Mon compte
    "Better Call Saul, ce n'est pas Breaking Bad, saison 6"

    Better Call Saul, la série que tous les fans de Breaking Bad attendaient commence ce lundi soir sur Netflix. Mais, qu'attendre de ce prequel plutôt intrigant ? La réponse avec Vince Gilligan, Peter Gould et Bob Odenkirk, le légendaire Saul Goodman !

    Ben Leuner/AMC

    Dans Breaking Bad, il était la petite note d'humour qui détendait l'atmosphère, celui qui collait le sourire aux lèvres. Aujourd'hui, Saul Goodman est de retour mais, cette fois, il n'est pas qu'un simple acolyte mais le héros au coeur de tout. Dans Better Call Saul, lancée ce 9 février sur Netflix, Saul Goodman s'appelle encore Jimmy McGill, il ne connait pas encore Walter White - et ne le rencontrera pas avant six ans - il n'est pas encore véreux mais simplement un avocat plein d'énergie qui cherche sa voie, qui cherche à se construire un futur. En somme, Saul Goodman, tel qu'on ne l'avait encore jamais vu.

    Afin d'en savoir un peu plus sur ce prequel qui soulève encore beaucoup de questions, nous avons pu rencontrer, avec plusieurs autres journalistes, l'équipe de la série à Los Angeles...

    La résurrection de Saul Goodman

    Un spin-off autour de Saul Goodman ? Vince Gilligan et Peter Gould, ses co-créateurs, en riaient depuis la saison 2, depuis le moment où le personnage était apparu dans Breaking Bad. Mais, petit à petit, les blagues se sont transformées en discussions sérieuses. Et s'ils créaient vraiment une série dérivée autour de ce personnage qui agit comme une soupape humoristique, qu'en feraient-ils ?

    "Vers la fin de Breaking Bad, il y a eu ces moments où l'on se retrouvait à faire de longues marches autour de Burbank, on buvait des bières, et on se demandait à quoi cette série pourrait ressembler. Est-ce que ce serait une suite ? Ou est-ce que ce serait mieux de faire un prequel ? Est-ce que ça devrait être une pure comédie d'une demi-heure, une sitcom ?", se souvient Vince Gilligan.

    Finalement, les deux comparses décident de partir sur un format d'une heure. Un format avec lequel ils se sentent tous les deux beaucoup plus à l'aise. Better Call Saul, c'est donc, comme on l'a souvent entendu dire, 80% de drama, 20% de comédie.

    AMC

    Sortir de l'ombre de Breaking Bad

    Avant la diffusion, pendant et après... L'équipe va devoir faire face à l'éternelle comparaison avec Breaking Bad à toutes les étapes de sa vie. Du moins au début. "Il y a beaucoup de yeux posés sur Better Call Saul", confie Vince Gilligan, admettant sans problème que cette aventure est plutôt risquée : "Pour être honnêtes, nous ne savons pas vraiment ce que les gens veulent. Si vous me demandiez [la recette] qui a fait de Breaking Bad ce qu'elle était et comment la récréer, je n'aurai pas un début de réponse".

    Bob Odenkirk, l'interprète de Saul, raconte que, de son côté, toute l'existence et la légitimité de la série reposaient sur la réponse à une seule et unique question : "Est-ce que Peter et Vince veulent vraiment faire cette série pour des raisons créatives ? Ou est-ce qu'ils se sentent obligés d'en donner plus au public ?"

    On ne veut pas que les gens regardent la série pour de mauvaises raisons"

    Pour le duo créatif, la réponse était sans équivoque : ils ne voulaient pas refaire Breaking Bad. Leur nouvelle série sera un nouveau mélange, même si l'équipe et l'univers restent les mêmes. "Ce n’est pas Breaking Bad, saison 6. C’est Better Call Saul saison 1", précise d'ailleurs Rhea Seehorn, l'une des nouvelles de l'équipe.

