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    INTERVIEW - Spike Jonze présente "HER", la romance entre Joaquin Phoenix... et un programme informatique

    Joaquin Phoenix sous le charme d'une intelligence artificielle doublée par Scarlett Johansson : c'est le pitch surprenant et prometteur de "Her", le nouveau film de Spike Jonze. Rencontre.

    Spike Jonze, c'est le réalisateur de "Dans la peau de John Malkovich". Quatre ans après "Max et les maximonstres", le cinéaste revient avec son quatrième long métrage, Her, très remarqué au Festival de Rome ce week-end.

    "Her, ou l'histoire étrange de Theodore Twombly (Joaquin Phoenix), un homme sensible laissé inconsolable après une rupture difficile qui fait l'acquisition d'un programme informatique ultramoderne, capable de s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur : il fait la connaissance de 'Samantha', une voix féminine intelligente, intuitive et étonnamment drôle... dont il va tomber amoureux.

    De passage au Festival de Toronto il y a quelques semaines, le cinéaste nous avait accordé quelques minutes après nous avoir dévoilé quelques séquences très convaincantes et prometteuses...

    AlloCiné : Tous vos films s'attachent de près ou de loin aux relations humaines. Où en êtes-vous dans ce domaine ? Comprenez-vous mieux les relations entre les humains ?

    Spike Jonze : Oui, vous avez raison, cela me fascine. Dans le cas de "Her", ce n'est pas seulement la relation d'un homme avec une machine mais aussi avec son environnement et les gens qui l'entourent. Et je pense que tout le monde peut s'identifier à ce personnage et sa difficulté de communiquer avec "l'Autre". Mais vous avez raison, car après quatre films je réalise en effet que je reviens toujours à ce theme de la relation entre les êtres, les animaux, ou ici les hommes et leur ordinateur. Ce qui est amusant, c'est que lorsque je tourne, je ne me rends pas compte de cette récurrence de thèmes : ce n’est pas pensé ou structuré, cela vient naturellement.

    Quels ont été les défis, les challenges que vous avez dû surmonter ?

    La difficulté majeure était de vous faire croire dans la relation amoureuse entre cet homme et la machine alors que l’on ne voit que lui à l’écran et qu'ELLE on ne fait que l'entendre. C’est pour cela que je voulais Joaquin Phoenix, qui est un acteur tout en finesse et d'une subtilité incomparable. Il doit réagir et ressentir en permanence comme si ELLE était vraiment là, devant lui. Il a fait un travail incroyable et bluffant. La difficulté est venue aussi, pendant l’écriture, d’imaginer à quel point nous pouvons devenir dépendant de nos ordinateurs. Et c'était dur de trouver un équilibre entre ces idées un peu complexes et un rapport humain simple et compréhensible. Je voulais surtout montré la difficulté à maintenir une relation, surtout comme dans ce cas quand la "personne" n’est pas vraiment physiquement présente.

    En parlant de Joaquin, vous pouvez expliquer plus en détails ce choix ?

    Beaucoup de gens disent que c'est dur de travailler avec lui, mais pour moi c'est le contraire. Il me fait confiance et sait être direct dans ses rapports. C’est un être complexe qui aime comprendre ce qu’il joue et qui ne tombe dans la facilité ou l'évidence. Par exemplen ce n'est parce que une scène est triste qu'il jouera la tristesse. Il aime être à contre-courant d'une certaine manière, et surprendre. Même quand il comprend la motivation de son personnage, il ne sait pas toujours où il va avec sa performance et il laisse les choses faire, il tatonne, improvise, cherche tout en douceur la meilleure interpétation possible pour la scène à jouer. Ainsi, avec lui, toute prise est différente et pleine de fraîcheur. C’est pourquoi j'adore travailler avec lui.

    A quelle étape de post-production en êtes-vous aujourd'hui ?

    Nous sommes encore en peaufinage de montage et le "cut" du film n’est pas encore approuvé. J’espère aboutir d'ici une semaine ou deux. On fait encore quelques petits ajustements, on se demande s’il faut garder telle ou telle scène : c’est tout un art de savoir quelle scène doit rester et quelle scène peut disparaître. En tout cas, ça a été un film très complexe, un vrai exercice de style et j'adore ressentir un peu de peur, de danger face à un film. Cela me pousse à faire encore mieux et à me surpasser.

    Propos recueillis à Toronto par Emmanuel Itier

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