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    La mini-série "Paris" ce soir sur Arte : Entre "24", "Collision" et "Short Cuts"

    A l'occasion de la diffusion sur Arte de la mini-série "Paris", rencontre avec sa créatrice, Virginie Brac, et son réalisateur, Gilles Bannier.

    "Paris" c'est...

    Du Premier Ministre à une chanteuse de cabaret transsexuelle en passant par un couple de chauffeurs de bus de la RATP, Paris nous entraîne, 24 heures durant, dans la vie de personnages hauts en couleur. Au rythme des rencontres, coups de fil, coups de foudre, ruptures, affrontements, chacun vivra un tournant de son histoire personnelle dans le tumulte de la Ville Lumière...

    Pierre Vialle/Son et Lumière

    Pari(s) tenu ?

    L'une des têtes pensantes d'Engrenages, la scénariste et romancière Virginie Brac, tente avec Paris un double exercice de style que l'on pourrait résumer à 24 rencontre Collision, soit un récit choral narrant 24 heures dans la vie d'une dizaine de Parisiens qui s'entrecroisent, étalé sur six épisodes d'une quarantaine de minutes : "Chaque épisode représente ainsi 4 heures d'une journée et chaque personnage doit aller bout de lui-même à travers les choix qu'il va faire dans cet espace de temps. C'est l'idée qu'un destin peut changer à la suite d'une simple décision" explique la créatrice. 

    A l'origine de ce concept singulier en fiction française, un documentaire et des références pointues : "Tout est parti d'un excellent documentaire intitulé 24 heures Berlin diffusé sur ARTE, montrant comment les Allemands vivent dans cette ville avec tous les niveaux sociaux. C'est à son visionnage qu'est née l'idée d'en faire une version fictionnée dans une autre grande ville emblématique, Paris, sur laquelle tout le monde fantasme. C'était retrouver pour moi en tant que scénariste le travail d'Altman avec Short Cuts ou d'Inarittu avec Babel." 

    Un pari ambitieux, partiellement relevé, malgré un manque de rythme dans les premiers épisodes. La tension monte crescendo à mesure que les enjeux se font de plus en plus fortement ressentir.

    Arte France

    Quand un ange (trangenre) passe...

    Le coeur du récit, le véritable pari de la série, c'est de tout miser sur les héros, en particulier sur le personnage très singulier d'Alexia, un transgenre, qui "caractérise la pureté", qui "transcende le récit (...) tel un ange" et qui "fait le lien entre tous les mondes explorés".

    Il est remarquablement incarné par Sarah-Jane Sauvegrain, qui n'est pas transsexuelle elle-même. Un choix assumé par le réalisateur des six épisodes Gilles Bannier : "On a tout essayé ! On a fait passer le casting à des transgenres, à des femmes, à des hommes, on a eu du mal à trouver la bonne formule. Pour avoir vu la vérité des trangenres, l'enfer qu'était leur vie, je n'avais nullement envie de trahir leur réalité. Donc je ne voulais pas une figure à la Almodovar. Sarah-Jane a été notre choix car c'était l'option la plus naturelle. J'espère qu'un jour, avec l'évolution de la médecine et une plus grande acceptation de la société, il existera véritablement des comédiens transgenres."

    Judith Louis, à la tête de l'Unité Fiction d'Arte, ajoute : "C'était à l'époque de la diffusion de Hit & Miss, avec Chloé Sévigny en transsexuelle, et ça marchait tellement bien qu'on s'est dit que c'est vers cela qu'on devait aller nous aussi.

    Arte France

    Paris sera toujours Paris

    Et pourquoi pas Lyon ? Bordeaux ? Marseille ? Cette histoire n'aurait jamais pu se dérouler ailleurs qu'à Paris. C'est aussi ce qui fait son charme, comme le raconte Virginie Brac : "Il y a des tas de lieux emblématiques dans Paris et les gens travaillent dans les monuments ici, que ce soit au Quai d'Orsay, au Palais de Justice... Et puis c'est la capitale. C'est l'Etat. Ce sont les institutions. La RATP en est une. Leurs employés sont en quelque sorte les derniers ouvriers de Paris. On a voulu miser sur une approche sociologique."

    Tout n'a d'ailleurs pas été simple pour l'équipe de production, alors que la ville a pourtant l'habitude d'acueillir des tournages tout au long de l'année. Gilles Bannier explique : "Tourner dans Paris c'est chiant et cher. C'est compliqué d'obtenir les autorisations et de représenter les véritables institutions." Virginie Brac ajoute : "La RATP nous a mis des bâtons dans les roues. Je suis choquée qu'elle se soit érigée en censeur. Le scénario mettait en lumière leurs relations avec les syndicats et ils n'y sont pas habitués. Je crois que ça leur a fait peur. Il a donc fallu qu'on achète un bus ! C'est dingue quand même : on parle de leurs problèmes mais ce ne sont pas des scoops : on les connaît ! On les vit tous les jours !

    Dans Paris, les histoires et les personnages sont parfois inspirés de faits réels, comme lorsque le fils du premier ministre disparaît : "J'ai visité Matignon lors de mes recherches préliminaires à l'écriture, et j'ai découvert avec stupéfaction que le premier ministre a sa famille qui vit à l'étage au-dessus ! Et puis il y a un incident qui est vraiment arrivé à un ancien ministre, qui est que sa fille a fait une fugue et cela a posé un gros problème de sécurité." Côté personnage, la scénariste affirme que le cambrioleur qui sert d'indic' aux flics existe lui aussi pour de vrai ! Une découverte qu'elle a faite en travaillant sur Engrenages.

    A voir les jeudis 15 et 22 janvier à 20h50 (3 + 3 épisodes) sur ARTE ou en +7 sur le site de la chaîne.

    Propos recueillis par Jean-Maxime Renault à Paris le 12 décembre 2014

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