Mon compte
    "3 x Manon" : triplé gagnant cette semaine pour Arte

    Arte diffuse ce jeudi 10 avril "3 x Manon", une nouvelle mini-série en trois parties qui prend place dans l’univers des Centres d’Education Fermés. En tête d'affiche, vous découvrirez la troublante Alba Gaïa Bellugi...

    Alba Gaïa Bellugi, Léa Rougeron, Jisca Kalvanda et Claire Bouanich

    © Angela Rossi

    Arte lève le voile ce jeudi 10 avril à 20h45 sur les trois épisodes de 3 x Manon, sa nouvelle mini-série réalisée par Jean-Xavier de Lestrade, spécialiste du fait judiciaire oscarisé en 2002 pour son documentaire Un Coupable idéal, et coécrite par Antoine Lacomblez. Lauréate du Fipa d’Or au festival de Biarritz de 2014, la fiction suit l’évolution de Manon (Alba Gaia Bellugi), une adolescente de 15 ans mal dans sa peau, qui poignarde sa mère (Marina Foïs), sans raison apparente.  La jeune fille est alors envoyée en Centre Educatif Fermé, où elle va tenter pendant six mois de retrouver une vie normale et lutter contre la violence qui la ronge.

    Alix Poisson, Yannick Choirat et Claire Bouanich composent le reste du casting de cette série qui, pour Judith Louis, directrice de la fiction d’Arte, est "bien plus qu’un regard sur la jeunesse et la délinquance. C’est un plein d’énergie et un parcours incroyablement lumineux".

    Une volonté pour Arte de maintenir sa politique de la fiction

    Après Ainsi soient-ils, Arte montre avec 3 x Manon qu’elle souhaite poursuivre le virage entamé dans le domaine de la fiction. Pour Judith Louis, la série "est le parfait tremplin pour accompagner et illustrer cette politique qui repose sur trois axes. "

    • Tout d’abord exploiter un format inédit en France mais fréquemment utilisé au Royaume-Uni, puisque la mini-série est composée de trois épisodes de 52 minutes qui seront diffusés la même soirée. Selon Jean-Xavier de Lestrade, ce format permet "d'approcher au plus près cette jeune fille et de prendre le temps de suivre ses mouvements, son cheminement."

    • Ensuite sur l’envie de "travailler sur le genre et le contemporain". Avec 3 x Manon, Arte souhaite raconter le monde d’aujourd’hui en s’appuyant sur des émotions, des personnages, des histoires de société…
    • Mais plus que raconter le monde, Judith Louis espère que la fiction d’Arte "regarde le monde, qu’elle s’appuie pour cela sur le regard d’auteur et de créateur."

      Alba Gaïa Bellugi, Marina Foïs et Yannick Choirat

      © Angela Rossi

      Une histoire de famille plus qu’un regard sur la violence

      Le point de départ de 3 x Manon c’est le rapport entretenu par Manon et sa mère, incarnée par une Marina Foïs troublante d’ambiguïté. Durant les trois épisodes, cette relation est toujours-là, en pointillés, et fait peur dès qu’elle ressurgit.  En permanence, le spectateur s’interroge sur ce qu’il se passe entre elles, sur cet amour toxique pour l’adolescente. "Plus qu’une réflexion sur le système carcéral, il s’agit bien d’une interrogation sur la toute-puissance de l’amour" résume Jean-Xavier de Lestrade.

      L’amour dysfonctionnel d’une mère pour sa fille est une problématique que le réalisateur avait en tête depuis plusieurs années. En 2009, pour Parcours meurtrier d'une mère ordinare : l'affaire Courjault, il rencontre la psychanalyste Claude Halmos et lit Pourquoi l’amour ne suffit pas ?, un livre qui traite des différences entre l’amour parental et tout autre type d’amour. "Je m’étais dit que ce serait bien de faire un film autour de ce concept. Suite à un entretien avec Nicole Collet [la productrice, ndlr] autour du livre de Pierre Joxe, Pas de quartier ?, l’idée a ressurgi très vite." Il veut raconter l’histoire d’une enfant emprisonnée par un amour source de tension. Elle souhaite montrer "qu’une jeune vie en perdition peut être sauvée par une rencontre, une écoute".

