Propos recueillis par Olivier Pallaruelo

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