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    Get On Up, 24 heures chrono, Ron Howard : Brian Grazer revient sur sa carrière
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    De ses débuts à "Get On Up", en passant par "24 heures chrono" et sa longue collaboration avec Ro Howard, le producteur Brian Grazer revient sur sa carrière à l'occasion de la sortie du biopic sur James Brown.

    "Les producteurs font un travail très important", nous dit Brian Grazer, qui se réjouit ainsi que le Festival du Cinéma Américain de Deauville mette chaque année cette profession en lumière à travers un hommage. Après Paula Wagner, Lauren Shuler Donner ou les frères Weinstein, les planches ont donc accueilli le partenaire privilégié de Ron Howard, avec qui il a remporté un Oscar du Meilleur Film en 2002 pour Un homme d'exception.

    Alors que Get On Up, biopic consacré à James Brown, sort dans nos salles, le producteur est revenu avec nous sur les grandes étapes de sa carrière.

    AlloCiné : Comment avez-vous été amené à devenir producteur ?

    Brian Grazer : Si je suis devenu producteur, c'est un peu par accident. Je devais faire une école de droit avant de devenir clerc de notaire, mais Lew Wasserman [agent et producteur américain, ndlr] m'a suggéré d'écrire. Il m'a dit que comme je n'étais pas acteur, je devais me créer de la valeur, et ça passait par l'écriture. C'est ce que j'ai fait sur les deux premiers films que j'ai produits, où j'ai donc débuté en tant que scénariste avant de devenir producteur.

    Votre première production qui est le téléfilm "Zuma Beach"...

    Oh oui c'est vrai (rires)

    Qu'avez-vous appris avec cette première expérience ?

    J'ai appris que les idées avaient beaucoup de pouvoir. Encore plus lorsqu'il s'agit d'idées sexy ou explosives, vis-à-vis de la culture ou de la pop culture. Il faut distinguer les récits, et cela passe par l'aspect sexy, explosif ou inflammable des mots chargés de décrire ce qui va se produire.

    Ron Howard est une personne de grande qualité

    Vous avez ensuite produit votre premier film de cinéma, "Les Croque-morts en folie", qui marque également votre première collaboration avec Ron Howard. Vous souvenez-vous de votre rencontre ?

    Je me rappelle qu'il avait des cheveux (rires) Et une moustache. Je savais qu'il serait un bon réalisateur, mais pas le cinéaste majeur qu'il est aujourd'hui. C'est une personne de grande qualité, quelqu'un de bien. Il a donc tout pour lui car c'est une personne morale et de goût qui est devenu un artiste incroyable. Aujourd'hui encore, il continue d'améliorer son art.

    A quel moment votre longue collaboration s'est-elle vraiment mise en place ?

    Juste après Splash (1984), il a réalisé quelques films sans moi [Cocoon, Gung Ho & Willow, ndlr] pendant que j'en produisais de mon côté. Mais notre amitié et notre respect mutuel sont restés inchangés, donc c'est à ce moment-là que nous avons établi notre partenariat à travers la société Imagine Entertainment, il y a 25 ans.

    Et vous allez retravailler ensemble sur "Inferno", dont le tournage est prévu en 2015.

    Oui, et tout ce que je peux dire sur le projet, c'est qu'il est tiré d'un super livre de Dan Brown. C'est un thriller qui vous emmène dans l'Europe de l'Ouest de façon stimulante et dynamique. Ce sera aussi bien un film d'action qu'un truc qui va vous retourner le cerveau, où Ron pourra employer des techniques cinématographiques qu'il avait déjà utilisées sur La Rançon ou Un homme d'exception, et les combinera au sein de ce long métrage.

    Bac Films

    Lorsque l'on parcourt votre filmographie, on y remarque certains projets risqués tels que "Psycho" ou "Mulholland Drive". Qu'est-ce qui vous a motivé à les produire ?

    Sur Psycho, je croyais tout simplement en Gus van Sant, que j'adore. J'ai d'ailleurs une histoire amusante : j'ai connu Andy Warhol avant Gus van Sant, et c'était pour moi un génie en même temps qu'un pionnier dans son art, qu'il a magnifié en s'inspirant notamment de Marcel Duchamp. Et je trouve que Gus van Sant appartient à la même catégorie, en tant que réalisateur seulement. Je ne savais pas si Psycho fonctionnerait, mais j'ai beaucoup aimé l'audace du projet et c'est ce qui m'a motivé à soutenir sa vision, qui ne coûtait pas très chère. J'ai donc pu le faire car je le pouvais et le voulais.

