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    Fidel Castro, Kim Jong-Il, Staline : les films préférés des dictateurs
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Fidel Castro, décédé ce vendredi à 90 ans, a dirigé d'une main de fer Cuba pendant 42 ans avant de céder le pouvoir à son frère. Celui qui lutta toute sa vie contre l'impérialisme américain n'en aimait pas moins le cinéma US comme celui de Spielberg.

    Kim Jong-Il, prêt à tout pour un bon film

    De tous les profils, Kim Jong-Il est sans doute le plus jusqu'au boutiste dans sa passion, au point de carrément faire enlever un réalisateur et une actrice afin de les forcer à faire des films pour lui...Telle est la terrifiante et malheureuse histoire du réalisateur Sud Coréen Shin Sang-ok et de sa femme Choe Eun-hui. Celle-ci fut enlevée à Hong Kong par les services secrets Nord coréens en 1978. Jetée à fond de cale d'un bateau, elle fut emmenée -sous sédatifs- jusqu'à Pyongyang; un voyage de 8 jours. Le réalisateur, inquiet de ne pas voir revenir sa femme, se rendit alors à Hong Kong, avant d'être séquestré à son tour...

    En deux ans, Shin Sang-ok tourna plus de 20 films pour le dictateur, pour des budgets toujours équivalent ou supérieur à 2,5 millions de dollars. Pour trouver l'inspiration, le metteur en scène piochait dans l'hallucinante collection de films du dictateur : près de 20.000 ! Il nota alors que les films les plus regardés par Kim Jong-Il étaient notamment les exploits guerriers de Rambo, suivi par Vendredi 13 (sic !) ou encore la saga des James Bond.

    Ayant tenté de s'échapper par deux fois, le malheureux réalisateur fut condamné à cinq ans de détention, où il fut selon la terminologie officielle "rééduqué". Sa femme eut droit aussi aux cours de rééducation, pour apprendre l'histoire de la glorieuse révolution menée par le père de Kim Jong-Il, Kim Il-Sung.

    Une échappée digne d'un thriller...

    La suite de leur hallucinante histoire relèverait d'un film si ce n'était pas une terrifiante réalité....Ce n'est qu'en 1986, huit longues années après leur douloureuse arrivée en Corée du Nord, que le couple a finalement reçu une autorisation de sortir du pays, pour se rendre à un festival de films à Vienne. Mais pas question de laisser le couple seul : ils sont chaperonnés par une équipe de gros bras Nord Coréens...

    Quoi qu'il en soit, le couple parvint à les convaincre de les suivre en véhicule derrière leur taxi, histoire de se faire plus discrets. La suite, c'est Choe Eun-hui qui la raconte elle-même à la BBC : "à un moment, nous devions tourner sur la gauche à un carrefour pour aller au festival. Ceux qui nous encadraient nous suivaient en voiture, située 30 m derrière, mais plusieurs véhicules s'étaient intercalés entre nous. Nous avons alors dit au chauffeur de taxi de tourner à droite, et de foncer vers l'ambassade des Etats-Unis. L'équipe qui nous suivait a alors compris que quelque chose clochait, et a contacté le chauffeur de taxi par radio pour demander dans quelle direction nous allions. Moyennant un généreux pourboire, le chauffeur de taxi mentit en expliquant qu'il avait bien tourné dans la bonne direction".

    Arrivés devant l'ambassade US, ils ne trouvèrent pas de place pour se garer, et furent obligés de poursuivre à pied en courant, avec l'angoisse d'avoir les hommes de mains du régime nord-coréen à leurs trousses. "On a finalement réussi à passer la porte de l'ambassade, et nous avons demandé l'asile politique".

    Dans la grande tradition de paranoïa chère aux dictateurs, Kim Jong-il fut persuadé, lorsqu'on lui rapporta l'incident, que le couple fut en fait victime d'un enlèvement organisé par les Etats-Unis. Il envoya alors un message au couple leur proposant le plus sérieusement du monde de les aider...à revenir à Pyongyang. Hallucinant.

    Une petite anecdote pour terminer. Kim Jong-Il était aussi un fan absolu de Barbra Streisand et Michael Jordan. En fait c'était un fervent supporter de la NBA. Il lui est même arrivé d'interrompre à plusieurs reprises des réunions de gouvernement pour suivre des matchs importants...Son intérêt pour le basket était d'ailleurs tellement notoire à l'étranger que les services secrets américains envisagèrent un temps d'envoyer Michael Jordan en Corée du Nord pour une mission diplomatique. Mission que le joueur a décliné. On comprend pourquoi...

    Bien que l'on ignore si l'actuel leader de la Corée du Nord, Kim Jong-un, nourrit une passion aussi dévorante que son père pour le cinéma, on sait déjà qu'il n'a pas trop aimé sa caricature dans L'interview qui tue et ne s'est pas privé de le faire savoir...En revanche il est, comme son paternel, un grand amateur de basket. De là à faire séquestrer des joueurs pour son plaisir personnel...

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