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    Gérald Thomassin, un acteur soupçonné de meurtre : portrait d’un espoir déchu...

    Jeune espoir du cinéma français césarisé en 1991, l’acteur aujourd’hui âgé de 38 ans est soupçonné du meurtre d’une employée de poste. Retour sur l’itinéraire cinématographique de Gérald Thomassin…

    [On rappelle en préambule qu’il est ici question d’évoquer le parcours d’acteur de Gérald Thomassin, sans préjuger ni de sa culpabilité ni de son innocence dans une affaire de meurtre, et sans induire des conclusions façon café du commerce, en expliquant ceci par cela. La présomption d’innocence n’est pas une vaine notion, quelle que soit la gravité des faits ou la compassion qu’on éprouve pour la victime, merci d’en tenir compte dans les éventuels commentaires.]

    La carrière cinématographique de Gérald Thomassin débute à l’âge de 16 ans, lorsque ce gamin venu accompagner un ami est repéré par Jacques Doillon, qui écumait les foyers de la DDASS pour les besoins du casting du Petit criminel. Enfant du 9-3 né à Pantin dans un contexte familial difficile, Thomassin, saisissant d’authenticité, crève l’écran au côté de Richard Anconina, remportant dès cette première expérience le César du meilleur espoir masculin en 1991. Coup d’essai, coup de maître dans un film qui glanera aussi le Prix Louis-Delluc : la carrière du jeune garçon semble lancée, et son destin, celui d’un ado au départ plutôt mal parti dans la vie, s’éclairer.

    La suite sera pourtant moins fulgurante. S’il s’illustre dans le cinéma d’auteur au côté de la génération montante (Élodie Bouchez et Roschdy Zem notamment, ses partenaires dans Clubbed to Death (Lola) et Louise (Take 2)), ses apparitions vont peu à peu s’espacer et se réduire à quelques seconds voire petits rôles (Un pur moment de rock'n roll, Nationale 7, Une Affaire privée, entre autres). Durant les années 2000 il continue cependant de tourner, entre deux éclipses : il incarne ainsi Momo, le sans-abri du Paria de Nicolas Klotz en 2001, avant d’apparaître dans Sheitan et Jacquou Le Croquant, où il promène ses faux airs de Romain Duris et sa singulière intensité. Il recroise en 2003 Clotilde Courau (et Jean-Pierre Sinapi) à l’occasion du téléfilm Les Beaux jours, elle qui avait aussi débuté dans Le Petit criminel. Mais Gérald Thomassin, entre toxicomanie et "disparitions", vit déjà à l’écart du milieu et bientôt de la "sphère sociale", sans domicile fixe, au point d’être aujourd’hui qualifié par les autorités de "marginal, vivant des minimas sociaux et de ses rares cachets d’acteur".

    Dans Paria (2001)

    Plus ou moins porté disparu depuis (on ne l'a pas revu à l'écran), Gérald Thomassin avait retrouvé un premier rôle en 2008 dans Le Premier venu grâce au cinéaste qui l’avait révélé, Jacques Doillon. Jacques Mandelbaum s’interrogeait alors dans Le Monde sur "Le mystère Gérald Thomassin" et le parcours erratique de cet écorché vif – dont on se demandait encore il y a quelques mois au sein de notre rédaction ce qu'il était devenu. L’article du quotidien proposait ainsi quelques éléments de réponse, fournis d’abord par Jacques Doillon : « Je ne sais pas finalement si ce métier de comédien lui dit grand-chose », déclarait le réalisateur. « A un mois du tournage du Premier venu, il ne voulait plus le faire. Gérald n'aime pas le travail de toute façon, il a du mal à se concentrer, rechigne à apprendre des textes. Mais il fonctionne en revanche à l'amitié. Si on la lui offre, s'il sent qu'on a besoin de lui, il vous la rend au centuple et est capable de donner des choses extraordinaires, d'atteindre une liberté inimaginable. »

    Autre cinéaste ayant su employer son talent, Nicolas Klotz parlait pour sa part de « l'un des plus grands du cinéma français, qui ne l'utilise pas assez », un acteur « qui commence très fort, puis se dissout à mesure que la famille du film s'éparpille, et retombe dans ses problèmes de drogue. C'est très douloureux, et c'est pourtant la vie de Gérald, qui est déjà tellement du cinéma. » Une existence qui vire au film noir, au drame social voire au film d'horreur depuis que l’acteur est soupçonné du meurtre d’une postière, commis en 2008, dont la victime, enceinte, a reçu pas moins de 28 coups de couteau.

    Après avoir vécu sous une tente, Gérald Thomassin occupait depuis décembre 2012 un hébergement d’urgence dans la ville de Rochefort et « recevait à ce titre un accompagnement social qui s'est avéré très positif », se montrant « très participatif », selon la vice-présidente du centre communal d’action sociale, interrogée par l’AFP. Si sa culpabilité reste à démontrer et qu’il ne serait donc pas bienvenu de vouloir juger à la lumière de cette affaire un parcours dont une large partie nous échappe, son avenir immédiat semble devoir se jouer dans un prétoire bien plus que sur les plateaux de tournage.

    Un extrait du Premier venu :

    AG

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