    Pour ce qui est de Mulholland Drive, vous savez sans doute que c'était un projet de série télévisée qui s'est transformé en film. Or je viens également de la télé, que j'adore. J'avais très envie de travailler avec David Lynch donc je me suis lancé, et il a eu l'idée de resserrer sa vision initiale pour en faire un long métrage. Ça n'était donc pas notre idée mais la sienne.

    Quel est le principal moteur de vos choix ?

    C'est généralement le sujet, même si, dans le cas de Mullholland Drive, Pyscho ou du film que j'ai fait avec les frères Coen, Intolérable Cruauté, ce sont les réalisateurs qui ont motivé mon choix. Et je fais toujours passer ma vision de l'histoire après le metteur en scène. Mais l'histoire ou l'idée de départ ont plus souvent guidé mes choix, car j'aime croire que celles-ci sont entre de bonnes mains sur le plan qualitatif. Même si je fais aussi des erreurs.

    Clint Eastwood est mon idole de toujours

    Puisque vous parlez de réalisateurs, vous avez aussi travaillé avec Ridley Scott ou Clint Eastwood. Quels souvenirs en gardez-vous ?

    Oh mon Dieu ! C'était incroyable. Des cinéastes majeurs. Au plus haut point. J'ai adoré travailler avec Ridley Scott. Et moi qui avais pour habitude de ne pas me rendre sur un plateau de tournage tous les jours, j'avais déménagé à New York juste pour pouvoir être le plus possible sur celui d'American Gangster. Je voulais aussi voir comment il créait une dimensionnalité et un univers sur un film, à partir de mots, et participer à ce processus. C'est quelqu'un de très drôle et intelligent, avec beaucoup d'intégrité.

    Clint Eastwood, de son côté, est mon idole de toujours. Pour moi comme pour le monde du cinéma. J'ai d'ailleurs eu la chance de travailler avec lui à deux reprises : sur L'Echange puis J. Edgar. C'était un vrai privilège.

    Comme vous le disiez auparavant, vous avez également travaillé pour la télévision, où votre plus gros succès est "24 heures chrono". Aviez-vous imaginé que la série deviendrait un tel phénomène ?

    Non, pas du tout. Nous aimions le concept et nous l'avions trouvé cool, car il changeait la forme du média : nous étions dans une série télé, mais sa façon de découper l'écran était nouvelle, tant sur le plan accoustique que visuel, au même titre que son utilisation du temps réel. C'était incroyable mais les audiences étaient très faibles au début, car les consommateurs avaient du mal à s'y adapter. Mais Rupert Murdoch aimait beaucoup la série et il nous a soutenus jusqu'à ce qu'elle devienne un succès.

    Un film fait-il toujours partie de vos projets ?

    Il a ses hauts et ses bas, sans aucun doute (rires) Je veux faire un film 24 heures chrono, et Kiefer [Sutherland, ndlr] aussi, donc tout dépend de l'envie, ou non, du studio. Mais j'espère qu'il voudra le faire un jour.

    Fox

    Vous feriez ainsi l'inverse de "Friday Night Lights", film devenu une série. Qu'avez-vous aimé dans cette expérience ?

    J'adore cette série, et ce qui est drôle c'est que je la revois en ce moment. Car en télévision, qu'il s'agisse de Friday Night Lights, Parenthood ou 24 heures chrono, je ne vois que des montages bruts horribles des épisodes. Je n'ai pas droit à l'excitation émotionnelle qu'ils procurent. Mais j'aime beaucoup cette série et le fait qu'elles plaisent aux jeunes. Je la trouve à la fois sexy et déchirante. Ça parle d'amour-propre avec des jeunes, et ça me plaît beaucoup.

    Enfin vous présentez actuellement "Get On Up" : qu'est-ce qui vous a poussé à produire ce biopic sur James Brown ?

    J'aime beaucoup son histoire, le récit de cet artiste passé des guenilles à la richesse. Ça n'est pas Amadeus, que j'adore, mais j'aime faire des films sur des génies et sur la maîtrise. James Brown, à sa façon, est devenu un maître et un pionnier dans la musique, à travers un genre qui lui a pemis de fortement influencer le hip hop. C'était quelqu'un de brillant avec des bas très bas et des hauts très hauts, ce qui rendait son histoire assez dramatique pour que je veuille l'adapter.

    Propos recueillis par Maxmilien Pierrette à Deauville le 12 septembre 2014

    La bande-annonce de "Get On Up" :

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