Mon compte
    La Porte du Paradis et sept autres films mutilés ou tués par les studios
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Il arrive régulièrement qu'Hollywood torpille, mutile voire tue les films, aidé en cela par des producteurs pas franchement respectueux des oeuvres. Démonstration avec "La Porte du Paradis" du regretté Michael Cimino, et 7 autres films.

    

    La Porte du paradis (1980)

    En 1979, Michael Cimino est le cinéaste le plus courtisé d'Hollywood, après la moisson d'Oscars effectuée par son chef-d'oeuvre absolu, Voyage au bout de l'Enfer. A peine deux ans plus tard, il devient un véritable paria. Que s'est-il passé entre les deux ? La Porte du Paradis. Pour tout dire, certains ne pardonnent toujours pas à Cimino cette cruelle démystification de l'Ouest américain, ni d'avoir provoqué la faillite de la United Artists, le mythique studio fondé par Charles Chaplin, D.W. Griffith et Mary Pickford, en raison de ses multiples dépassements de budget.

    Tout au long du tournage, Michael Cimino a fait preuve d'un perfectionnisme frisant la folie ou la mégalomanie. Il y avait déjà quatre jours de retard sur le planning après cinq jours de tournage car il n'était pas rare que le cinéaste fasse 50 prises d'une même scène. Au final, le tournage s'est étalé sur 165 jours. Cimino alla jusqu'à faire refaire les espacements entre les édifices d'une rue parce leurs écarts n'était pas le bon, ou repeindre une prairie qu'il jugeait pas assez verte... Les rumeurs enflèrent bien vite, comme celle où on l'accusa d'avoir dépensé 50.000 $ en cocaïne sur le tournage.

    Le montage fut tout aussi épique puisque Cimino, possédant le "Final cut", posta un garde armé devant la salle de montage qui avait pour ordre de ne laisser entrer aucune personne en provenance d'United Artists. Le studio fut horrifié lorsqu'il découvrit le tout premier montage du film, issu de 220h de rush, d'une durée de 5h25. Cimino expliqua même avoir fait une concession en coupant déjà 15 min dedans !

    La durée du film était de toute façon inexploitable, et Cimino ramena sous la contrainte le montage à 219 min. Ce montage ne fut projeté qu'une fois à l'occasion de la première à New York le 19 novembre 1980. Assassiné par la critique, le film ressorti en salle six mois plus tard, dans un montage de 149 minutes. Mais le mal était déjà fait : la mauvaise publicité et les critiques assassines de la première avaient déjà ruiné la carrière du film.

    Ci-dessous, notre interview de Michael Cimino, réalisée à l'occasion de la ressortie en salle de son chef-d'oeuvre absolu. L'occasion pour lui de justement revenir sur les critiques faites à son film à l'époque, mais aussi d'évoquer ses influences, de parler de Voyage au bout de l'Enfer...

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Commentaires
    Back to Top