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    Hélène Fillières : "Cate Blanchett dans "Blue Jasmine", c'est une leçon d'actrice !

    Membre du jury du 39e Festival de Deauville, présidé par Vincent Lindon, l'actrice Hélène Fillières nous parle des comédiens américains, de la fragilité des acteurs... et de la cinquième et dernière saison de Mafiosa. Interview.

    Hélène Fillières : Les acteurs américains sont des gros bosseurs. Dans ce que j'ai vu à Deauville, je peux parler de Blue Jasmine, qui est hors compétition. Ce que fait Cate Blanchett, c'est juste une leçon d'actrice ! Je suis sortie de là en me disant : bon, ok... Il y a Meryl Streep et Cate Blanchett ! Mais il y en a plein d'autres, bien sûr. Il y a une puissance chez certains Américains, et on se demande comment ils font.

    Ce qui fait rêver et laisse sans voix, c'est d'ailleurs qu'on se demande, plus fortement qu'en France, quelle est la part du metteur en scène et quelle est celle de l'acteur. On sait que les cinéastes français sont très précis, très exigeants, très près de leurs acteurs. Donc on se demande comment une Meryl Streep ou une Cate Blanchett réussissent à ce point à s'accaparer le rôle, presque comme s'il n'y avait pas de directeur d'acteurs -alors qu'évidemment il y en a un. C'est tout le talent des metteurs en scène américains de s'effacer, de ne pas faire sentir leur volonté : ce qu'on sent, c'est la puissance de l'acteur.

    "Les acteurs sont moins solides que l'image qu'on a d'eux"

    Mon expérience de directrice d'acteurs sur mon premier film, Une Histoire d'amour, n'a fait que confirmer quelque chose que je savais : les acteurs sont des êtres très fragiles, très précieux. Ils sont moins solides que l'image qu'on a d'eux, et il faut les accompagner, les aider, les protéger. J'ai attendu beaucoup d'eux. Je leur ai demandé des choses que, sur le moment, je ne considérais pas comme si difficiles que ça -et en réalité, elles l'étaient. Pour mon prochain film, je serai encore plus attentive à mes acteurs.

    Je pense aussi qu'un contre-emploi pour un acteur est une des tâches les plus difficiles - je pense bien sûr à Benoît Poelvoorde. Je suis absolument fan et fière de ce qu'il a fait dans mon film, mais je mesure à quel point ça a pu être difficile pour lui : face à un pur contre-emploi, un acteur est désemparé, il perd ses repères.

    "Un jury, c'est comme le casting d'un film"

    Le jury du Festival de Deauville réuni par Vincent Lindon est super. Un jury, c'est comme le casting d'un film. On sent que ce sont des personnalités qu'il aime, qu'il a choisies pour leur façon de penser, leur franc-parler. Lui galvanise tout le monde, il est très enthousiaste, heureux d'être là.

    Ce qui est intéressant ici, c'est qu'on voit en compétition les films indépendants, souvent des premiers et deuxièmes films, faits avec peu d'argent, et hors-compétition les grosses machines. Deux visages vraiment très différents du cinéma américain ! Il y a une césure parfaite entre les 2. Après deux séances de films de la compétition, sérieux, intenses, travaillés, c'est un plaisir de se lâcher avec un gros film !

    "Cette Sandra Paoli m'aura changé la vie !"

    Je suis en plein tournage de la dernière saison de Mafiosa. Cette saison sera très belle, très noire. C'est un peu triste de se dire que c'est la fin, mais c'est une expérience tellement belle... Et puis le scénariste est vraiment allé au bout des choses, surtout dans cette saison. Il a poussé loin la noirceur des personnages, tous, pas seulement le mien.

    Quelque part, c'est tellement tendu, violent, fort à jouer que ça ne sera pas mal de laisser tout ça derrière. C'était un rôle difficile à jouer, même si j'en ai tiré beaucoup de bénéfices personnels. Cette Sandra Paoli m'aura changé la vie, c'est sûr.

    Recueilli à Deauville par JD

    Une Histoire d'amour

    disponible en dvd chez Wild Side

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