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    "Castlevania : Lord of Shadow 2", la résurrection de Dracula
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Les mythes sont éternels, c'est bien connu. Surtout celui de Dracula. Après avoir livré un remarquable "Castlevania : Lord of Shadow", le petit studio de développement espagnol MercurySteam revient à la charge pour clore un récit débuté il y a quatre

    Les mythes sont éternels, c'est bien connu. Surtout celui de Dracula. Après avoir livré un remarquable Castlevania : Lord of Shadow, le petit studio de développement espagnol MercurySteam revient à la charge pour clore un récit débuté il y a quatre ans, avec Castlevania : Lord of Shadow 2. Au menu : un univers gothique et flamboyant toujours aussi fascinant, de vraies et bonnes trouvailles, et quelques réserves.

    Si vous avez manqué le début...

    Depuis quelques années maintenant, les éditeurs historiques japonais, tels Capcom ou Konami, ont fait l’intelligent pari de confier à des studios étrangers le développement de certaines de leurs fameuses licences. Citons le récent reboot de Devil May Cry (aka DmC), développé par le studio anglais Ninja Theory ; et, dans le cas qui nous intéresse plus particulièrement, le petit studio espagnol MercurySteam, qui eut la lourde tâche de créer un nouvel opus Castlevania. Une pression énorme, parce qu’il faut comprendre de quoi on parle. Vieille de près de 30 ans, c’est une cultissime licence, inscrite depuis longtemps au panthéon de l’industrie vidéoludique. Epaulé par Hideo Kojima à la production, Castlevania : Lord of Shadow sort ainsi en 2010.

    L'univers gothique de "Castlevania : Lord of Shadow 2", toujours aussi réussi. - ©Konami

    Brillant pot-pourri d’influences ciné (Guillermo del Toro par exemple), de mythologie (celui d’Orphée descendant aux Enfers pour sauver Eurydice notamment) et vidéoludiques (la saga "God of War"), porté par une fabuleuse bande-son et doublé par un solide casting vocal (Robert Carlyle, Patrick Stewart et Natascha McElhone), Castlevania : Lord of Shadow a été une incontestable réussite ; même si le titre n’était pas exempt de défauts. Quoi qu’il en soit, pari largement remporté, puisque le titre est celui qui s’est le plus vendu dans toute la franchise. L’éditeur Konami, ravi, donne alors son feu vert pour la mise en chantier d’un nouvel opus.

    Les Belmont, tueurs de vampires de père en fils

    Lord of Shadow revenait sur les origines de Dracula, ainsi que sa relation avec son ennemi juré : le clan Belmont, tueur de vampires de père en fils depuis toujours ou presque. Comme dans le précédent opus, les joueurs contrôlent encore Gabriel Belmont, qui est désormais devenu le Prince des Ténèbres en personne. Des années après la fin du premier jeu, affaibli, hanté par le souvenir de sa famille perdue et le pacte faustien qu’a été le sien, il est sorti de sa torpeur par son ennemi intime, Zobek. Qui l’avertit d’une grande menace : profitant de la faiblesse de Dracula -le seul ennemi qu’il craint-, Satan et son armée d’acolytes refont surface et s’apprêtent à ravager l’humanité…Le seul moyen de défaire  une telle figure du mal réside dans son château, là où Dracula peut recouvrer ses pouvoirs. Mais c’est aussi un lieu où il doit affronter ses propres démons. Les liens du sang, sa famille, le clan Belmont, dont un de ses descendants a juré sa perte...Car n’est-il pas le mal absolu et incarné ?

    Le jardin d'Agreus, frère fou de Pan, tué par Gabriel Belmont dans le premier volet. Il cherche à se venger. ©Konami

    L'entrée en matière de Lord of Shadow 2 est assez brillante. Sous forme d'une séquence en flashblack qui fait office de tutoriel et de prologue, Dracula est assis sur son trône, dans une salle qui commence à tomber en ruine. Une coupe de sang frais à la main, il attend tranquillement les envahisseurs du château en train d'enfoncer les portes à grands coups de bélier. Les soldats en armures surgissent. Surpuissant, Dracula les achève, en s'offrant au passage le luxe de les saigner à mort lors de finishing move plutôt classes. Sortant sur un balcon, il voit alors un gigantesque Titan façon Shadow of the Colossus s'attaquer à son château, tandis que les soldats armés en contrebas pénètrent dans son antre. Petit clin d'oeil au passage à une séquence souvent vue et reprise dans les films, comme les Frankenstein, les productions de la Hammer, ou encore dans La Belle et la bête. Tout en se hissant sur le Titan pour le détruire, Dracula doit également affronter un paladin doré - ailé du plus bel effet, avant que le combat ne s'achève à grands renforts de punchlines en latin dans une explosion apocalyptique.