      Une fiction qui sonne juste

      Habitué aux documentaires, Jean-Xavier de Lestrade signe ici un véritable travail de fiction. Mais une fiction "qui doit pouvoir rejoindre la force du réel. Pour que le film tienne debout, il faut que chaque parole soit ressentie comme vraie et sincère."

      Cette sincérité, c’est à Antoine Lacomblez, co-scénariste de la série, que 3 x Manon la doit. Motivé par une volonté de comprendre ces jeunes, de porter un autre regard sur la violence et leur désarroi, il fait parler la bande de délinquantes avec une justesse peu fréquente à la télévision. Une rareté soulignée par Claire Bouanich, l’interprète de Lola, une des adolescentes. "Quand j’ai lu le scénario, je me suis dit : 'enfin un scénariste qui ne tente pas de jouer aux ados !' C’est écrit simplement, on n’a pas l’impression qu’il a essayé de faire jeune."

      Le secret du scénariste ? "De l’instinct. Il n’y a pas de règles, c’est juste beaucoup de travail." Et beaucoup de documentation. Pour ne pas se laisser influencer par la visite d’un seul CEF - il en existe une cinquantaine qui diffèrent tous dans leurs méthodes - Antoine Lacomblez a préféré s’appuyer sur une recherche très fournie. Rencontre avec des juges, des pédagogues et des avocats, lecture des rapports du contrôleur des lieux de privation de liberté…

      Alix Poisson

      © Angela Rossi

      Un casting solide

      3 x Manon est portée certes par son scénario, mais surtout par son casting irréprochable. Ayant déjà travaillé avec Jean-Xavier Lestrade, Alix Poisson et Yannick Choirat n’ont pas hésité avant d’accepter leurs rôles respectifs. Pour l’interprète de Mme Barthélémy, la prof de français, "recevoir un rôle comme celui-ci, pour un comédien c’est rare. Ce film dépasse la fable, il est essentiel, civique. Parents, enfants, éducateurs, tout le monde devrait le voir."

      Un avis que partage Yannick Choirat, qui joue Lucas Rivière, un éducateur qui aide Manon à trouver sa voie, quitte à franchir certaines lignes. "Faire partie d’un film qui fait appel à l’esprit critique d’un spectateur, c’est un cadeau très rare pour un acteur."

      Une révélation : Alba Gaïa Bellugi

      La jeune actrice de 19 ans, vue dans Intouchables, incarne une Manon toute en violence et mutisme. "Un rôle très loin de moi, qui me sort de ma zone de confort " confie-t-elle en douceur, presqu’à demi-mot. "C’est d’ailleurs très rare qu’on me propose un rôle si différent de ce que je suis. En général, on offre souvent les rôles à des acteurs qui ressemblent aux personnages.

      Pour Nicole Collet et le réalisateur, Alba était une évidence. "Dès les premiers essais nous avons trouvé chez elle quelque chose de l’ordre du personnage. Elle n’en était pas consciente, donc il a fallu aller le chercher."

      Sa prestation fait très vite penser à celles de Charlotte Gainsbourg dans L’Effrontée et La Petite Voleuse. Une ressemblance qui peut s’expliquer par le sujet traité. En effet, le regard de Claude Miller sur l’enfance et le mal-être adolescent reste une référence, selon Jean-Xavier de Lestrade. Et si la façon de se mouvoir de Manon rappelle effectivement celle de Charlotte, "Alba a sa propre personnalité, son talent."

      Anne-Laure Tricot

      FBwhatsapp facebook Tweet
      Commentaires
      Back to Top