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    Cannes 2015 : Mark Osborne nous dévoile Le Petit Prince !
    Clément Cuyer
    Clément Cuyer
    -Journaliste
    Clément Cuyer apprécie tous les genres, du bon film d’horreur qui tâche à la comédie potache. Il est un "vieux de la vieille" d’AlloCiné, journaliste au sein de la Rédaction depuis maintenant plus de deux décennies passionnées. "Trop vieux pour ces conneries" ? Ô grand jamais !

    Mark Osborne, le réalisateur du Petit Prince, présenté hors-compétition lors du prochain Festival de Cannes, nous dévoile les secrets de cette adaptation animée du classique de Saint-Exupéry.

    Mark Osborne aime les grands écarts. L'Américain, réalisateur en 2008 du trépidant Kung Fu Panda, s'attaque en 2015 à un univers diamétralement opposé : il dévoilera en effet au prochain Festival de Cannes, hors-compétition, puis le 29 juillet prochain dans les salles, Le Petit Prince, adaptation animée du classique d'Antoine de Saint-Exupéry.

    Rencontre avec le cinéaste, qui évoque son affection pour le livre, les dificultés à l'adapter, la stop-motion utilisée pour les besoins du film, mais également Orson Welles et... sa propre femme !

    A l’origine du Petit Prince ? Ma femme…

    Je n’aurais jamais connu le livre sans ma femme. Quand nous étions à l’université, que nous avons commencé à nous fréquenter, il y a eu un laps de temps où nous étions séparés. C’est à ce moment qu’elle m’a envoyé l’exemplaire du Petit Prince qu’elle avait depuis qu’elle était enfant. Ca a eu un impact très profond sur moi, c’est devenu une partie de notre relation et, d'une certaine façon, ça nous a remis ensemble. Le livre a donc une vraie signification pour nous deux. D’ailleurs, quand on m’a proposé de l’adapter, j’ai dit non, car j’avais un rapport trop personnel à lui. (rires)

    Ma première lecture

    Lire Le Petit Prince m’a vraiment aidé à un moment précis de ma vie. Ca a fait ressortir en moi quelque chose de mon enfance, une version enfantine de moi-même, l’innocence de ces moments, les aspirations, la créativité et l’imagination que j’avais quand j’étais gamin. Je pense que ça m’a vraiment aidé dans ce sens parce qu'à cette époque, j’étais en train de chercher ma voix en tant que cinéaste. Ca m’a aidé à prendre du recul, à ne pas être trop concerné par le monde adulte, à plus penser comme un enfant.

    "Le Petit Prince m'a aidé quand je cherchais ma voix en tant que cinéaste, il m'a aidé à plus penser comme un enfant !"

    Les thèmes du "Petit Prince"

    Ce qui me parle avec Le Petit Prince, c'est le fait de rester en contact avec son enfance intérieure, rester connecté à la partie innocente de soi-même, qui est peut-être la partie la plus créative. C’est une partie incroyable et inspirante de l’histoire. Et puis il y a l'autre aspect, celui du monde adulte, ce que cela signifie d’être un adulte, combien ça peut provoquer de solitude… Ca aussi, ça m’a vraiment inspiré.

    Paramount Pictures France

    Un livre difficile à adapter

    C’est très difficile de parvenir à rendre justice à quelque chose de si personnel pour les gens. Après avoir réfléchi, j’ai réalisé que c’était une opportunité incroyable. Je me suis dit qu’il y avait peut-être moyen, non pas de faire un film uniquement sur le livre, mais de faire un film sur la manière dont quelqu’un expérimente le livre. C'est la clé qui a dévérouillé l’idée de faire un film sur Le Petit Prince : raconter l’histoire de quelqu’un qui expérimente le livre, montrer comment il change les gens, affecte leurs vies. C’est devenu ça, la grande idée du film.

    "Un projet peut-être un peu plus modeste pour pousser les barrières encore plus loin, expérimenter encore plus !"

    L’ombre d’Orson Welles

    Quand j’ai voulu faire autre chose que juste adapter le livre, je suis parti dans une quête pour trouver cette histoire plus large. Je n’y arrivais pas, j’ai failli abandonner ! Par chance, j’ai découvert qu’Orson Welles avait envisagé d’adapter le livre en 1943. Juste après Citizen Kane, il voulait faire un film mêlant animation et prises de vues réelles. Il avait même eu des rendez-vous avec Walt Disney pour parler animation ! Visiblement, l’une des raisons pour lesquelles le projet aurait capoté est qu’il aurait quitté la salle de réunion avec Disney en disant : "Il n’y a de la place que pour un seul génie dans cette pièce" ! (rires)

    Welles avait écrit quatre versions de scénario. Je me suis dis que je pourrais peut-être me servir de l'une d'elles comme base. J’étais très excité à l’idée de voir ce qu’il avait écrit, j'ai beaucoup fantasmé. Mais les scripts étaient très concentrés sur le livre, il n’y avait pas grand chose de plus. J’étais déçu de ne pas pouvoir les utiliser, ils ne m’aidaient pas. En même temps, Welles m’a encouragé à "brainstormer" au-delà des frontières du livre. Je pouvais me servir de tous mes rêves et j’ai commencé à construire l’histoire à partir d'eux. D’une certaine manière, j’étais inspiré par le fait que ce cinéaste de légende poursuivait son rêve tout autant que moi. Je suis alors parvenu à rassembler mes idées pour aboutir au résultat final.

    Paramount Pictures France

    Animation : liberté et courage

    Pour faire un film d’animation, c'est un processus énorme. Il y a des engagements énormes, sur n’importe quoi. Lorsque vous êtes dans un système de gros studios, que vous travaillez pour une major hollywoodienne, plus le budget est élevé, plus c’est complexe et difficile d’expérimenter. Et aujourd’hui, les grands films ne peuvent pas vraiment exister sans expérimentation. Il faut essayer, prendre des risques… Avec Kung Fu Panda, on a pris beaucoup de risques, on a essayé beaucoup de choses, et je pense que le résultat montre ça. Mais ce n’est jamais facile.

    Ce dont j’ai pris conscience après l’expérience Kung Fu Panda, qui était extraordinaire, c’est que je voulais trouver un projet peut-être un peu plus modeste. Afin de pousser les barrières encore plus loin, essayer d’expérimenter encore plus et avoir un peu plus de liberté. C’était mon désir, et Le Petit Prince est arrivé… La possibilité d’adapter ce livre en film a créé une opportunité magique, celle d'expérimenter de manière audacieuse. Il était clair dès le début que le seul et le meilleur moyen de parvenir à faire ce film était vraiment d’être courageux. Et pour moi, combiner images de synthèse et stop-motion était une idée très effrayante mais également très courageuse.

    Retour en enfance avec les premières images du "Petit Prince" :

     

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