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    Fidel Castro, Kim Jong-Il, Staline : les films préférés des dictateurs
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Fidel Castro, décédé ce vendredi à 90 ans, a dirigé d'une main de fer Cuba pendant 42 ans avant de céder le pouvoir à son frère. Celui qui lutta toute sa vie contre l'impérialisme américain n'en aimait pas moins le cinéma US comme celui de Spielberg.

    Staline, l'homme qui aimait Tarzan...et voulut faire assassiner John Wayne

    Tandis qu'Hitler appréciait les films de Walt Disney, Joseph Staline préférait directement expliquer la manière de monter les films aux cinéastes russes, à commencer par Sergei Mikhailovich Eisenstein. De nouvelles archives du Politburo ouvertes dans les années 2000, ont mis à jour une passion dévorante du dictateur pour le cinéma. Il possédait ainsi dans chacune de ses maisons sa propre salle de projection et, dans les dernières années de sa vie, le cinéma devint non seulement son loisir préféré mais aussi une source d'inspiration politique. Les archives personnelles de Staline ont en fait révélé que le chef de la Russie se voyait tout à la fois producteur de films, réalisateur, scénariste, mais aussi censeur suprême (forcément...), suggérant les titres de films, idées, histoires, travaillant même sur des chansons, coachant les acteurs, etc...

    Après une dure journée de labeur, le dictateur se rendait parfois en salle de projection. Il s'installait alors sur un siège à la première rangée, accompagné du terrifiant Lavrenti Beria, chef du NKVD (ancêtre du KGB) et membre du Politburo; Molotov, son ministre des Affaires étrangères; et Andreï Jdanov. "Qu'est-ce que le camarade Bolshakov va nous montrer aujourd'hui ?" demandait alors Staline. Terrifié, Bolshakov, Ministre du cinéma et de la propagande, devait alors jauger l'humeur du dictateur. Si elle était favorable, il pouvait se risquer à proposer un nouveau film soviétique...

    Après la guerre, Staline hérita de la collection personnelle de films de Joseph Goebbels. Il appréciait ainsi les films de Charles Chaplin, ou la Screwball Comedy New York-Miami. Il se fit même livrer Tarzan, l'homme singe ; un film qu'il appréciait grandement. Les westerns figuraient aussi en bonne place dans ses goûts, notamment ceux avec Spencer Tracy.

    John Wayne, une menace pour la propagation de l'idéal communiste...

    Paradoxalement, Staline critiquait constamment les films américains, notamment les westerns, qu'il jugeait beaucoup trop anti communistes. C'est ainsi que John Wayne, anti-communiste notoire, fit les frais de son humeur. Considérant l'acteur comme une menace potentielle à la propagation de l'idéal communiste, le dictateur aurait demandé à la fin d'une projection à ce que l'acteur soit assassiné. Des hommes de mains, en l'occurence deux expatriés ukrainiens, furent dépêchés à Los Angeles et chargés d'éliminer The Duke dans sa loge au sein des studios Warner, mais échouèrent dans leur mission.  Il y aurait eu deux tentatives d'assassinat; la seconde devant avoir lieu lors du tournage du western Hondo, l'homme du désert, en 1953, au Mexique. Pour l'anecdote et rappel, c'est également au Mexique que fut assassiné l'ancien leader de la Révolution russe d'octobre 1917, Léon Trotski, par un agent du NKVD envoyé par Staline...

    L'auteur et historien britannique Michael Munn revient notamment sur cette affaire dans son ouvrage John Wayne : the Man Behind the Myth. C'est le FBI qui aurait empêché in extremis ces tentatives d'assassinat. Khrouchtchev, nouveau Secrétaire général du Parti Communiste et successeur de Staline, leva cet ordre d'assassinat en 1953, à la mort du Petit père des peuples comme le dictateur se faisait appeler. Khrouchtchev admirait John Wayne, et le rencontra même en 1958 lors d'une entrevue. Ce n'est qu'à cette date que l'acteur connu la vérité à propos de ces tentatives d'assassinat, de la bouche même du maître du Kremlin : "C'était une décision de Staline prise durant ses cinq dernières années de folie. Quand Staline est mort, j'ai annulé l'ordre".

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