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    Beaune 2015 : rencontre avec John McTiernan : "l'époque de mes films est révolue"
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Le festival de Beaune honorait hier John McTiernan pour l'ensemble de sa carrière riche en films d'action et en thrillers. AlloCiné a pu rencontrer ce mythique réalisateur d'Hollywood.

    Perusseau / Bestimage

    Cette année, le 7e festival international du film policier de Beaune avait choisi de rendre hommage au réalisateur américain John McTiernan pour l'ensemble de son oeuvre, de Nomads à Last Action Hero, en passant par Predator, Thomas Crown ou Die Hard. Rencontre avec un réalisateur atypique, qui a quitté le monde des studios de Hollywood il y a quinze ans, et qui ne compte pas y revenir un jour. Rencontre.

    Vous êtes honoré par le festival de Beaune, comme vous l'avez été l'an dernier à Deauville et à la Cinémathèque française lors d'une rétrospective de votre oeuvre. Pour vous les festivals représentent-ils l'avenir du cinéma indépendant ?

    Les festivals sont devenus représentatifs de la façon dont les films se montent aux Etats-Unis. Je l’ai déjà dit ailleurs mais les studios américains sont devenus des supermarchés où on ne vend plus à manger mais des étagères vides pour distribuer la nourriture. C’est ce que les studios de cinéma ont fait. Ils ne font plus de films, ils achètent des films. Ce qui est mieux pour les exécutifs des studios. Cela fait quinze ans qu’aucun producteur n’a été viré après l’échec d’un de ses films. Parce qu’ils n’en font plus.

    Ils ont une chance de voir à quoi il ressemble, de le tester –c’est leur truc, ça. Ils savent de combien le film va marcher et combien il rapportera. Donc le travail qui était fait dans les studios de développer un film, de savoir ce qui vaut un film et ce qui ne le vaut pas est retombé sur les festivals.

    Mais le cinéma n’est pas une science et un jour ou l’autre, les producteurs se font virer. Donc ils ont trouvé une meilleure façon de faire.

    Votre prochain film sera-t-il distribué en festival et si oui, dans des festivals français ?

    Probablement. Je l’espère. J’ai rencontré beaucoup de gens en festivals qui ont été très gentil avec moi, donc dès que j’aurais du neuf, vous serez les premiers avertis.

    Quel regard portez-vous aux anciennes stars de vos films (Arnold Schwarzenegger, Bruce Willis), qui tournent encore des films d'action, parfois avec du second degré, parfois non ?

    Je ne vais certainement pas faire mes choux gras en marchant sur les platebandes d’autres personnes. (Il laisse un silence). Je pense que l’époque de mes films est révolue.

    Paramount Pictures France

    Vos films oscillent entre action fun et esthétique. Pensez-vous que ces films soient encore réalisables dans l'industrie actuelle ?

    Ce serait entre difficile et impossible. On produit trop de ce genre de films, et la plupart sont nuls. Beaucoup trop copient ce que d’autres films ont fait avant eux et c’est devenu de la merde.

    Produire un film sans star attaché au premier rôle est-il toujours possible, selon vous ?

    J’adorerais avoir une star pour mon prochain film. Mais il s’agit de trouver la bonne personne. Vous savez, j’ai reçu des tonnes de script et je les ai tous refusés. Ce sont des films désagréables, je ne me vois pas dedans. Ils sont un peu immoraux, je ne sais pas exactement pourquoi, mais je ne comprends pas qu’il s’en tourne autant. Il y a tellement de colère dans ces films, la violence est célébrée… Si j’en ai la possibilité, je ferais un film positif. Ces scénarios, je ne peux pas les lire. Au but de dix pages je les jette.

    Vous avez un projet, "Warbirds", auquel John Travolta est attaché. Qu'en est-il ?

    Il était attaché au rôle. Le problème venait d’Hannibal Pictures [la firme productrice du film, avec laquelle McTiernan a des ennuis juridiques, NdlR]. Quand ils ont su que c’était avec John [Travolta]… Bref, nous le ferons un de ces jours. Mais ça va prend du temps avant que ces gens ne touchent plus à ce projet.

    De quel genre de film s’agit-il ?

    C’est un film d’aventures. Il y a beaucoup d’action mais le compteur de morts affiche zéro.

    Cela veut dire que vous ne ferez plus de films d’action ?

    Je ne préfère pas. Je travaille sur un projet qui me fascine. C’est à propos de Yamamoto. Ce n’est pas un film d’action, il y a 5 scènes de bataille. C’est une version alternative de l’Histoire dans laquelle l’amiral Yamamoto remporte la Seconde guerre mondiale. Certains y verront uniquement ma passion pour l’histoire navale, mais lorsqu’ils entreront dans le détail, ils verront que c’était une métaphore pour quelque chose de beaucoup plus intéressant. On va voir si ça aboutit. C’est beaucoup plus inventif que la plupart des choses que j’aie lu ces derniers temps.

    John McTiernan n'est pas exempt de reproches, comme vous le prouvent Michel & Michel !

    Propos recueillis par Corentin Palanchini à Beaune, le 25 mars.

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