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    Nina : la nouvelle série médicale "féministe et sociale" de France 2
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Passionné de séries en tous genres, mais aussi d'horreur et de teen movies, Jérémie Dunand a été biberonné aux séries ados et aux slashers des années 90, de Buffy à Scream, en passant par Dawson. Chef de rubrique télé, il écrit aujourd'hui principalement sur les séries et unitaires français.

    Lancée le 17 juin sur France 2, Nina, drama médical teinté de "soap", suit le quotidien pas toujours facile d'un groupe d'infirmières. Une série positive et grand public, portée par Annelise Hesme, en héroïne prête à régler ses comptes avec la vie.

    De quoi ça parle ? Nina aurait pu être un brillant médecin, comme ses parents. Sa voie était toute tracée. Mais le cancer de sa fille l’a forcée à mettre momentanément sa vie entre parenthèses. Aujourd’hui, à presque 40 ans, bien décidée à reprendre sa carrière en main, elle se retrouve infirmière stagiaire sous les ordres de Léo, une "gamine" de 15 ans sa cadette, au tempérament de feu. Mais pour tout le monde, elle est surtout la femme du patron, même si leur mariage n’a pas résisté à l’usure du temps. Les débuts de Nina à l’hôpital ne sont donc pas simples, mais après dix ans passés à se battre pour que sa fille, Lily, guérisse, plus rien ne lui fait peur…

    Une série médicale de plus ?

    Après les échecs plus ou moins récents de L’Hôpital et Interventions, toutes deux diffusées sur TF1, France 2 fait à son tour le pari de programmer en prime-time une série française qui se déroule dans le milieu hospitalier. Mais contrairement à L’Hôpital par exemple, Nina ne cherche pas à copier ce qui se fait (souvent mieux) outre-Atlantique. En effet, ici, point de cas médicaux extraordinaires à la Dr House, et encore moins d’accidents de ferry meurtriers à la Grey’s Anatomy (le cadre de l’Ile-de-France y étant, il est vrai, de toute façon peu propice).

    Nous ne voulions pas raconter des histoires de neurochirurgiens qui opèrent des tumeurs au laser

    Comme l’explique Alain Robillard, co-créateur de la série avec Thalia Rebinsky, "Nous ne voulions pas raconter des histoires de neurochirurgiens qui opèrent des tumeurs au laser. Notre volonté était plutôt de parler des gens en bas de l’échelle, qui rament, et qui sont ceux que l’on croise lorsqu’on est à l’hôpital". Au docteur Mamour, ils ont donc préféré Nina Auber, une infirmière extrêmement empathique, qui fait passer les besoins de ses patients en premier. Un trait de caractère qu’elle partage avec une certaine Nurse Jackie, mais la comparaison s’arrête là. Car Nina ne se shoote qu’à une seule chose : à la vie.

    Du quasi sur mesure pour Annelise Hesme

    Selon la productrice Laurence Bachman, Annelise Hesme "s’est rapidement imposée comme une évidence pour le rôle de Nina". La comédienne, vue notamment à la télévision dans Scalp et Platane, et au cinéma dans L’Amour c’est mieux à deux ou Le Père Noël, porte pour la première fois une série sur ses épaules. Et de son côté, l’évidence était tout aussi forte. "Nina c’est moi. C’est ce que je me suis dit à la lecture de ce qu’avaient écrit Alain [Robillard] et Thalia [Rebinsky]. Il fallait que ce soit moi. C’était une opportunité que je ne pouvais pas laisser passer"

    J'ai aimé le fait qu'elle n'a pas de filtre quand elle parle

    En plus d’avoir elle aussi un peu baigné dans le milieu hospitalier depuis l’enfance, à travers sa mère et surtout sa tante, qui a été infirmière anesthésiste à Villeneuve-Saint-Georges, là où est tournée la série, Annelise Hesme se retrouve dans le portrait de femme forte et positive qu’elle incarne. "J’ai aimé le fait qu’elle n’a pas de filtre quand elle parle. Après avoir été trompée, après la maladie de sa fille, elle cherche à s’oublier dans son travail. Il faut qu’elle fonce. Rien ne peut plus venir se mettre en Nina et le soleil".

