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    De Michael Collins à '71 Belfast : l'Irlande à feu et à sang
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Réalisé par un français, "71 Belfast" revient avec force sur la terrible guerre qui a ensanglanté l'Irlande du Nord pendant des décennies. Une page tragique de l'Histoire régulièrement évoquée au cinéma.

    Haut et Court

    Bloody Sunday

    L'histoire

    Le dimanche 30 janvier 1972, à Derry, en Irlande du Nord, Ivan Cooper est l’organisateur d’une marche pacifique pour l’égalité des droits entre catholiques et protestants. Mais la manifestation se transforme en un bain de sang : treize personnes sont tuées par l’armée. Cette journée sera désormais inscrite dans l’Histoire sous le nom de Bloody Sunday...

    Pour aller plus loin...

    Il faut tout d'abord savoir que l'expression Bloody Sunday ("dimanche sanglant") ne désigne pas seulement le drame qui s'est joué le dimanche 30 janvier 1972 dans la petite ville de Derry en Irlande du Nord. Il désigne également deux autres événements sanglants qui se sont déroulés au Royaume-Uni et en Irlande :

    - Le dimanche 13 novembre 1887 : dispersion violente par la police d'une manifestation, qui protestait contre les conditions de vie ouvrières et le statut de l'Irlande, sur Trafalgar Square. 2000 policiers et 400 soldats chargèrent sur les hommes, femmes et enfants, faisant au moins trois morts et plus de 200 blessés.

    - Le dimanche 21 novembre 1920 : journée de violence qui s’est déroulée à Dublin, durant la guerre d’Indépendance de l’Irlande (1919-1920). La journée commença avec l’assassinat de 14 agents britanniques ou de leurs informateurs mais également de personnes sans engagement politique par l'Armée républicaine irlandaise sous les ordres de Michael Collins. Les forces britanniques réagirent en ouvrant le feu sur la foule pendant un match de football gaélique disputé à Croke Park à Dublin. Cette journée fit près de 30 victimes.

    Derry, dimanche 30 janvier 1972...

    Le Bloody Sunday survient lors d’une des marches organisées depuis le milieux des années 60 par la Northern Ireland Civil Rights Association (Association des Droits Civiques d’Irlande du Nord) pour promouvoir l'égalité de droits entre catholiques et protestants. C’est pour protester contre l’internement administratif, décidé par le Parlement nord-irlandais le 9 août 1971, que la NICRA décide d’organiser une manifestation pacifique à Derry le 30 janvier 1972. Plusieurs centaines de catholiques ont été ainsi emprisonnés sans procès dans des camps d’internement de l’armée britannique.

    La NICRA, menée par Ivan Cooper, est déterminée à éviter toute violence entre les différents protagonistes. Malgré son dialogue avec les autorités unionistes d'une part, les paramilitaires de l'IRA de l'autre, et ses tentatives de négociation avec les forces de l'ordre britanniques, la manifestation dégénère et vingt-huit manifestants sont blessés par balles dont treize décéderont sur place. Une quatorzième personne mourra quatre mois et demi plus tard des blessures reçues ce jour-là.

    Cette journée, désormais inscrite dans l'Histoire sous le nom de Bloody Sunday, marque une nouvelle étape dans le conflit nord-irlandais. Les rangs de l'IRA se gonflèrent après ce massacre, entraînant un engrenage mortel d'attentats et de représailles entre les camps en présence, comme lors du Bloody Friday à Belfast. L'armée britannique perdit sa crédibilité dans l'esprit des républicains qui ne virent plus en elle une force d'interposition mais une force de répression.

    L'enquête

    38 ans après, une commission instaurée en 1998, qui a enquêté pendant 12 ans et interrogé 2500 témoins, livre ses conclusions sur près de 5000 pages : elle met en pièces le rapport d'enquête bâclée mise sur pied peu après les événements, qui avait conclu que l'armée avait répondu à des tirs effectués par l'IRA. Mardi 15 juin 2010 : David Cameron, actuel Premier ministre Britannique, déclare : "Ce qui s'est passé n'aurait jamais, jamais dû arriver. Vous ne pouvez pas défendre l'armée britannique en défendant l'indéfendable. Au nom du gouvernement, au nom de notre pays, je suis profondément désolé"

    Ci-dessous, les images d'archives de la manifestation et sa répression par les forces britanniques :

     

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