    Le château de Dracula dans le film de Francis Ford Coppola. Une source d'influence majeure pour Lord of Shadow et sa suite, et pas seulement pour l'architecture (armure rouge des Golgoths notamment).

    Rendez-nous le gothique !!!

    Une entrée en matière diablement efficace, qui contraste singulièrement avec la suite quasi immédiate. Car ce nouvel opus ne se contente plus de conjuguer le passé, mais se déroule aussi en grande partie au présent, dans une ville plus ou moins High Tech et futuriste, bâtie sur les ruines de l'ancien château de Dracula. Si en un sens cela se justifie par la manière dont se concluait le premier jeu, il en résulte aussi un sentiment étrange. Ou plutôt mitigé. C'est qu'on peine à voir un Dracula (en tout cas celui-ci) évoluer dans des environnements pas forcément très inspirés, faire la chasse aux acolytes de Satan en s'infiltrant dans des labos High Tech gardés par des Golgoths surarmés, sous forme de rat, brume, ou tout simplement sous sa forme "humaine". Ok, il est immortel et traverse les siècles sans (trop) broncher, mais quand même...

    Une réserve -réelle- qui est évacuée lorsque l'on plonge dans le passé en revenant régulièrement dans le château et son fabuleux environnement, que ce soit en extérieur comme intérieur, toujours le fruit d'un gros travail en matière de Design et d'un souci du détail qui force le respect. Difficicile sur ce plan d'échapper à la comparaison avec le premier volet, qui multipliait avec brio des lieux absolument incroyables, à la beauté aussi hypnotique qu'inquiétante.

    L'environnement gothique du château de Dracula est absolument sompteux.  ©Konami

    Découpé en 12 chapitres, certains ont reprochés au premier jeu sa trop grande linéarité. Un élément qui soit dit en passant ne nous avait pas gêné; mais MercurySteam a souhaité changer son approche là-dessus. Désormais, le château fonctionne un peu comme une sorte de HUB, dont les différentes ailes se débloquent au fur-et-à-mesure de notre progression dans l'histoire principale. Un univers plus ouvert en quelque sorte. Ca fonctionne plutôt bien, surtout qu'il regorge de zones cachées qui n'attendent que d'être explorées. En revanche, les transitions qui s'effectuent entre le château (le passé) et le présent sont d'une lenteur à s'arracher un peu les cheveux...

    ©Konami

    Si le bestiaire qu'affronte Dracula est plutôt varié, la mention spéciale est à décerner à certains Boss, qui offrent leurs lots de combats épiques. On pense par exemple à celui l'opposant au fabriquant de jouets dans le théâtre en ruine du château, ou celui contre le fils de Satan. Petite ironie concernant celui-ci d'ailleurs : trop puissant pour être vaincu dans le monde présent, Dracula est obligé de le forcer à combattre dans son monde, celui du château, pour avoir une chance de le vaincre. Quand on disait que l'univers gothique va mieux au Prince des ténèbres...

    Que l'on soit clair. Même si Castlevania : Lord of Shadow 2 est loin d'être exempt de défauts (aliasing parfois très prononcé, un peu trop facile, level design moins inspiré dans les séquences du présent contrairement à celles du passé, très au-dessus...) et un cran en dessous du premier volet, il reste malgré tout un titre qui est quand même dans le haut du panier. Musique toujours aussi fabuleuse, doublages des voix ad-hoc, généreux sur sa durée de vie (on a mis environ 12h pour terminer l'histoire principale, donc si vous souhaitez faire le jeu à 100%, vous avez du boulot !)...

    Incontestablement, c'est un titre à découvrir, si possible en Bundle avec le premier opus et Mirror of Fate, histoire d'avoir la trilogie. Et vu que l'adaptation au cinéma de Castlevania a un peu sombré dans le gouffre du Development Hell, on va rester sur la franchise vidéoludique pour un bon bout de temps. Pas grave, c'est mieux !

    Olivier Pallaruelo

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