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    12 Monkeys, la série qui veut marcher dans les pas de Terry Gilliam
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Ce 16 janvier, la chaîne SyFy diffuse aux Etats-Unis le premier épisode de "12 Monkeys", l'adaptation en série du film culte de Terry Gilliam sorti en 1996 en France. Un pari audacieux et risqué...

    Réussir une adaptation d'un long métrage en série est toujours un casse-tête : éviter de trahir l'ADN du matériau de départ, tout en cherchant légitimement à donner à la série une identité propre et une impulsion suffisamment forte pour accrocher les téléspectateurs. Il y a aussi toujours le risque de diluer un concept qui, s'il peut fonctionner à merveille sur la durée d'un long métrage, peut en revanche franchement tirer à la ligne dans le cadre d'une série...

    Annoncé comme un pilote en août 2013, la série 12 Monkeys, commandée par la chaîne SyFy et adaptée du film de SF de Terry Gilliam, est devenue en avril 2014 une série de 13 épisodes (en incluant le pilote). Autant dire un pari risqué pour le tandem Terry Matalas et Travis Fickett (Nikita, Terra Nova), co-auteurs du script de la série, tant le modèle d'origine est quelque peu écrasant.

    Alicia Gbur/Syfy

    C'est que L'Armée des douze singes -lui-même inspiré de La Jetée de Chris Marker- est devenu au fil des ans une oeuvre chère au coeur des fans de SF, notamment en raison de son esthétisme futuriste, de sa construction narrative audacieuse sur la base de voyages dans le temps, et de certains thèmes qui rappelaient par moment le chef-d'oeuvre Brazil. Le film de Gilliam était aussi porté par un très solide casting : Bruce Willis qui trouvait là un de ses meilleurs rôles sous les traits de James Cole; tandis que Brad Pitt récoltait un Golden Globe saluant sa prestation sous les traits du lunatique et dérangé Jeffrey Goines, mais aussi une citation à l'Oscar du meilleur second rôle.

    "Nous avons tout changé !"

    Comment se débarasser d'un encombrant bagage de départ ? "La série est une complète réinterprétation du film" expliquait Terry Matalas au dernier Comic Con de San Diego en juillet 2014; "nous ne voulions évidemment pas refaire le film donc nous avons tout changé". Après visionnage du premier épisode de la série, Fragmentation, force est de reconnaître que si ce n'est pas tout à fait exact (au hasard : le générique du début est quasiment le même que le film), il faut reconnaître aux géniteurs une volonté manifeste d'aller dans ce sens.

    Gavin Bond/Syfy

    Le coeur de la série comme celui du film est préservé, à quelques nuances près. Nous sommes donc en 2043 (au lieu de 2035 dans le film). Les quelques milliers d'habitants qui restent sur notre planète sont contraints de vivre sous terre. La surface du globe est devenue inhabitable à la suite d'un virus ayant décimé 99% de la population. Les survivants mettent tous leurs espoirs dans un voyage à travers le temps pour découvrir les causes de la catastrophe et la prévenir...

    Contrairement au personnage joué par Bruce Willis, détenu "volontaire" extrait de prison et expédié à la surface pour trouver des traces de vie et des réponses, celui incarné par Aaron Stanford (qui se glisse au passage un peu difficilement dans les souliers de Willis...) est un volontaire qui travaille et n'est pas captif. Son but est de trouver un certain Leland Frost (joué par l'excellent Zeljko Ivanek), estimé responsable de la propagation de la pandémie qui a ravagé l'humanité. A noter que le personnage d'Aaron Stanford est le seul à avoir gardé le même patronyme que dans le film de Gilliam. Celui du docteur Kathryn Railly, joué par Madeleine Stowe dans le film, devient ainsi Cassandra Railly, sous les -jolies- traits d'Amanda Schull. Pour l'anecdote d'ailleurs, qui résonne comme une illustration supplémentaire du poids du film de Gilliam qui pèse malgré tout sur la série : l'actrice s'est refusé à voir le film pour préparer son rôle, estimant que cela risquait de trop impacter sa performance dans 12 Monkeys...

    Universal Network Television

    Le changement le plus étonnant côté personnage étant celui de Jeffrey Goines, joué par Brad Pitt dans l'oeuvre de Gilliam. Ici, c'est son pendant féminin, Jennifer Goines, joué par l'actrice Emily Hampshire, présentée au téléspectateurs de manière plutôt habile, et dont on sait qu'elle possède au moins une des clés pour résoudre le mystère de cette armée des 12 singes.

    Au-delà du parti pris d'ancrer le background et l'intrigue de la série dans un cadre plus réaliste et une SF moins fantasmée que dans le film de Gilliam, le plus grand danger finalement est le traitement réservé aux voyages dans le temps, qui rendaient notamment complexe -et fascinante- la structure du film. En se resserrant sur la thématique du voyage temporel et l’anticipation de la catastrophe, la série prend effectivement son indépendance.

    Gavin Bond/Syfy

    Mais si le film évoquait la fuite en avant d'un personnage perdu dans le temps, dans lequel il embarquait la virologiste Kathryn Railly, le spectateur ignorait jusqu'au dénouement s'il suivait Cole dans sa mission pour empêcher l'exctinction de l'Humanité, ou était plongé dans les méandres de sa folie. Une ambiguïté qui faisait l'une des grandes forces du film de Gilliam, et qui est évacuée dans ce pilote de 12 Monkeys. Même s'il faut se garder de toute conclusion hâtive; car on imagine que les créateurs de la série gardent quelques jokers dans leurs manches à ce sujet pour les épisodes à venir.

    Pour rappel, Syfy France met en place en 2015 une soirée 100% séries. Chaque mardi, à compter du 20 janvier 2015, les téléspectateurs pourront suivre le Soirée Super Tuesday. Le coup d'envoi de la seconde saison d'Helix et la diffusion de 12 Monkeys se font quatre jours à peine après leur diffusion aux Etats-Unis. Au programme donc :

    20h45 : The 100 - Saison 1 (VM)

    22h10 : 12 Monkeys - Saison 1 (VM)

    22h50 : Helix - Saison 2 (VOST)

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