Mon compte
    Sous X, de Jean-Michel Correia : "Quelque part j'ai reconstitué une petite famille autour de moi"

    A la fois réalisateur et acteur principal, il signe un premier film tendu, qui sent le vécu, évoluant entre "Un Prophète" et "Pusher".

    Comment en êtes-vous venu à faire du cinéma ?

    Après plusieurs années passées en prison, j’ai recroisé un ami producteur qui m’a encouragé à écrire, notamment sur mon histoire. Je n’avais jamais vraiment écrit avant, j’avais simplement participé à un atelier d’écriture en détention, et collaboré à une revue éditée là-bas, Paroles Fleury. Mais je m’y suis mis, racontant un univers de cité, avec le personnage de Jean-Jacques qu’on retrouve dans Sous X. En fait, ce film a été mon premier travail, ma première histoire couchée sur le papier.

    Et puis vous avez rencontré Jacques Audiard...

    J’ai d’abord croisé Jean-François Richet. Il a bien aimé ce que j’écrivais, et il m’a permis de devenir chauffeur de production sur Mesrine, ma première expérience sur un tournage. Et puis j’ai rencontré Thomas Bidegain, qui m’a aussi trouvé un petit talent. Quand il a pris en main le scénario d’Un Prophète, il m’a appelé pour que je sois conseiller technique. Il voulait que je les aide au vu de mon expérience carcérale.

    Le fait que je réalise  Sous X  tient d’un concours de circonstances. Un réalisateur était affilié au projet, mais pour différentes raisons il n’a pas pu le faire, et je me suis retrouvé derrière la caméra.

    Par exemple sur quelle scène ou quel élément avez-vous pu influer ?

    Quand le personnage de Malik, interprété par Tahar Rahim, est incarcéré, j’ai pu leur donner quelques indications, sur le parcours que suit un nouvel arrivant. De la même manière, j’ai pu les aider à trouver un moyen de le rendre mobile à l’intérieur de la prison, en lui trouvant un métier, ce qui correspond à un fait concret de la vie carcérale. Mais je n’ai pas du tout contribué à l’écriture, je ne peux pas me permettre de dire ça, je les ai juste conseillés du mieux que j’ai pu. Jacques Audiard m’a ensuite proposé de venir travailler sur le tournage, comme second assistant, et ce fut une expérience magnifique, un moment privilégié de le voir travailler avec ces comédiens. C'est vraiment à ce moment-là où je me suis ancré professionnellement dans le milieu du cinéma.

    PAN-EUROPEENNE - Photos : CLARTE NOIRE

    Mais vous vouliez devenir réalisateur ?

    Pas du tout, enfin j’avais déjà réalisé un moyen-métrage, Les Petits, sur des jeunes de 10-12 ans de ma cité de Châtenay-Malabry, là où j’ai grandi. Certains de ces jeunes sont d’ailleurs dans Sous X. Et puis j’ai fait ensuite deux ou trois petites choses, un documentaire sur la venue de l’équipe d’Un Prophète à Châtenay-Malabry, et le making-of de Nuit Blanche. Mais le fait que je réalise Sous X tient d’un concours de circonstances. Après Un Prophète, j’ai commencé à écrire plusieurs projets avec l’un de ses auteurs, Nicolas Peufaillit : une série télé, un film qui s’appelle Nino sur le braqueur Antonio Ferrara, déjà développé au sein de la Pan-Européenne… Mais ces projets se sont retrouvés en stand-by, et toujours avec Nicolas Peufaillit je me suis alors remis à l’écriture de mon histoire personnelle, qui est devenue Sous X. Un réalisateur était affilié au projet, mais pour différentes raisons il n’a pas pu le faire, et je me suis retrouvé derrière la caméra.

    Et devant, puisque vous interprétez le rôle principal...

    Encore une fois ce n’était pas une envie de départ ! Mais cette solution a fini par s'imposer. Il y avait une vraie volonté de ma part d’être authentique. Tous les acteurs professionnels du casting, ce sont des gens que j'ai pu croiser sur tel ou tel tournage, dans tel ou tel festival, et avec lequels j'ai accroché humainement. Pour Pierre Douglas, qui joue le père de Jean-Jacques, c'est un peu différent. Il était le parrain d'une association culturelle présente à Châtenay-Malabry, quand je l'ai contacté il a tout de suite dit oui, en fait pour Sous X quelque part j'ai reconstitué une petite famille autour de moi.

    PAN-EUROPEENNE - Photos : CLARTE NOIRE

    Aviez-vous des films en tête au moment de tourner ?

    Un Prophète... Et puis les Pusher, dont j'aimais la manière de rentrer dans les scènes en suivant les pas du personnage principal, d'être juste dans son dos.

    Quels sont vos prochains projets ?

    J'ai pratiquement terminé le scénario de ce que j'espère être mon deuxième film. L'histoire se déroulera toujours dans ma cité de Châtenay-Malabry. Mais cette fois elle sera centrée autour d'une héroïne, j'ai envie de mettre en avant un personnage féminin, une femme dont l'homme vit dans l'illégalité.

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top