    C'est aussi pour cette raison que, mis à part Mike Ehrmantraut (alias Jonathan Banks) qui sera également régulier dans le show,  les scénaristes ont fait le choix de ne pas tomber dans le travers des "guests à gogo" ou de faire apparaître Walter et Jesse tous les quatre matins :

    "Nous voulons que la série tienne debout seule et pas simplement injecter des personnages dedans parce qu’on pense - et espère que les fans aimeront. On veut raconter une histoire. Dans la saison 1, il n’y aura donc ni Walter ni Jesse. On ne veut pas que les gens regardent la série pour de mauvaises raisons, on ne veut pas les piéger pour qu’ils la regardent (...) Ceci étant dit et mis à part Walt et Jesse, le monde de Breaking Bad est grand ouvert. Et ce qui est super dans un prequel c'est que les gens qui sont morts dans Breaking Bad ne le sont pas encore dans Better Call Saul".

    Une partie du phénomène créé par Breakind Bad ne pourra jamais être reproduit par une autre série"

    Pour Bob Odenkirk,  la "compétition" n'a même pas lieu d'être, étant donné qu'en l'espace de quelques années, tout a changé : "Le [binge-watching] n’était pas une habitude quand la série a commencé. Et quand elle s’est terminée, tout le monde le faisait. Une partie de ça ne pourra jamais être reproduit par une autre série. Parce que c’était une nouvelle manière de regarder la télévision et à quelle fréquence une nouvelle manière de regarder la télé émerge ?"

    AMC

    Un anti-héros mis à nu

    Dans Better Call Saul, Jimmy McGill sera toujours aussi dynamique, drôle et sympathique mais surtout beaucoup plus mis à nu. Dans Breaking Bad, jamais Saul n'était vu en dehors de son travail, on ne savait donc pratiquement rien de lui. Better Call Saul nous montrera donc le vrai Saul sous le masque, son passé, sa vie de famille, en premier lieu sa relation avec son frère Chuck, interprété par Michael McKean :

    "Il idéalise son frère, qui est un avocat de génie et je pense que c’est même pour ça que Jimmy a fait du droit", explique Rhea Seehorn. "Je m'identifie beaucoup plus à Jimmy que je ne m'identifiais à Saul Goodman, qui n'était qu'un personnage de scène. J’en ai rencontré des gens comme lui, puisque je suis dans le showbiz ! Des gens qui vous disent : 'Je vais te mentir. Ca te va ? Ok !", poursuit Bob Odenkirk.

    J'étais conscient que Saul avait des facettes en lui que personne ne voyait"
    AMC

    Dans Better Call Saul, le personnage est en fait en pleine construction. Pour Rhea Seehorn, dont le personnage, Kim, partage un passé complexe et intime avec Jimmy, "C’est une série sur les origines, ce qui est très populaire en ce moment chez les super-héros. Mais, là, ils le font avec un homme ordinaire. Et ils en font un récit épique. Pour moi, c’est ça la comparaison avec Breaking Bad. C’est une autre série de transformation qui va d’un point A à un point B, B étant le Saul Goodman de Breaking Bad."

    Derrière une personnalité débordante et colorée, Saul devrait donc se dévoiler beaucoup plus et révéler de la profondeur. Peter Gould et Vince Gilligan admettent d'ailleurs qu'ils ne connaissaient pas Saul aussi bien qu'ils ne le pensaient, même si à l'époque de Breaking Bad, le personnage montrait parfois qu'il était plus qu'un simple avocat rigolo et véreux : "J’étais conscient que Saul avait des facettes en lui que personne ne voyait. [Je me souviens de] ce moment où Saul dit à Walter d’arrêter. Et ce n’est pas dans son intérêt de lui dire ça", continue Odenkirk.