    Laurent Denis / FTV

    À la croisée du réalisme et du "soap"

    Le tournage de la première saison, qui s’est étalé sur quatre mois, a eu lieu en décor réel, à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne, avec un étage spécialement aménagé pour l’occasion, ce qui apporte un certain réalisme qui transparaît à l’écran. Le casting, qui comprend également Thomas Jouannet, dans le rôle de Costa Antonakis, chef du service de médecine interne et, accessoirement, ex-mari de Nina, Marie Vincent, ou encore Marie-Christine Adam, a également pu profiter de l’expertise précieuse de consultants médicaux. "Sur le plateau, il y avait toujours des infirmières référentes qui nous faisaient savoir quand nos gestes n’étaient pas crédibles", explique Annelise Hesme.

    Chaque épisode est construit autour de deux cas médicaux, à la façon des Experts et de leurs deux enquêtes hebdomadaires parallèles. Les guests, dont Nicolas Gob et Samir Guesmi, épatants en patients abîmés par la vie, apportent beaucoup aux histoires racontées, "qui explorent des sujets de société souvent peu mis en avant à la télévision", dont celui des hommes battus. Les créateurs avouent d’ailleurs que, bien que plutôt pensée comme une comédie de mœurs au départ, la série a vite évolué vers "un drama féministe et social, sérieux et parfois même engagé". Avec une réelle volonté de "tordre le cou aux clichés sur pas mal de thématiques".

    On a peut-être été un peu rattrapés par Grey's Anatomy

    Le scénario s’attache à servir autant les personnages principaux que les "patients de la semaine", probablement plus au cœur de l’intrigue que dans d’autres séries du même genre. Mais, drama oblige, la vie privée des héros a évidemment aussi sa place. "Nous avions l’impression à l’écriture que les cas médicaux étaient beaucoup plus forts que tout ce qu’il y a de 'soapy'", confie la scénariste Thalia Rebinsky. "Et en regardant les épisodes, j’ai trouvé qu’au contraire les histoires d’amour, les histoires humaines un peu 'soap', prenaient finalement de la place et se mariaient plutôt bien au reste. On a peut-être été un peu rattrapés par Grey's Anatomy sans le vouloir".

    Laurent Denis / FTV

    Un objectif : plaire au plus grand nombre

    Les deux créateurs du programme sont clairs sur le fait qu’ils voulaient écrire une série grand public, avec un personnage féminin fort. "On a beaucoup pensé à The Good Wife en écrivant. Pour nous, c’est le summum de la série "mainstream" qui ne fait aucune concession. Et c’est ce qu’on voulait faire avec Nina. Créer un objet télé dans lequel la qualité n’est pas sacrifiée par le fait de vouloir plaire au plus grand nombre".

    Grâce à la prestation solide d’Annelise Hesme et au choix de mettre les infirmières en avant, plutôt que les médecins, Nina devrait probablement trouver son public. "On compte évidemment sur le fait que les infirmières sont aimées des gens", admet Alain Robillard. "Elles aident les autres et font un métier difficile mais merveilleux". Et pour ceux qui redouteraient une trop grosse dose de drame, qu’ils soient rassurés, la série se laisse parfois aller à la comédie, notamment lors des échanges savoureux entre Nina et le docteur Proust, interprété par Grégoire Bonnet.

    Proposer un rendez-vous régulier et identifiable

    En cas de succès cet été, le tournage d'une deuxième saison aura lieu à la rentrée (l'écriture est déjà quasiment terminée), avec pour objectif de diffuser de nouveaux épisodes dans un an, comme France 2 le fait déjà avec Candice Renoir ou Fais pas ci, fais pas ça. "Proposer une vraie série, qui devienne un rendez-vous régulier et identifiable pour les téléspectateurs", confie Thalia Rebinsky. "C’est comme ça qu’on doit procéder aujourd'hui en France. Si la saison 2 arrive dans trois ans, c’est trop tard, ça devient très dur de fidéliser le public". Il ne reste donc plus qu’à voir si les fans de Grey’s Anatomy et d'Urgences seront au rendez-vous.

    Nina, 8x52 minutes, tous les mercredis à 20h55 sur France 2 dès ce mercredi 17 juin.

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