    Saul n'est pas un sociopathe, c'est un mec avec qui j'aimerai prendre une bière"

    Loin de la noirceur d'un Walter White, le personnage devrait donc étonner le public mais surtout créer de l'empathie - même si Walt parvenait à être aimé malgré toutes ses actions bordeline - "Je n'aurai pas honte de soutenir ce mec. Walter White, finalement, est un sociopathe. Je ne veux pas m'avancer mais je ne pense pas que Saul/Jimmy finira par devenir un sociopathe. Il est plus un filou qu'un vilain. C'est un mec avec qui j'aimerai prendre une bière en fait."

    AMC

    Mais, ceux qui attendent que Better Call Saul les fasse rire ne devraient pas non plus être déçus. Autant que Breaking Bad qui parvenait à faire rire dans les situations les plus désespérées, Better Call Saul - qui s'annonce toutefois assez noire - devrait créer tout un tas de situations burlesques, voire absurdes et ridicules, comme le raconte Bob Odenkirk :

    "J'ai quitté les plateaux de tournage avec en tête des scènes puissantes et sérieuses qui avaient été tellement dures à jouer, qui étaient de vrais challenges. Puis, j'ai vu le premier épisode et... C'était tellement fun, barré, tellement Saul Goodman (...) Quand Saul raconte un plan, à chaque fois, on se dit que ça a l'air top, on se dit : 'Wouah, le mec, il a le cerveau en feu !" Mais, en même temps, on se dit aussi : "Quand même, ça pourrait mal tourner en fait'. Et quand ça tourne mal, c'est tellement drôle".

    Il n'y a rien qui soit purement drôle ou purement triste"

    C'est tout le génie du duo créatif Gilligan/Gould, capable de faire frissonner puis de faire rire. Puis de faire peur, puis de faire hurler. Deux talents, qui semblent en parfaite symbiose, capables aussi d'insérer dans leur show des éléments judiciaires que les séries judiciaires considèrent comme "chiants" ou inutiles tout simplement parce qu'eux, les trouvent, a contrario, très amusants. "Il y a beaucoup de séries sombres qui sont si pesantes... Tellement remplies de gravité. Alors qu'à n'importe quel moment, on peut ajouter de l'humour dans le drame. Il n'y a rien dans la vie qui soit purement drôle ou purement triste", expliquent-ils en choeur.

    AMC

    Les acteurs décrivent, de leur côté, un processus de découverte permanent au cours duquel ils lisaient leurs scripts deux ou trois jours avant le tournage. "C’était comme attendre chaque diffusion avec excitation", sourit Rhea Seehorn. Les 10 premiers jours de tournage, cette dernière n'avait d'ailleurs pas de scènes à tourner mais s'est rendue sur les plateaux tous les jours : "C’est comme une masterclass, alors soit vous restez dans votre chambre d’hôtel soit vous regardez les autres au sommet de leur art".

    Chaque épisode devrait ainsi réserver des surprises mais aussi placer des graines pour le futur : "[Vince et Peter] sont aussi obsessionnels et attentifs aux détails que ce que vous pouvez imaginer en lisant leurs scripts. Il y a une raison pour laquelle le nounours flottait dans la piscine et peu importe qu’on mette deux saisons à comprendre ! Ils écrivent comme ça tout le temps", poursuit l'actrice.

    Il pourrait y avoir des choses qui se passent aussi après Breaking Bad"

    De même, la chronologie de Better Call Saul, tout comme l'était celle de Breaking Bad, sera amenée à bouger, à voir son curseur se déplacer. Ainsi, l'histoire de Saul remontera parfois beaucoup plus loin que cinq ans en arrière. La narration pourrait même de l'avant, vers l'avenir. Il pourrait donc y avoir des choses qui se passent après la fin de Breaking Bad : "Nous pouvons aller en arrière et en avant, ce qui nous aide vraiment", explique Peter Gould histoire de prolonger le suspense...

    Pourquoi vous feriez mieux d'appeler Saul !

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top